Demain samedi 11 février 2017, la ville de Rochefort rendra un hommage public aux six jeunes victimes du terrible accident de bus scolaire survenu dans la ville, il y a un an jour pour jour. Un arbre du souvenir sera planté à proximité du lieu de l'accident avenue Bachelar.
Le jeudi 11 février 2016 7h15 du matin, six adolescents qui se rendaient en cours ont trouvé la mort à Rochefort et deux autres ont été blessés dans le bus qui les transportait vers leur lycée de Surgères. Le bus scolaire de la compagnie des Mouettes reliant l'île d'Oléron à Surgères roulait avec 18 jeunes à son bord. Il a dû changer son itinéraire habituel et emprunté le boulevard Victor-Louis Bachelar car le pont qu'il empruntait habituellement au niveau du port de commerce était fermé à la circulation. C'est alors qu'il croise un camion de la société Eiffage de 13 tonnes dont la ridelle est abaissée à 90%. Cette pièce métallique qui dépassait à l'horizontale du camion fauche le bus, éventrant complètement sa carrosserie sur un côté à la base des vitres.Le bus est stoppé par le choc mais poursuit malgré tout sa course sous l'effet de l'inertie. Le chauffeur fait alors preuve de sang froid. A l'aide d'un extincteur, il éteint un début d'incendie, ouvre la porte pour permettre aux survivants de s'échapper et porte les premiers secours avec l'aide d'un pompier volontaire.
Dans le car cisaillé par la ridelle, le bilan est terrible. Trois adolescents sont morts sur le coup et trois autres vont décéder avant l'arrivée des pompiers, parvenus très rapidement sur place.
Reportage France 3 Poitou-Charentes
Depuis quand la ridelle était abaissée ?
Le choc est terrible dans la ville et immédiatement, une question se pose. Pourquoi le chauffeur du camion roulait-il avec la ridelle de son véhicule abaissée à l'horizontale ? Pourquoi ne s'en-est-il pas aperçu?Le jeune chauffeur, âgé de 23 ans, avait fait le plein quelques minutes avant le drame dans une station essence du boulevard Bachelar et partait pour commencer sa journée de travail.
Placé en garde à vue le chauffeur a affirmé avoir signalé à son employeur une fuite sur le système hydraulique du vérin arrière de la ridelle ce qui aurait pu entraîner la chute brutale de cette pièce métallique. Mais de leur côté, des experts rencontrés il y un an estimaient "peu probable que la paroi latérale du véhicule se soit détachée subitement". De plus, un automobiliste affirme avoir croisé le camion juste avant l'accident et avoir été contraint de se déporter pour éviter de heurter la ridelle abaissée."Normalement, la ridelle s'ouvre totalement, or elle est restée dans une position qui est une position inhabituelle et dangereuse" , affirmait Isabelle Pagenelle, procureure de la République de La Rochelle.
Le parquet de La Rochelle estimait en février dernier que cette ridelle était ouverte à 90 degrés "depuis un certain temps" au moment du choc.
Mise en examen pour "homicide involontaire"
A la suite de sa garde à vue, le chauffeur de la société Eiffage a été mis en examen pour "homicides et blessures involontaires". Il a été placé sous contrôle judiciaire avec l'interdiction de revenir en Charente-Maritime. Un après, l'information judiciaire est toujours en cours et le chauffeur toujours sous le coup de la procédure d'éloignement en région parisienne.Mise en examen du chauffeur _ Accident Rochefort
De son côté, le chauffeur du bus, très rapidement mis hors de cause par les enquêteurs, a changé d'orientation professionnelle après le drame.
Toute une région traumatisée
Au petit matin de ce 11 février 2016, à Rochefort, le choc est terrible. Au delà de leurs familles, la mort de Tanguy,Yoni, Florian, Bastien, Axel et Kevin, âgés de 15 à 18 ans et scolarisés pour cinq d'entre eux au lycée professionnel de Surgères, accable toute une région et au premier titre le lycée du Paysd'Aunis à Surgères. Des centaines de personnes viennent leur rendre hommage dans la chapelle ardente dressée dans un gymnase proche du lieu de l'accident et le dimanche suivant, une messe du souvenir a réuni 300 personnes en l'église Saint-Louis de Rochefort.Aujourd'hui, le difficile travail de reconstruction est en cours pour les jeunes survivants traumatisés par ce qu'ils ont vécu à l'intérieur de ce bus qui devait simplement les conduire en cours et par "les scènes de guerre" qu'ils ont vues, comme l'affirme Hervé Blanché, maire de Rochefort et avocat de familles de deux rescapés dans cette affaire.
Tous seront présents demain samedi à Rochefort rendre hommage et se souvenir de Tanguy,Yoni, Florian, Bastien, Axel et Kevin.