Les hôtels-restaurants portuaires "Les Gens de mer", institution créée en 1946 pour accueillir les marins en vertu d'une longue tradition, pourraient bientôt disparaître. Celui de La Rochelle est concerné.
Un chiffre d'affaires en baisse de 50%
Successeurs des foyers de marins nés au début du 20e siècle mais détruits ou détériorés pendant la deuxième guerre mondiale, ces établissements recevaient à l'origine, pour un coût modique, les marins en escale, français et étrangers, conformément à une longue tradition maritime. Mais la durée des escales diminuant rapidement, tout comme le nombre des marins français embarqués, ces hôtels sont contraints de s'ouvrir à tous les publics en 2000, touten continuant à offrir des avantages aux marins dont une réduction de 20% sur les tarifs affichés.
Malgré cette ouverture, la situation de certains établissements est restée précaire. "C'est hallucinant, nous avons perdu 50% de notre chiffre d'affaires sur les six premiers mois de l'année", témoigne Nicolas Duval, à la tête de l'établissement brestois, qui avec ceux de Dunkerque, Boulogne-sur-Mer, Le Havre, Lorient, La Rochelle et Marseille sont les seuls encore en activité aujourd'hui.
En mai 2013, l'Association pour la gestion des institutions sociales maritimes (AGISM), qui gère ces établissements, a été placée en redressement judiciaire et le 6 novembre le Tribunal de commerce de Paris se prononcera sur la poursuite ou non de son activité, alors que son déficit atteint désormais, selon elle, "plusieurs millions d'euros".
De moins en moins de marins
Aux difficultés rencontrés par l'association face à un monde maritime en mutation, s'ajoute la décision de l'État de lui retirer son aide. Depuis le début de l'année la Direction des Affaires maritimes (DAM) et l'Établissement national des invalides de la marine (ENIM), la sécurité sociale des marins, ne lui versent plus un centime, après lui avoir alloué jusqu'à un million d'euro par an. "Sans subventions, l'AGISM va disparaître", déplore Philippe Coppin, secrétaire du comité d'entreprise de l'association et délégué du personnel. "L'État se désengage, alors que les Gens de mer représentent un symbole de l'accueil des marins en France", estime-t-il.Au cabinet du secrétaire d'État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, Alain Vidalies, on assure que l'État "ne laisse pas tomber" le monde maritime et que sa volonté est bien de préserver l'emploi maritime tout en répondant aux obligations internationales en matière d'accueil des gens de mer.
La convention du travail maritime de l'organisation internationale du travail (OIT) prévoit que tout membre doit promouvoir la mise en place d'installations de bien-être dans les ports, dont la mise à disposition de moyens et services aux marins en escale.
Une fonction assurée par des associations locales, souvent appelées Seamen's club qui accueillent les marins en transit, en grande majorité étrangers, en leur offrant un lieu où se détendre, ainsi qu'un accès à des services comme Internet.