L'annonce est peu commune, mais le denier du culte ne suffit plus à permettre à l'église d'honorer ses obligations. Alors l'archevêché de Bordeaux a mis en ligne, sur un site populaire de petites annonces, il y a quelques mois, deux lieux de culte abandonnés par les fidèles. La charge est lourde.
Tellement lourde qu'une église sur Bordeaux, une autre sur Talence, sont en voie de perdre complètement leur vocation initiale.
- Notre-Dame de Lourdes, en lisière du Grand-Parc, discrète, ne recevait plus de fidèles, seuls quelques enterrements "donnaient" de l'activité.
- Le Christ Rédempteur à Talence va devenir une résidence d'appartements. L'édifice, qui est classé par la Mairie comme demeure remarquable, conservera sa façade, mais l'espace de culte va devenir un lieu de vie pour 16 foyers.
Une condition de vente contraignante
Les annonces ont disparu du site, les compromis de vente ont été signés et les projets architecturaux sont ficelés. Il faut dire que l'archevêché peut poser des conditions exclusives à la vente comme d'en interdire la destination à la pratique du culte. Par là, les autorités religieuses ne veulent pas voir leurs anciennes églises arriver dans le giron d'un groupe dissident, en schisme avec la dogma.Une mésaventure avait failli arriver en 2009, lorsque le diocèse de Nantes vendait un bâtiment abandonné par ses ouailles. Un mouvement dissident du catholicisme romain avait déjà acquis un édifice en ruine, puis l'avait reconstruit à l'identique avec l'aide de ses fidèles. La vente était donc restrictive dans la destination des lieux. Mais le diocèse de préciser que ce genre de clause peut exister mais n'est pas aussi systématique.
D'autant que les prix de vente des deux édifices bordelais peuvent dissuader les acquéreurs, 1 million d'euros pour l'une et 500 000€ pour l'autre. Ce genre de bien est destiné à attirer les promoteurs pour mettre en oeuvre des programmes de logements.
Ni pour devenir un lieu de pratique d'un autre culte
A Vierzon, une église est aussi en vente, depuis une plus longue période, puisque l'intention avait été clairement affiché en 2009, pour une somme de 170 000 €, les acheteurs potentiels étaient nombreux. Dont une association de musulmans marocains, cet acheteur potentiel a créé bien involontairement l'émoi parmi les fidèles, à tel point que l'église n'est toujours pas vendue à cette date. Pourtant, les instances musulmanes ont assuré que l'édifice ne serait pas transformé physiquement en mosquée, mais que l'espace pourrait devenir un lieu complémentaire de prières, pour compenser la charge de la mosquée de Vierzon. Rien n'y fait, le clergé appelle à la compréhension, à la modération, en rappelant que l'islam professé par ses serviteurs marocains est de théologie modérée. La réticence reste identique même si la nécessité financière est évidente.C'est une destination possible, dans la conviction de la liberté de culte, dans l'oecuménisme affiché par Rome, qu'un lieu de culte puisse conserver sa symbolique tout en permettant à une autre religion, plus pratiquée, à la dogmatique originelle respectueuse de la tolérance, d'y exercer leur offices religieux quotidiens. Le débat reste passionné. Comme à Bordeaux où le projet d'une grande mosquée existe mais où la discrétion est de mise sur sa localisation.