Le "no deal" ou l'absence d'accord entre l'Union européenne et le Royaume-Uni pour la sortie du Brexit aurait de lourdes conséquences sur le secteur de la pêche. Dans le golfe de Gascogne, on craint de voir arriver de nombreux bateaux, interdits d'accès aux zones de pêche anglaises.
C'est une perspective qui en inquiète plus d'un, même en Aquitaine, loin des eaux britanniques. Et si les négociations entre Royaume-Uni et l'Union européenne échouaient ? Londres et Bruxelles ne cessent de prolonger les discussions dans le cadre du Brexit. La date butoir est désormais fixée au 31 décembre à minuit, heure de Bruxelles. Dès le 1 er janvier, les règles européennes ne s'appliqueront plus au Royaume Uni, qui sortira définitivement du marché unique, avec ou sans accord commercial.
Accès limité aux eaux britanniques
Or, si la sortie s'effectue sans accord, une hypothèse qui semble se dessiner, les Britanniques retrouveraient la souveraineté sur leur domaine maritime… et leurs zones de pêche, très poissonneuses.
Jusqu'à présent, les pêcheurs européens avaient accès aux eaux britanniques. Mais le Royaume-Uni entend bien limiter cet accès et renégocier chaque année le droit de pêche dans ses eaux. Une proposition refusée par l'UE, et devenue désormais un des principaux points d'achoppement des négociations.
Vers un report des bateaux sur le golfe de Gascogne ?
Un échec des négociations aurait donc de lourdes conséquences sur les pêcheurs français notamment ceux du golfe de Gascogne. "C'est sûr que nous serons moins impactés que les navires des Hauts-de-France, de Normandie on de Bretagne, mais nous le serons quand même", note Serge Larzabal, président du comité interdépartemental des pêches des Pyrénées Atlantiques et des Landes.
Il y a quand même une trentaine de navires hauturiers dans le quartier maritime de Bayonne. Plus de la moitié seraient concernés", estime-t-il.
Autre crainte majeure évoquée par le secteur : l'arrivée massive des navires exclus des eaux britanniques vers le golfe de Gascogne. "La ressource est déjà exploitée, et elle n'est pas extensible, s'inquiète Serge Larzabal. Tous les navires ne pourront pas se reporter sur le golfe."
S'il n'y a pas d'accord, la question du devenir d'un certain nombre d'entreprises françaises de pêche va se poser.
La contrainte des quotas
Déjà exploitée, la ressource est de plus soumise à des quotas, fixés par Bruxelles. Même en cas d'afflux de navires, les pêcheurs français n'espèrent aucun assouplissement de ce côté-là. "Jusqu'à présent, la commission européenne a toujours maintenu ou diminué les quotas, regrette Serge Larzabal. Même lorsque les stocks vont mieux, les quotas ne sont pas relevés".
Les professionnels de la pêche scrutent avec anxiété l'avancée des négociations, et les reports successifs des dates butoirs. "L'année 2020 a été très compliquée pour le secteur. Près de 30% des flottilles se sont arrêtées pendant le premier confinement. On a subi la fermeture des restaurants", rappelle le patron du CIDPMEM.
Les pêcheurs envisagent toutes les alternatives, et notamment un report des stocks non -consommés en raison du confinement, sur les quotas l'année 2021. "Ce serait un plus, mais ça ne compensera jamais un no deal", reconnaît Serge Larzabal.