Les médecins experts bordelais qui ont examiné Lilianne Bettencourt à la barre

Sophie Gromb, médecin légal, a été entendue par les juges ce lundi sur l'expertise médicale qu'elle a dirigé autour de la santé mentale de Lilianne Bettencourt. Expertise qui avait suscité une polémique quand l'amitié entre le Dr Gromb et le juge Gentil, instructeur de l'affaire, avait été révélée. 

L'expertise judiciaire, la toute première réalisée sur la milliardaire, avait été au coeur d'une polémique en 2011. Quand la défense apprend que le Dr Gromb a été témoin de mariage du juge Gentil, elle n'hésite pas à dénoncer la partialité des examens médicaux.

Après décision de la cour de cassation, le travail des médecins-experts est finalement validé.

A l'audience cet après-midi, les avocats de la défense sont revenus à la charge sur la validité de leur travail, les accusant d'avoir privilégié certains documents médicaux tout en en délaissant d'autres.

Leur expertise est sans appel : elle dévoile une femme aux facultés mentales particulièrement diminuées, souffrant d'une "démence" à un stade modéré.



Une milliardaire aux facultés très diminuées


Difficulté à dire son âge, son lieu de résidence ou à répondre à des questions sur son quotidien : les cinq experts médicaux, chargés d'examiner Liliane Bettencourt en 2011, ont détaillé les résultats des examens qu'ils ont réalisé, devant les juges du tribunal correctionnel de Bordeaux.

Deux neurologues, un médecin ORL, et un psychologue, placés sous la direction du médecin légal Sophie Gromb s'étaient rendus le 7 juin 2011 au domicile de la milliardaire, alors âgée de 88 ans, à la demande du juge d'instruction bordelais Jean-Michel Gentil.

Dans leur rapport, les cinq praticiens avaient estimé que la vulnérabilité de la vieille dame remontait à septembre 2006, date retenue pour le début des faits d'abus de faiblesse, recel et blanchiment, pour lesquels dix hommes sont jugés jusqu'au 26 février à Bordeaux.

La chute de la vieille dame en Espagne, à cette époque, "marque le début des troubles les plus apparents", a rappelé à la barre la neurologue Sophie Auriacombe, indiquant que l'expertise avait conclu que l'héritière de L'Oréal souffrait d'une "démence à un stade modérément sévère", associant maladie d'Alzheimer à des symptômes de troubles vasculaires.

Elle souffrait également de "troubles cognitifs" touchant l'orientation spatio-temporelle, a rappelé la praticienne, tandis que le médecin ORL a évoqué une surdité sévère "évolutive", avec une "vitesse d'aggravation importante".

A l'appui de leurs conclusions, les experts ont rendu compte à la barre des entretiens menés avec la milliardaire, en présence de son ex-infirmier Alain Thurin, chargé de lui répéter leurs demandes "à l'oreille" en raison de son handicap auditif.

Les détails des expertises


La neurologue a fait d'abord état de la difficulté pour la vieille dame de comprendre une batterie de questions simples, sur elle-même ou sa vie du moment.

"Lorsque je lui demande quelle année nous sommes, elle a beaucoup de mal à comprendre ce que je veux lui dire"


a détaillé la spécialiste, tout comme sa difficulté à dire le lieu où elle se trouvait.

La neurologue a également  souligné l'incapacité de la vieille dame à lui répondre sur son âge. "Mais elle sait sa date de naissance" car les "informations sur-apprises sont connues", a-t-elle relevé. Selon elle, Liliane Bettencourt était par ailleurs incapable de répéter trois mots qu'elle venait de lire ou de lui répondre sur son programme de la journée.

Même difficulté devant le "test très simple de vocabulaire" proposé par le Dr Bruno Daunizeau, psychologue.

"Elle n'a pas été capable de répondre à la moindre question", a expliqué l'expert, relevant des réponses stéréotypées d'une "femme
courtoise, très femme du monde", telles que "oui, oui, je vois", mais finalement "n'arrivant pas à répondre".

Selon le Dr Jean-François Dartigues, neurologue, la discussion avec la milliardaire pouvait avoir une "certaine cohérence" quand les "questions venaient d'elle". "Une attitude qu'elle a dû peaufiner tout au long de son existence" en raison de son statut de "fille unique promise à un avenir grandiose" dans un "univers tout à fait à part", a confirmé le psychologue.

"Il est plausible d'imaginer que si elle a l'initiative de la conversation", Liliane Bettencourt "pouvait tout à fait abuser son interlocuteur", a-t-il ajouté. L'expertise n'était qu'une photographie à un instant donné, a-t-il toutefois insisté.

Aujourd'hui âgée de 92 ans et sous tutelle, Liliane Bettencourt est la grande absente du procès.

Le procès doit se poursuivre jusqu'au 27 février. Les réquisitions sont attendues en fin de semaine.




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