Dans le pays royannais, Mickaël se déplace directement chez ses clients pour remettre en état leur bicyclette. Un service qui apparemment répond à une demande de beaucoup de français qui ont redécouvert le vélo après le confinement.
Un dérailleur qui coince, un pédalier qui grince, une chambre à air qui recherche désespérément une rustine depuis des mois, voire des années ; tous ceux qui contemplent depuis trop longtemps ces vélos inutiles qui croupissent dans leur garage ou leur jardin savent exactement de quoi il en retourne. Vélocipédistes procrastinateurs, cyclistes refoulés, chez nous, il y a belle lurette que la petite reine est descendue de son trône et, avouons-le, difficile de la remettre sur selle. Dans le pays royannais pourtant, nous avons peut-être retrouvé son prince charmant.
Il s'appelle Mickaël et, après neuf ans passés dans une chaîne de magasin de sport bien connue du grand public, il a décidé de se mettre à son compte. À Briagne, près de Corme-Écluse, la cour de sa ferme ne désemplit pas depuis six mois. C'est que Mickaël a du mal à dire non, quitte à travailler dix heures par jour.
"Il m'arrive de réparer quatre ou cinq vélos pour une famille".Il y a le vététiste qui va venir pour une transmission complète, chaîne, pédalier, cassette. Lui, il n'y a pas de soucis, il a le budget. Et après, ce sont beaucoup de petites révisions de sécurité comme les freins ou les vitesses. On ne veut pas aller plus loin dans les frais d'un vélo.
Obsolescence plus ou moins programmée, une société de consommation qui a tendance à dérailler ; le deux-roues est malheureusement souvent devenu un objet banal comme un grille-pain que l'on jette sans regrets après quelques années de bons et loyaux services. Pourtant, ironie du sort, c'est en nous obligeant à nous confiner que ce maudit coronavirus a peut-être sauvé la vie de nombre de bicyclettes. Alternatives à la voiture ou aux transports en commun, elles nous sont apparues d'un seul coup plus désirables. Ajoutez à cela l'État qui jusqu'à la fin de l'année vous offre 50 euros pour les bichonner et leur offrir une cure de jouvence et il ne vous reste plus qu'une chose à faire : passer un coup de fil à Micka.
En fait, c'est le vélo électrique qui a relancé l'économie du vélo d'abord. Ça a été un grand boum et depuis ça ne s'arrête pas. Et puis l'État a eu l'intelligence de proposer cette aide. Grâce à elle, les gens ressortent de vieux vélos. Pouvoir d'achat ou pas, au final, on prend ces 50 euros qu'on nous donne. Il m'arrive de réparer quatre ou cinq vélos pour une famille et c'est génial de voir ça.
Mais le succès de Mickaël, il le doit également, en plus de son grand professionnalisme, à un concept qui ne pouvait que faire mouche dans cette campagne saintongeaise : le service à domicile. Rétaud, Montpellier de Médillan, Gémozac ; de son propre aveu, notre réparateur a découvert des villages dont il ignorait même l'existence il y a encore peu. Et, non seulement se propose-t'il de venir chercher ou de vous ramener votre deux-roues chez vous, mais, en plus, il se déplace avec sa caisse à outils dans votre jardin. Accueil chaleureux garanti comme ce jour-là chez Jean-Marc, un voisin.
Plus vraiment d'excuses donc pour continuer à contempler ces vieux cadres encombrés de toiles d'araignées et ces pneus désespérément dégonflés. En six mois, plus de trois-cent vélos sont passés entre les mains expertes de Mickaël.Il y a des délais très importants dans les magasins donc je fais appel à Mickaël, puisqu'il se déplace et répare sur place. Un vélo électrique, c'est quand même très lourd et donc très compliqué à mettre dans une voiture.
Pascal Foucaud et Cédric Cottaz ont pu constater que Mickael Filhon est très sollicité :