Biodiversité et changement climatique : vers une extinction des espèces en Nouvelle-Aquitaine ?

La biodiversité en Aquitaine est « inexorablement vouée à un appauvrissement drastique.» Ce sont les premières conclusions alarmantes rapportées par le programme « les Sentinelles du climat » lancé en 2016. Ce programme permet de visualiser concrètement les effets du changement climatique au plan local.

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Alors que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) publiait en février dernier un rapport alarmant sur les risques du changement climatique en France, la synthèse des premiers résultats établis par « les Sentinelles du climat » soutient, au plan local, la tendance engagée.

Porté par Cistude Nature, une association de « protection des bêbêtes », selon les mots de son directeur Christophe Coïc, le programme « Les Sentinelles du climat » vise à documenter les effets du changement climatique sur la biodiversité de la Nouvelle-Aquitaine. Sa création fait suite au constat d'un nombre de données trop faibles disponibles dans une région regorgeant pourtant de trésors de diversité.

La diversité des espèces de la région en danger

La Nouvelle-Aquitaine est en effet une grande région composée de zones peu peuplées et encore riche en biodiversité. Mais elle est aussi l’une des plus touchées par le changement climatique.

Considéré comme la troisième cause à l’origine de la perte de biodiversité, le changement climatique a également la particularité d’amplifier les autres causes comme la destruction des habitats et la multiplication des espèces invasives.

Ce phénomène induirait une diminution d’espèces, avec des écosystèmes moins résilients et des milieux moins riches dans les années à venir.

Proposer des actions pour accompagner la biodiversité

Soutenu par la Région, les départements de Gironde et des Pyrénées-Atlantiques, et le FEDER de l’Union Européenne, l’originalité du programme repose sur son concept de recherche-action où l’objectif est d’allier monde professionnel, recherche et grand public.

La médiation scientifique et le partage des connaissances sont au cœur de ce projet, de manière à ce que « les citoyens puissent faire des choix éclairés, notamment dans les urnes », confie Fanny Mallard, responsable du programme.

«La biodiversité, ce n’est pas évident, admet-elle, mais elle nous rend des services écosystémiques, c’est-à-dire des services rendus à l’homme qui lui permettent de bien vivre dans son environnement.»

Les espèces sentinelles en premières de tranchée du changement climatique

Etalé sur six ans entre 2016 et 2021, le programme scientifique s’est appuyé sur un suivi de 223 sites répartis entre différents milieux: milieux secs, dune atlantique, montagne, massif landais.


Une cinquantaine de naturalistes, chercheurs, statisticiens et climatologues y ont étudié de près la biodiversité de la région, et tout particulièrement une vingtaine d’espèces et de groupes d’espèces qu’on appelle « les sentinelles du climat ».
Ce sont des espèces animales et végétales choisies pour leur faible capacité de mobilité et leur sensibilité à la moindre modification de température. Donc parmi les plus vulnérables.

Grand déplacement et extinction : tout un écosystème déréglé

Les résultats du programme montrent que le changement climatique pousserait les espèces à migrer ou à disparaître. Une des observations récurrentes est l’entrée en compétition des espèces locales avec les autres.

C’est le cas des rainettes. Occupant les lagunes du triangle landais, la rainette ibérique trouve dans ces petits endroits de la fraîcheur qui lui permet d’assurer sa survie. Avec le changement climatique, ces bulles de fraîcheur ont été touchées par les plus fortes températures. Les scientifiques ont observé que durant les printemps chauds, la rainette ibérique chante moins et donc se reproduit moins. Cela se joue au profit de la rainette méridionale qui chante plus, remplaçant petit à petit les espèces locales.

Le phénomène de « méditerranéisation» est également observé par les scientifiques : réparties initialement dans le Sud-Est de la France, les espèces de Méditerranée pourrait être favorisées par le climat aquitain et en profiteraient pour s’y installer. C’est le cas notamment du citron de Provence, observé de plus en plus en Gironde ou en Occitanie. Sa présence aurait pour effet de changer le cortège de papillon au fur et à mesure, jusqu’à devenir une espèce favorisée aux dépens d’autres espèces.

Conserver et développer des micro-refuges comme solution 

Les résultats du programme montrent que la qualité et la répartition des habitats et des micro-refuges sont d'une grande importance pour les espèces.

Des expérimentations en laboratoire sur la rainette ibérique ont démontré que la présence de micro-refuge végétalisé lui serait vitale. La rainette en posant son ventre contre la végétation lui permettrait de limiter sa perte d’humidité dans le corps et donc de survivre dans un environnement sec.

Les espèces ont du mal à s’adapter face au changement climatique qui est très rapide. L’idée est de créer des micro-refuges pour les aider.

Fanny Mallard, Responsable du programme "Les sentinelles du climat"

Source : France 3 Aquitaine Web

Des ponts comme remparts de protection des sentinelles

Selon Christophe Coïc, la biodiversité doit être une thématique transversale. Bien qu'il soit conscient qu’il s’agit d’un exercice difficile pour le monde politique et les décideurs, le directeur de Cistude Nature appelle à arrêter de s’opposer les uns aux autres, et à faire les choses ensemble.

Il y a eu trop d’amalgames sur la biodiversité sauvage. Certains pensent qu’on ne peut rien faire alors que si, des ponts existent entre le monde économique et la protection de la nature.

Christophe Coïc, directeur de Cistude Nature

Source : France 3 Nouvelle-Aquitaine Web

Agir : de l’intérêt à mener des études sur le long terme

Ces résultats établis sur six ans n’ont vocation qu’à être les premiers de nombreux autres. Le programme souhaite poursuivre sur du plus long terme pour affiner ses hypothèses : « la question climatique nécessite des connaissances établies sur minimum dix années, explique Fanny Mollard, l’idéal serait même d’avoir trente années de données ».

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