Alors que dans les départements voisins, y compris la Corrèze, la présence du moustique tigre est avérée. La Creuse et la Haute-Vienne semblent pour le moment épargnées. Nous pouvons tous participer à sa surveillance.
Le moustique tigre, (Aedes albopictus), si vous ne savez pas à quoi il ressemble, ne vous imaginez surtout pas une grosse bête jaune et noir, c’est un petit moustique qui mesure environ 5mm, dont le corps et les pattes sont rayés de blanc et de noir…
Laurent Chabrol, vice président de la Société Entomologique du Limousin précise :
Le groupe des moustiques est assez peu étudié en France, et il y a peu d’écrits sur les différentes espèces. On considère qu’en France on compte entre 60 et 70 espèces de moustiques. Toutes piquent. En Limousin une quarantaine d’espèces sont présentes.
Comment être certain qu’on est bien en présence d’un moustique tigre ?
Il y a 4 caractéristiques précises qui permettent de l’identifier : rayures blanches sur le thorax, rayures blanches sur l’abdomen, pattes rayées et ailes sombres.
D’où vient-il ?
Il y a quelques années le moustique tigre n’était présent qu’en Asie du sud-est. Il est arrivé en Amérique, Afrique dès la fin des années 80. Son arrivée en Europe date du début des années 90, il a alors été découvert en Italie près de Gênes dans un dépôt abritant des pneus importés.
Réchauffement climatique aidant et forte capacité d’adaptation de l’espèce lui ont permis très rapidement de s’installer dans des zones tempérées, plus au nord.
Son arrivée en France est estimée au milieu des années 2000.
Les premiers signalements datent de 2004, ils ont été relevés à Nice.- Laurent Chabrol
Comment est-il arrivé jusqu’à nous ?
Et bien, comme toutes les espèces invasives, il n’est pas arrivé seul avec une volonté farouche de conquérir le monde. De lui-même, il ne peut guère voler au delà de quelques centaines de mètres, aidé par le vent il peut légèrement augmenter cette distance mais certainement pas traverser un océan...
Il est donc arrivé par l’intermédiaire de l’activité humaine. Par avion, et par bateau dans les transports commerciaux internationaux. Ses oeufs peuvent survivre plusieurs mois même dans un endroit sec, ils résistent même au gel, ce qui lui facilite grandement les voyages…
Comment se développe-t-il ?
Comme toutes les espèces de moustique, son cycle de vie est étroitement lié à l’eau. La vie du moustique tigre se développe en quatre étape. L’oeuf, la larve, la nymphe, le moustique adulte.
L’oeuf est pondu et se développe dans l’eau stagnante, une très faible quantité est suffisante, la larve éclot dans l’eau et se nourrit en filtrant les matières organiques dans celle-ci. La larve est le stade de métamorphose dont l’adulte va sortir passant ainsi d’une vie aquatique à une vie aérienne.
Mâle et femelle s’accouplent peu de temps après l’émergence. Une fois fécondée, la femelle part en quête d’un hôte (humain, mammifère, oiseau) qu’elle va piquer afin de prélever les protéines nécessaires au développement de ses oeufs. Des oeufs qu’elle pondra dans l’eau et ainsi de suite.
Vous l’aurez compris, seule la femelle pique, le mâle se contente de se nourrir de sucre et de nectar.
Le moustique tigre aime les milieux urbain et péri-urbain, les zones où il y a le plus de population donc. Il affectionne toutes les petites retenues d’eau, même minuscules, tout récipient pouvant retenir une eau stagnante, bac de plantes, vieux pneus, vases, pots, bidons, gouttières, etc. Mais également les retenues naturelles comme un trou dans une couche d’arbre, des bambous, des plantes à corolles retenant l’eau, etc. Pour croître la larve a besoin de quelques millimètres d’eau seulement durant quelques jours.
Le moustique tigre est actif en journée, ses périodes les plus propices à la piqûre sont l’aube et le crépuscule. Cependant, il n’est pas le seul moustique a piquer en journée, les Limousins habitués à se promener dans les zones humides le savent bien. - Laurent Chabrol
Pourquoi est-il dangereux ?
