Trente personnes on été interpellées mardi en France et en Roumanie, soupçonnées d'avoir organisé des "sex tours" avec de jeunes prostituées roumaines ayant rapporté quelque quatre millions d'euros en deux ans.
D'après la direction générale de la police nationale (DGPN), l'enquête a débuté fin 2012 sur ce "vaste réseau" de présumés proxénètes organisant des "sex-tours" depuis la Roumanie. Les jeunes filles "à peine majeures" devaient se prostituer en France, Dijon, Paris, Lyon, Bordeaux ou Marseille, selon l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (Ocreth) de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) qui a travaillé de concert avec ses homologues roumains ainsi qu'Europol et Eurojust.
Elle a permis de mettre à jour une "parfaite organisation": les présumés proxénètes recrutaient les jeunes filles en Roumanie afin d'organiser les "sex tours" en France par petites annonces dans les revues ou sites spécialisés, selon l'Ocreth.
Il fonctionnait par équipes de six filles, encadrées par un proxénète, en appartement après prise de rendez-vous par internet ou par téléphone, a aussi dit l'office français.
Chaque fille rapportait mensuellement aux souteneurs quelque 8.000 euros et elles effectuaient une quinzaine de passes par jour "parfois sous les coups", selon la même source.
Les policiers des deux pays ont interpellé mardi matin vingt-sept présumés proxénètes en Roumanie et trois en France, à Marseille, Bordeaux et Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
Les suspects ont été placés en garde à vue.
Les policiers ont agi sur commission rogatoire du juge Fragnoli de la Juridiction interrégionale spécialisée de Bordeaux.
Le réseau a rapporté, selon l'Ocreth, quatre millions d'euros en deux ans "investis" dans l'immobilier, les boîtes de nuit ou les voitures de luxe en Roumanie.
Des réseaux "mobiles"
Déplacer les prostituées dans toute la France, au gré de "sex tours" organisés notamment via internet, est un mode opératoire de plus en plus utilisé par les réseaux criminels pour conquérir des territoires et tromper la vigilance des forces de l'ordre.Les annonces vantant les talents de "masseuse" de jeunes femmes "de passage" dans des villes de province se multiplient sur les sites de petites annonces gratuites.
Les filles viennent souvent en France avec des visas touristiques, selon la police, pour ne pas attirer l'attention et se déplacent parfois en fonction de grandes manifestations, type salons ou rencontres sportives.
Réservation d'hôtels ou d'appartements, prise de rendez-vous avec les clients, gestion des agendas des filles: les proxénètes organisent et se chargent de tout, parfois en engageant des standardistes.