Le procès Bettencourt entame sa 4ème semaine devant le tribunal correctionnel de Bordeaux

Les juges se concentreront ce lundi sur la santé de l'héritière de L'Oréal entre 2006 et 2011, date des abus de faiblesse présumés au détriment de la milliardaire. Les analyses médicales seront examinées et les d'experts entendus.

Il s'agira de déterminer si Liliane Bettencourt avait tout son discernement lorsqu'elle effectuait dons et investissements par dizaines de millions. C'est tout l'enjeu de ce procès.



Les trois premières semaines d'audience


Parole contre parole, plaintes et contre-plaintes, preuves "impossibles": en trois petites semaines, le procès Bettencourt a rejoué à Bordeaux des années de rancoeur des "clans" entourant l'héritière de L'Oréal - et ses milliards -, des luttes exacerbées par le conflit mère-fille et la plainte à l'origine de l'affaire en 2007.

Au centre, il y avait Liliane, et tout près d'elle, l'artiste et confident François-Marie Banier, de 25 ans son cadet. Pour le reste, bien difficile parfois pour le tribunal correctionnel de Bordeaux de démêler le faux du vrai quand les deux camps s'envoient à la face accusations et réfutations. Que ce soient sur les us de la maison Bettencourt à Neuilly, sur des actes, des cadeaux, des rendez-vous, voire un simple coup de fil, ou - crucialement - sur les capacités de discernement de la milliardaire.

Deux clans dans la maison


Qu'"il y avait deux clans" dans la maison semble au moins faire consensus. Tôt dans le procès Françoise, fille unique de la milliardaire, l'a affirmé au tribunal : c'est elle qui porta plainte pour abus de faiblesse en décembre 2007, visant Banier, peu après avoir eu vent de discussions sur un présumé projet d'"adoption simple" de l'artiste.

"Certaines personnes ont cru bon d'être du côté de M. Banier, qui lui-même était proche de ma mère", a-t-elle avancé.

Déchirements


Car "les relations de Mme Bettencourt avec M. Banier, c'était tabou. Pour tout le monde", lâche Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de la vieille dame, qui s'est présenté comme un argentier à la tête froide, entraîné malgré lui dans ces "déchirements". Mais néanmoins prévenu pour abus de faiblesse.

Il y avait les pro-Françoise et les pro-Liliane. Ces derniers seraient donc pro-Banier? Pas si simple. "M. (André) Bettencourt (décédé fin 2007) n'aimait pas M. Banier, mais le supportait pour Madame", déclarera Chantal Trovel, secrétaire d'André Bettencourt.

Drôle de maison, où le liquide circule beaucoup : l'ex-comptable Claire Thibout disposait dans sa caisse de 50.000 euros chaque semaine. Où une des femmes de chambre sortait avec le cuisinier, lequel témoignera par la suite contre l'autre femme de chambre, assure cette dernière. Où même le chauffeur se mêlait des ordonnances médicales de la milliardaire, d'après un enregistrement clandestin entendu à l'audience.

Et puis, il y a la plainte déposée fin 2007 par Françoise, quelques semaines après la mort d'André Bettencourt, qui expose les scissions au grand jour, avec des licenciements à la clef : Dominique Gaspard, femme de chambre, remerciée quelques mois après Christiane Djenane, secrétaire personnelle de Liliane pendant plus de 14 ans, licenciée du jour au lendemain en février 2007. Et bien sûr, Claire Thibout, principale accusatrice de MM. Banier et De Maistre. Elle est elle-même visée par une plainte des deux hommes, comme cinq autres membres du personnel, et mise en examen pour faux témoignages.

Une guerre familiale alimentée par l'entourage ?


Mme Bettencourt "a toujours cru que sa fille avait porté plainte contre elle", a assuré Dominique Gaspard, suggérant qu'une confusion ait pu être volontairement entretenue autour d'elle. Une "guerre" familiale que Patrice de Maistre s'est défendu d'avoir "attisé". Mais lorsque le notaire Jean-Michel Normand, également prévenu, explique à Mme Bettencourt la portée d'un mandat de protection future, c'est, affirme-t-il, pour qu'elle ne "tombe pas sous la coupe" de sa fille.

Liliane était enragée contre sa famille, ce "noeud de vipères" comme elle lui disait, a soutenu à la barre François-Marie Banier. "Il y avait énormément de conflits" dans l'hôtel particulier de Neuilly, confirmera l'avocat Pascal Wilhelm, également poursuivi. Comme dans toute cour, surtout quand le monarque est la première fortune de France?

Car Liliane Bettencourt, visiblement plus à l'aise en anciens francs qu'en euros, sait se montrer généreuse, et pas seulement avec son confident.

Une patronne très généreuse


Un prêt de 50.000 euros à Claire Thibout à la naissance de son fils qui se transforme en "cadeau"; de "petites sommes" jusqu'à 20.000 euros pour sa secrétaire; un chèque de 10.000 euros pour l'ancien "bébé cadum" des publicités L'Oréal, pas revu pendant 40 ans. Et lorsqu'elle se prend de sympathie pour la fille à peine majeure du Pr Gilles Brücker, médecin devenu son mandataire, le présent atteint la somme de 500.000 euros.

Car, remarque le Pr Brücker, entendu comme témoin, "quand on s'appelle Bettencourt, on n'aide pas avec une boîte de chocolats!"





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