La grève des routiers s'amplifie ce lundi matin pour peser sur les négociations salariales. Via une opération escargot les chauffeurs entendent bloquer les centres industriels et de dépôts pétroliers. Ce matin, le barrage filtrant était concentré sur le secteur de Cestas.
a commenté Jérôme Vérité, patron de la CGT Transports.Notre but est de développer la mobilisation, créer de nouveaux points de tension dans le nord et l'ouest de la France
Ralentir l'économie pour faire pression sur le patronat
Le mot d'ordre est lancé par l'intersyndicale CGT, FO, CFTC et CFE-CGC. L'opération s'est traduite par une cinquantaine d'actions sur l'ensemble du territoire dans la nuit de dimanche à lundi, notamment à Bordeaux, Toulouse, Lille (Tourcoing), Metz ou Reims.Pour Jean-Louis Delaunay (CGT), qui participait à l'opération escargot, l'ampleur de la mobilisation traduit le "ras-le-bol" de la profession.
prévient-il.Depuis 2013 il n'y a pas eu d'augmentation conventionnelle, on tiendra le coup quoi qu'il arrive!
Une colonne de camions, rangés sur une file a ralenti la circulation ce matin au niveau du rond point de Cestas et Saint Jean-D'illac. Les routiers devraient rester sur place toute la journée.
Au sud de Bordeaux, plus d'une centaine de camions étaient bloqués le long de l'A63 à proximité de la zone industrielle de Cestas (tri postal, entrepôts et bases logistiques), où un barrage filtrant est installé.
Les automobilistes peuvent passer sur la voie de gauche mais les perturbations engendraient des gros ralentissements jusqu'à la rocade, à une dizaine de km au nord.
"Les transporteurs le prennent bien, certains viennent nous rejoindre et boire le café avec nous. Des automobilistes aussi, qui ont l'air de comprendre, et pour certains nous disent de ne pas lâcher", a assuré Marc Rosa, de la CGT Transports Gironde
Par ces blocages, les routiers entendent "refuser la paupérisation et la Smicardisation rampantes" de la profession et peser sur les négociations.
En 2014, un seul des quatre coefficients en vigueur (qui servent de base aux négociations salariales) dans le transport routier - celui des salariés les plus qualifiés - dépassait le Smic (9,61 euros bruts par heure en 2015).
Les syndicats réclament "une augmentation du pouvoir d'achat minimum de 100 euros" par mois, en portant à 10 euros le taux horaire minimum pour les coefficients les plus bas à l'embauche.
Le contexte est favorable à des revalorisations, estiment les syndicalistes, pointant les aides publiques octroyées aux entreprises via le pacte de responsabilité et le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), ou encore la baisse des prix du carburant.
Le patronat rétorque qu'il n'a pas "les marges de manoeuvre suffisantes" pour répondre à ces exigences.
Les revendications des syndicats, qui exigent aussi un 13e mois ou la suppression de la carence maladie, sont "en décalage avec les réalités économiques des entreprises", se défend Nicolas Paulissen, délégué général de la Fédération nationale des transports routiers.
Son organisation présentera mardi une "proposition améliorée" de "1% à 2% de hausse selon les coefficients". Les syndicats réclament 5%.