Affaire Bettencourt : l'expert serait un proche du juge Gentil

La révélation jeudi par Le Parisien de la proximité entre le juge Gentil et un médecin expert du dossier Bettencourt a déclenché une offensive des avocats de la défense et contraint une juge en charge de l'affaire à sortir pour la première fois de sa réserve.

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Dans un communiqué, les avocats, notamment de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth, Patrice de Maistre, François-Marie Banier, Stéphane Courbit et Pascal Wilhelm, indiquent que "les liens de proximité anciens et très étroits" révélés par Le Parisien entre l'expert Sophie Gromb et le couple Gentil "caractérisent un conflit d'intérêt manifeste qui jette la suspicion sur l'impartialité de l'expertise sur laquelle repose la procédure d'instruction".

Ils estiment "qu'il appartient désormais" au procureur de Bordeaux "de tirer toutes les conséquences de ces atteintes aux droits de la défense et au droit au procès équitable qui a entravé la manifestation de la vérité".

La magistrate se dit "sereine"

Pour sa part, une des trois juges d'instruction en charge de ce dossier, Valérie Noël, a déclaré au site  Francetvinfo.fr être "sereine" et ne craindre "aucunement l'annulation" de l'expertise. Solidaire de M. Gentil, elle affirme que "ce n'est pas" lui "qui a nommé Mme Gromb comme experte, mais nous trois", avec Cécile Ramonatxo, troisième juge d'instruction dans ce dossier. Elle souligne que le choix de ce médecin, "experte qui fait référence" à Bordeaux, "allait de soi". 

Le Parisien a révélé jeudi que Sophie Gromb, chef du service de médecine légale du CHU de Bordeaux, a été témoin au mariage de M. Gentil avec sa femme Isabelle, vice-procureur de la République à Bordeaux, le 30 juin 2007 à Mérignac (Gironde). Cette information a été confirmée par une source proche du milieu judiciaire bordelais. Le couple Gentil aurait aussi assisté au mariage de la légiste quelques années plus tard.

Le 7 juin 2011, Mme Gromb a participé avec quatre autres experts, à l'expertise médicale réalisée sur Liliane Bettencourt. Ce jour-là, selon Le Parisien, elle serait même restée seule 35 minutes avec M. Gentil et Mme Bettencourt, dans la chambre de celle-ci à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), avant d'être rejoints par les autres experts.
A l'issue de cette expertise aux conditions contestées par la défense, car menée au saut du lit et sans préavis sur une très vieille dame sourde et un peu désorientée, il avait été établi que Mme Bettencourt n'avait plus toutes
ses facultés depuis septembre 2006.

Cette date couvre notamment la campagne présidentielle de M. Sarkozy début 2007. C'est sur la base de cette expertise, pièce maîtresse du dossier, que le parquet de Bordeaux avait ouvert en septembre 2011 une information pour abus de faiblesse, qui a abouti à la mise en examen d'une douzaine de personnes, dont l'ex-président.

"Une grave erreur" ?

L'information du Parisien est publiée une semaine avant l'examen par la cour d'appel de Bordeaux d'éventuelles demandes de nullité de procédure soulevées par les avocats de la défense.
Interrogée par le quotidien, Mme Sophie Gromb a qualifié M. Gentil de "type bien", mais s'est retranchée derrière la protection de la vie privée pour ne pas répondre aux questions sur sa présence comme témoin à son mariage. 
"Le juge Gentil a commis une grave erreur en nommant Mme Gromb et c'est d'autant plus surprenant que c'est quelqu'un de très droit", a estimé une source proche du milieu judiciaire bordelais, ajoutant que, dans ces conditions, le médecin aurait dû refuser de la faire. 

A l'inverse, Me Nicolas Huc-Morel, avocat de la famille de Françoise Bettencourt-Meyers, fille de Mme Bettencourt, a fait remarquer que de tels faits "ne seraient pas susceptibles de remettre en cause les conclusions de cette expertise rédigée par cinq experts au total".
Il note que la spécialité de Mme Gromb "est la médecine légale qui n'apparaît pas comme la plus déterminante dans cette expertise", et "que le travail réalisé a été conforté par d'autres médecins depuis le début de l'enquête et par les nombreux témoins qui ont fait le constat de cet état de faiblesse".

Tentative de déstabilisation ?

La juge Noël a pour sa part estimé qu'à travers l'information publiée dans Le Parisien, "on tombe une fois de plus dans le domaine de la déstabilisation". Après les réquisitions du parquet, attendues d'ici fin juin, les trois juges d'instruction devraient dire, au cours de l'été, qui ils pensent renvoyer devant le tribunal correctionnel
parmi les 12 personnes mises en examen dans le volet abus de faiblesse de l'affaire.


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