Les effets des changements climatiques se font déjà sentir depuis 50 ans mais l’accélération est à venir. Alors quelle terre laisserons-nous à nos enfants ? Un vaste programme baptisé "Les sentinelles du climat" est lancé par des scientifiques pour préparer l'avenir.
L’Apollon porte bien son nom… Mais qui sait s’il sera encore là dans une dizaine, une quinzaine d’années ? Ce papillon de montagne aime notre région, principalement la vallée d’Ossau. Il apprécie les conditions d'enneigement, ça lui va très bien. Pourquoi ? C'est vital. Mathieu Molières, spécialiste des papillons au sein de l’association Cistude Nature l'explique :
Simplement car c’est une espèce dont la chenille est liée à une épaisseur de neige qui la protège, le temps de sa vie de chenille.
Mais si la vie est douce dans cette partiedes Pyrénées, elle n’en est pas moins menacée. De tous les milieux de Nouvelle-Aquitaine, c’est en montagne que les effets climatiques se font le plus sentir. Les glaciers ont déjà perdu 85 % de leur surface dans les Pyrénées. Les espèces ont déjà commencé à migrer vers plus de fraicheur, plus haut mais jusqu’où ? Pour quel habitat, quelle nourriture ?
Les sentinelles du climat sont des espèces animales et végétales indicatrices des effets du changement climatique sur la flore et la faune de la Nouvelle Aquitaine.
Le programme scientifique qui porte ce nom va permettre de comprendre comment le réchauffement de la planète impacte déjà aujourd'hui l’environnement naturel dans lequel nous nous trouvons.
Mathieu Molières, chargé d'étude au sein de l’association, décrit ce travail minutieux là où les Apollons ont leur habitat naturel :
Sur 150 m, un observateur fait le parcours pendant 10 minutes et compte tous les papillons. Ce relevé 4 fois par an permet de répertorier le nombre d'individus par espèces et de suivre l’évolution des populations sur des zones où l'on sait qu'il est présent.
L’Apollon, outre qu’il soit très beau et aussi un pollinisateur, donc indispensable à la nature et l’homme. C’est aussi un « garde-manger » pour les oiseaux, toute la chaîne naturelle peut être fragilisée par sa disparition.
L'extinction du papillon, du lézard, des fleurs, tout est possible. Tous les milieux naturels vont ainsi être étudiés en Nouvelle-Aquitaine : les dunes si fragilisées ces dernières années, les milieux humides riches et très sensibles… Plus de 250 sites sont ainsi suivis à la loupe.
Comme le rappelle l’association Cistude Nature à la tête de ce programme ambitieux :
Il faut connaître pour agir.
Le programme "Les sentinelles du climat" est lancé pour 6 ans. Et le but est bien d’anticiper une réponse à cette biodiversité extrêmement menacée. On parle maintenant de la 6e crise d’extinction des espèces.