Durant 3 jours, un colloque rassemble à Gradignan les chercheurs et oenologues pour s'interroger sur l'adaptabilité de nos vignobles, aux changements climatiques. Les spécialistes bordelais vont pouvoir échanger sur leurs travaux avec d'autres "pointures" scientifiques venus du monde entier.
L'école d'ingénieurs agronomes Bordeaux Sciences Agro accueille ce symposium pendant ces trois jours. L'influence de la chaleur mais aussi de phénomènes extrêmes (pluie, grêle...) sur les cépages feront l'objet d'échanges. Comme la possibilité d'introduire ou réintroduire d'autres cépages dans les AOC...
Des enjeux de taille pour la filière qui doit s'adapter en amont avant que le climat mette à mal les cultures, les productions.
Regardez le reportage de Yannick de Solminihac et Bernard Hostein-Aris.
Prise de conscience professionnelle
Selon le président du CIVB, Bernard Farge, les conséquences du réchauffement climatique nécessiteraient le recours à des cépages plus résistants. "Nous vendangeons aujourd'hui en moyenne dix jours plus tôt que dans les années 80 et cette évolution va se poursuivre". "Le réchauffement climatique doit être pris en compte si nous ne voulons pas nous retrouver en porte-à-faux à l'avenir. Par exemple, un des principaux cépages des vins de Bordeaux, le merlot, vendangé en premier, souffre particulièrement du changement climatique".Tester de nouveaux cépages
De nouveaux cépages sont testés (à l'INRA Bordeaux) pour étudier leur comportement, dans les années à venir, face au réchauffement relatif du climat bordelais. Car les vignerons ont pu observer un décalage du cycle de la vigne : la floraison, la véraison (quand le grain de raisin gonfle et change de couleur) et la maturation des raisins sont de plus en plus précoces.C'est pourquoi le CIVB a officiellement demandé, en 2015, aux autorités une modification de la réglementation des cépages autorisés dans chaque AOC des vins de Bordeaux (Saint-Emilion, Médoc, Pauillac, Graves, Pomerol, Saint-Julien, Pessac-Léognan, Côtes-de-Bourg, Côtes-de-Francs, etc.)
La filière a lancé une expérimentation menée par l'INRA sur 8 ans directement chez les viticulteurs de différentes AOC pour cultiver des cépages oubliés ou issus du grand sud-ouest.
Cette adaptation de certains cépages, étrangers aux AOC locales, sur les terroirs bordelais fait déjà, depuis 2012 l'objet d'étude à l'INRA de Bordeaux. A l’Institut des sciences de la vigne et du vin, on cherche à anticiper ces éventualités climatiques.
Depuis 2009, une parcelle de 52 cépages différents a été plantée et fait l’objet d’observations et d’analyses au cours du cycle végétal et surtout durant la maturation des raisins.
Regardez le reportage de Catherine Bouvet et Thierry Julien (3 juillet 2015)