Le célèbre professeur Gilles-Eric Séralini, universitaire de Caen, continue sa lutte contre les pesticides. Cette fois, il a démontré que ces produits chimiques ont un goût et donc un effet dans la dive bouteille. Il est invité ce vendredi 1er février dans le Médoc pour une conférence.
N'avez-vous jamais remarqué ou regretté cette désagréable impression d'assèchement dans la bouche, le bout de la langue ? Le professeur Séralini, universitaire et spécialiste français des pesticides, y apporte une explication.
Ce sont les pesticides présents dans les vins non bio. Un assèchement qui dure sur la langue, que l'on sent le lendemain matin.
La vigne : produit le plus traité au monde
Le professeur Seralini n'en est pas à son premier combat. Bête noire de la firme américaine Monsanto, il oeuvre depuis ses laboratoires de Caen en Normandie et avec son équipe, à démontrer la toxicité, le danger pour la santé des pesticides, et notamment le glyphosate qui compose le Round Up. ( voir en fin d'article )Lui et Jérôme Douzelet,chef cuisinier renommé dans le Gard, ont donc formé un tandem pour informer sur le goût des pesticides dans le vin. Et d'abord le prouver. Ils ont proposé à 71 spécialistes, des cuisiniers et des vignerons une expérience inhabituelle : goûter des pesticides dilués dans de l’eau aux doses où ils ont été identifiés dans des vins. Plus d'une cinquantaine bio et non bio ont été testés.
Oui, les pesticides dans le vin, ça en change le goût. C'est ce que veut prouver le chef Jêrome Douzelet. ? pic.twitter.com/RVuZBcVLkh
— Brut food FR (@brutfoodFR) 27 avril 2018
Parfois un goût de fraise tagada, de pneus brûlés, les pesticides ont un drôle de goût et de fait ils déforment le goût des vins. Et voilà comment l'utilisation des pesticides, qui s'est intensifiée depuis la dernière guerre, a petit à petit changé le goût des vins les plus réputés au monde.
Les pesticides sont des centaines de fois au-dessus des arômes qui composent le vin.
Autrement dit, ils prennent le dessus sur les arômes du vin. Le professeur Séralini insiste au passage sur les quantités de pesticides dans les vins issus de la culture conventionelle qui ne sont pas réglementées
Personne ne vérifie les limites maximales autorisées dans les vins.
Le vin, en tant que produit fermenté, a des vertus détoxifiantes insoupçonnées quand il n’est pas traité. Mais la viticulture conventionnelle est parmi les plus gros consommateurs de pesticides au monde.
Ces substances nous intoxiquent durablement et déforment le goût des vins. Mais on peut apprendre à contourner l'obstacle nous explique le professeur toujours positif :
C'est tout un apprentissage dont parleront les auteurs du livre "Le goût des pesticides dans le vin" Gilles-Eric Séralini et Jérôme Douzelet vendredi 1 er février à Moulis-en-Médoc. Ils répondent à l'invitation du collectif Info Médoc Pesticides.C'est apprendre le goût des pesticides pour mieux les éviter.
L'essor des vins bio et naturels
Pour contourner ce goût qui laisse des traces aussi sur notre santé, il y a les vins bio et les vins naturels. " La richesse aromatique de ces vins est importante pour la santé. Elle contribue à la salivation qui est importante, elle détoxifie. "Le professeur s'attelle aussi à un autre chantier scientifique : les levures. Car les produits chimiques tuent les levures naturelles donc les viticulteurs qui en utilisent doivent en ajouter dans les cuves, " des centaines de levures OGM... " d'après Gilles-Eric Séralini.
Les levures naturelles ont un rôle utile pour notre digestion mais les levures artificielles... on se demande si ce n'est pas une source de maladie...
De quoi alimenter encore la polémique... Mais le professeur n'en démord pas.
"Le goût des pesticides dans le vin" Editions Actes Sud ( 14 euros )