Les douanes françaises ont pris les devants car le "no deal" approche à grands pas. Et même si l'issue est encore incertaine, le scénario du pis est présenté et expliqué aux entreprises pour qu'elles s'y préparent dès maintenant, sans perdre de temps.
Sauf changement de programme de dernière minute, les Britanniques devraient donc être souverains le 29 mars, dans une quinzaine de jours. Et décider s'ils taxent et à quelle hauteur le Cognac, le vin, et tout le reste... De quoi faire trembler les entreprises qui ne savent pas vraiment où elles vont....
Alors plutôt que de s'inquiéter seules dans leur coin, les douanes françaises ont pris le parti de donner des clés aux entreprises pour se préparer... au pis !
Virginie Labaere, Chef du Pôle Action Économique à la Direction Régionale des Douanes de Bordeaux anticipe ce " no deal " :
Les Douanes de la région organisent donc des journées d'information, qui affichent complet. Preuve que les entreprises ont bien des questions en suspens sur cette petite révolution qui les attend.Il y a beaucoup de questions des entreprises qui seront impactées, c’est indéniable. Il ne faut pas les laisser dans l’expectative. L'issue, on ne la connaît toujours pas… On est parti sur un Brexit dur et la politique du pis.
Au 30 mars 2019, en cas de retrait sans accord du Royaume-Uni de l’Union européenne, la frontière entre l’Union européenne et le Royaume-Uni sera rétablie.
En l’absence d’accord, les entreprises devront dès cette date effectuer des formalités douanières pour franchir la frontière, à l’importation comme à l’exportation : contrôles documentaires, contrôles des marchandises, paiement de droits et taxes. Un grand changement pour ceux qui commercent avec ce pays depuis des décennies en toute simplicité.
En tête : le vin et l'agroalimentaire
La spécificité en Nouvelle-Aquitaine, c'est que nos échanges portent sur beaucoup de produits de la terre : le vin, les produits agroalimentaires.
Les échanges entre notre région et le Royaume-Uni représentent 1,5 milliards d'euros à l'export, de notre région vers les îles britanniques, soit 35 % de notre business à l'export, dont 300 millions pour le secteur des boissons ( vins et cognac ).
Plus modestes mais importants quand même : 660 millions d'euros d'échanges à l'import, d'outre Manche vers la région.
Les liens se sont tissés au fil du temps, les ressortissants n’ont pas conscience de toutes les conséquences. Il faut réaliser que la Grande-Bretagne devient comme la Chine et les Etats-Unis.
Donc un grand changement culturel : il va falloir remplir les formalités douanières. Avec toujours cette part d'incertitude sur la phase finale du Brexit et l'ampleur du changement.
Et des questions qui émergent pour les entreprises ? Y aura-t-il des restrictions de produits ou des prohibitions ? Ou la Grande-Bretagne va-t-elle restée fidèle à ce qui guide déjà les pays européens ?
Par exemple pour le " sourcing " : les entreprises qui s'approvisionnent chez les Britanniques : "Est-ce que les produits vont baisser ou pas ?"Est-ce que le pays sera toujours un marché intéressant ?
Il y aura aussi probablement des conséquences sur les brevets ou propriété industrielle, les contrats, les normes...
Ne pas se laisser surprendre
Les douanes essayent d'embrasser la totalité des conséquences pour préparer au mieux le monde économique. Et pour justement anticiper, un conseil : " Décrypter vos liens, flux entrants et sortants", autrement dit lister tous les échanges pour envisager les modifications.
L'attention est notamment appelée pour les importateurs de marchandises soumises à contrôle sanitaire et phytosanitaire sur le rétablissement, préalablement au dédouanement, des contrôles opérés par les services du ministère de l’Agriculture et de l'Alimentation.
Pour se préparer à une séparation sans accord, une cellule "conseil aux entreprises" propose un entretien individuel personnalisé pour aider les entreprises.
Deux réunions sont encore programmées, ce 12 mars à Périgueux et le 14 mars à Agen. Pour vous inscrire, ce lien utile.