Le ministre délégué aux transports a dévoilé sur internet la future carte de France des bornes de recharge électrique. Le Limousin a-t-il été oublié ?
Ce sont les joies des réseaux sociaux. Les ministres s’en servent comme support de communication. Les élus locaux, journalistes ou simples citoyens peuvent leur poser des questions en direct et ils reçoivent parfois des réponses.
Jean Baptiste Djebbari, ex député de la Haute-Vienne et ministre délégué aux transports en a fait l’expérience ce dimanche 14 février. Le très médiatique membre du gouvernement a publié la carte des bornes de recharges électriques qui équiperont le réseau routier français d’ici 2 ans. Elle épouse littéralement celle des autoroutes privées françaises.
Vous voyez ces points ?
— Jean-Baptiste Djebbari (@Djebbari_JB) February 14, 2021
Aujourd’hui, ce sont des aires de service. D’ici 2 ans, ce seront des aires de service AVEC BORNES DE RECHARGE TRÈS RAPIDE. pic.twitter.com/26c8fUSrjt
Réactions politiques
D’après cette carte, on ne trouvera aucune borne électrique en Limousin. Ce qui a déclenché cette réaction acide de Guillaume Guérin, président (LR) de la communauté urbaine de Limoges : « à l’époque de l’ancien monde, avoir un ministre sur son territoire était un avantage ! Comment imaginer que l’A20, qui est un axe nord-sud structurant, ne soit pas concernée par ce déploiement ? »
A l’époque de l’ancien monde avoir un ministre sur son territoire était un avantage! Comment imaginer que l’A20, qui est un axe nord sud structurant ne soit pas concernée par ce déploiement? @Djebbari_JB @JeanCASTEX @EmmanuelMacron https://t.co/iDxKXxr8Cd
— Guillaume Guérin (@GG_Guerin) February 14, 2021
Le conseiller départemental (LR) Jean Marie Bost a surenchéri : « le triangle parfait pour la préservation de la réserve des limousindiens après la 147, le POLT, maintenant voici les bornes. Merci au nouveau monde. Pourquoi tant d’indifférence pour notre territoire. »
A gauche, le conseiller municipal (PS) Thierry Miguel n’a pas manqué lui aussi de réagir : « Dans l’ancien monde, le ministre connaissait son territoire et son action politique y trouvait sa source ».
Dépasser les bornes
De là à dire qu’on ne trouvera aucune borne de recharge en Limousin, où l’autoroute A20 est gérée par l’Etat, il n’y a qu’un pas. D’où notre question au ministre : la France va-t-elle investir dans les bornes électriques ?
La réponse de Jean Baptiste Djebbari ne s’est pas fait attendre : "l’Etat dépense 100 millions dans l’affaire. Nous financerons les stations à 30% en moyenne. La carte ne montre effectivement que les autoroutes concédées, mais nous équiperons aussi les aires de services des autoroutes non concédées et des routes nationales."
L’Etat dépense 100 millions dans l’affaire. Nous financerons les stations à 30% en moyenne. La carte ne montre effectivement que les autoroutes concédées, mais nous équiperons aussi les aires de service des autoroutes non concédées et des RN.
— Jean-Baptiste Djebbari (@Djebbari_JB) February 14, 2021
On attend maintenant une carte actualisée, ce qui risque d’être compliqué.
Rentabilité
La Souterraine (23), abrite le siège social de l’entreprise Picoty, qui gère le réseau de stations essence Avia partout en France.
Selon Bruno Marchat, secrétaire général de Picoty, on ne trouve des bornes de recharge que sur les autoroutes pour une question de rentabilité :
L’installation d’un tel système coûte des centaines de milliers d’euros. Nous observons pour l’heure un modèle économique qui se dessine peu à peu, avant de nous décider.
Pour l’instant, les entreprises privées hésitent donc à investir en dehors des grands axes routiers où elles sont assurées de voir un certain nombre de voitures passer. Ce qui n’est pas forcément une excellente nouvelle pour le Limousin.
La question de la rentabilité des recharges électriques se pose aussi pour les automobilistes. Selon Bruno Marchat, « un rechargement rapide coûte cher à l’utilisateur. Presque autant qu’un plein de gazole pour le même nombre de kilomètres parcourus ».
Les petites routes limousines attendent donc les aides de l’Etat pour être équipées dans le futur.