Cela fait près de deux siècles que les communes de Rouffiac et de Dompierre-Sur-Charente sont reliées par ce bac fluvial, un des derniers à être manoeuvré à la force des bras.
Dans les méandres de la paisible Charente, rien ne semble pouvoir troubler la quiétude des lieux. Mais si vous naviguez un jour du côté de Dompierre ou si, comme beaucoup, vous vous balladez en vélo sur une des deux rives, un cliquetis, un bruit mécanique d'un autre temps attirera forcément votre attention. Cette petite musique, c'est celle du « Châ p'tit va loin », c'est le nom de ce bac baptisé en 2009 à partir de cette vieille expression charentaise, « Qui va doucement va loin ». "Loin" peut-être pas, "doucement" sûrement. Créé au XVIIIème siècle, l'été, le bac évite en tout cas aux habitants un détour de 5 km pour rallier le pont le plus proche. Propriété du Conseil Départemental, il est géré par la commune et n'allez pas parler de motorisation à monsieur le Maire.
Passeur, depuis 15 ans, de mi juin à mi septembre, c'est le métier de Sébastien Argousse qui se relaie avec son collègue, sept jours sur sept, pour faire traverser la Charente aux piétons, cyclistes ou automobilistes. Il faut trois minutes à la vitesse de 1,2 km/h pour relier les appontements. Pendant la durée de la traversée, la circulation est donc interrompue sur le fleuve. mais personne n'en voudra au "Châ p'tit va loin".On tient à l'historique de ce bac, un bac à chaîne. On a le temps, on écoute justement le bruit de la chaîne qui est autre chose qu'un bruit de moteur. C'est un dépaysement complet.
En tout, tous les ans, les bras de Sébastien font traverser plus de 2.000 personnes, notamment des cyclotouristes qui peuvent ainsi rallier la Flow Velo, une piste cyclable entre Thiviers en Dordogne et l'île d'Aix. Entre Dompierre et Rouffiac, ils apprécient visiblement cette salutaire pause fluviale et cet inimitable cliquetis du dernier bac à câble de France.On a une population le matin de locaux qui vont à la boulangerie, des papis et des mamies avec leurs petits-enfants. Il y a aussi les GPS des voitures qui indiquent une fois sur deux la route du bac, donc tout ça cumulé, ça fait beaucoup de passages