Qui sont les franc-maçons du Limousin ? Quelles sont leurs rites, leurs valeurs, leurs symboles, leur but ? Pourquoi et comment s'engage-t-on en franc-maçonnerie ? Pour le savoir, Dimanche en Politique ouvre le débat.
Comprendre la franc-maçonnerie en Limousin, c'est le thème de notre émission Dimanche en Politique du 10 mars 2019. Annaïck Demars reçoit deux invités représentant deux des 22 obédiences maçonniques de France
- Robert Couty, conseiller de l'ordre représentant du Grand Orient de France
- Françoise Musi, conseillère de l'ordre de la Fédération française du Droit Humain
Secrets ou discrets, les 2000 franc-maçons du Limousin ? A cette question, Robert Couty rappelle leur persécution pendant la deuxième guerre mondiale. "Nous étions 30 000 frères en France au début de la guerre, 7000 à la fin", évoquant la déportation de très nombreux membres de la franc-maçonnerie, dont les archives ont également été pillées par les nazis.
On peut parler de discrétion, renchérit Françoise Musi. Pour autant, il y a une communication. Nous, par exemple, nous organisons des "cafés maçonniques" pour les profanes, les non-initiés et on discute à bâtons rompus.
Rappelant que le Limousin est une "terre d'utopie, de résistance et donc de franc-maçonnerie", Robert Couty affirme que de plus en plus de personnes, et notamment des jeunes, viennent spontanément vers nous parce qu'ils ont vu une émission, lu un article ou écouté France Culture le dimanche matin. Ce sont des candidatures spontanées, même si la majorité se fait encore par cooptation.
C'est au cours de la "cérémonie du bandeau" que se fait ensuite le premier contact entre le postulant qui, les yeux bandés, doit répondre à un certain nombre de questions de la part des frères ou soeurs. On demande aussi un extrait de casier judiciaire, comme l'a précisé Robert Couty.Pour postuler, il faut écrire une lettre expliquant ses motivations. C'est un parcours difficile, il y a ensuite des enquêtes, nous [le Grand Orient] avons trois enquêteurs qui vont visiter les postulants. Pour les critères, il n'y a pas de réponse attendue, on peut très bien être chrétien, athée, de gauche, de droite, sauf peut-être les extrêmes. On refuse les gens du Rassemblement national, et on se méfie, parce qu'il y a des petits malins qui aimeraient bien infiltrer la franc-maçonnerie.
Entre stigmatisation et "réseautage"
Les franc-maçons sont régulièrement pris pour cible par les complotistes. Maxime Nicolle, l'un de leaders des gilets jaunes, les a par exemple accusé de "tirer les ficelles du pouvoir". Cet anti-maçonnisme reste très minoritaire dans le mouvement mais il peut se révéler virulent. Ainsi, dans la nuit du 9 au 10 mars 2019, le temple franc-maçon du Grand-Orient de Tarbes a été saccagé en marge d'une manifestation de Gilets jaunes.
Il y a beaucoup de légendes autour de nous, confirme Robert Couty. Il se trouve que quand on est franc-maçons, on est engagé, donc on peut l'être dans différents secteurs. On défend la liberté, le progrès dans la société, l'égalité hommes-femmes. Quelque part, il est normal que le franc-maçon s'engage aussi dans la cité. (...) Nous avons des commissions nationales qui travaillent sur thèmes de société comme la bioéthique, le développement durable, des thèmes qui sont politiques.
Sur les soupçons de collusion et de réseautage fréquemment relevés dans la presse, Robert Couty comme Françoise Musi considèrent le phénomène comme marginal même s'il est dommageable. "Ce n'est pas parce qu'il y a un prêtre pédophile qu'on va généraliser cette accusation à toute l'Eglise" explique Robert Couty, eh bien c'est la même chose pour nous.
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