Le moustique tigre peut transmettre divers virus comme ceux de la dengue, du chikungunya ou du zika.
Pour les transmettre d’un individu à l’autre il suffit qu’il ait piqué une personne infectée. Ce n’est pas directement le sang bu sur la précédente victime qui va contaminer la suivante mais la salive que le moustique injecte dans sa victime pour fluidifier le sang.
D'où l'importance d'exercer une surveillance constante. Cécile Billaud, ingénieur sanitaire environnement extérieur au Pôle Santé Environnement de l'Agence Régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine, explique :
Nous déployons à la fois une surveillance de la progression du moustique tigre sur notre territoire mais également une surveillance épidémiologique de ces maladies. Pour le moment en Nouvelle-Aquitaine, les personnes qui ont été diagnistiquées porteuses de l'un de ces virus étaient des voyageurs qui l'avaient ramené d'une zone infectée. Aucun cas autochtone de ces maladies n'a été enregistré dans notre région, ce qui n'est pas le cas en PACA ou en Occitanie.
Comment s'exerce cette surveillance ?
La récolte d'informations est déployée en deux axes.
D'abord une surveillance scientifique :
Nous avons disposé des pièges pondoirs partout dans la région, essentiellement sur les lieux à risques ou sites sensibles. Ceux-ci sont régulièrement relevés et minutieusement étudiés par des scientifiques. Il s'agit d'avoir un maillage de toute la Nouvelle-Aquitaine, afin de connaître la progression du moustique tigre, mais également ses périodes d'émergence - Cécile Billaud.
Mais également une participation citoyenne. Toute personne voyant ou pensant voir un moustique tigre est appelé à le signaler via le site officiel signalement-moustique.anses.fr
Un site qui fourmille d'informations sur le moustique tigre, pour s'en protéger notamment. Un site qui vous conseille également pour parvenir à le prendre en photo.
"Tout signalement est scrupuleusement étudié par des spécialistes. Et si une présence est signalée dans une zone ou il n'a jusque là jamais été repéré, tout un système d'enquête sur le territoire se met en place. Pour l'instant aucun cas n'a été signalé en Creuse et Haute-Vienne. La participation citoyenne est essentielle et extrêmement importante pour prévenir tout risque" insiste Cécile Billaud.
Comment s’en protéger ?
Le moustique tigre est un feinéant, il se déplace rarement au delà d'une centaine de mètres. S'il vous pique sur votre terrasse il y a de grande chance qu'il vienne de votre jardin donc. Et il y a des gestes simples à mettre en place pour éviter sa présence chez vous. Cécile Billaud ARS.
Il s’agit donc d’éliminer tout ce qui pourrait lui plaire… De faire la chasse aux petits points d'eau. Eliminer les coupelles sous les pots de fleurs ou les remplir de sable, vider chaque jour toute eau stagnante, retourner les pots, bidons, seaux, gamelles, jeux d’enfants, penser également aux bâches qui offrent des retenues d’eau suffisantes.
Attention aux récupérateurs d’eau, même s’ils semblent fermés, très souvent ils ne sont pas complètement étanches, la solution est de mettre un voile type moustiquaire par-dessus et autour. - Cécile Billaud.
Pour éviter de se faire piquer, on peut également créer des courants d'air, le moustique tigre n'aime pas avoir à lutter contre le vent.
Pour résumer, comment puis-je agir ?
-D'abord en évitant son implantation chez vous, en faisant régulièrement la chasse aux points d'eau (même les plus minuscules), un jeu dans lequel vous pouvez même inviter vos enfants.
-Ensuite en signalant toute présence suspecte sur le site signalement-moustique.anses.fr
-Notez que les communes peuvent également agir en mettant en place des astuces simples, dont vous trouverez des exemples ICI. Ou en communiquant auprès de la population via des documentations téléchargeables fournies par l'ARS.