L'activité de randonnée de l'association loisirs de Migné-Auxances près de Poitiers se décline cet été en une série de séjours, notamment sur l'île d'Oléron. Fin juin, deux adhérents du club ont repéré les sentiers qu'ils emprunteront, en août, avec les seize participants inscrits.

En ce début juin, sur l'île d'Oléron, un bruit métallique aiguë résonne lorsque l'on s'éloigne de la route d'accès en direction des anciennes salines. Dans les cabanes de couleur le long du chenal d'Ors, les ostréiculteurs brisent à coup de marteaux les restes de coquilles prisonnières des poches à huîtres. Ils préparent déjà celles destinées aux huîtres d'un an.
Depuis leur poste de travail en extérieur, ils observent les quelques groupes de randonneurs, fidèles aux premiers rayons estivaux. A quelques pas de là, Pierre et Marie-Claude m'ont donné rendez-vous.
Fin août, ils emmènent un groupe de seize randonneurs de leur club de Migné-Auxances près de Poitiers, à la découverte de l'île, à pied.

Avant toute randonnée collective, un repérage des sentiers s'impose

Sac à dos léger mais robuste, chaussures de randonnée montantes pour protéger les chevilles et chapeaux à larges bords pour se protéger du soleil, tous les deux sont fin prêts à poursuivre l'exploration des chemins de randonnée. Depuis quatre jours, ils arpentent l'île. La veille, ils quittaient le sentier des Douaniers tout proche.

Les anciennes salines

"Ce matin, on repère le sentier des anciennes salines". "Il est déjà balisé. On l'a choisi grâce au topoguide édité par la Fédération française de randonnée", explique Pierre.

La balise à suivre est marquée d'un trait jaune horizontal. A chaque bifurcation, un symbole "tournez à droite/à gauche" est apposé à un poteau, à hauteur de randonneur. A chaque patte d'oie, des croix de la même couleur indiquent qu'il faut rebrousser chemin et suivre l'autre branche du sentier, qui elle, présente la balise jaune horizontale.

Pour Pierre et Marie-Claude, l'enjeu de la journée est de s'assurer de la clarté du balisage. Mais pas uniquement.

L'important est de trouver les départs de sentier et de s'assurer que l'on peut passer partout. Car parfois, certains sentiers peuvent avoir disparu, labouré par un agriculteur ou envahi par les herbes folles.
- Pierre, randonneur, membre du club ALMA Rando

Odeurs de menthe et d'herbes humides

Ce matin-là, à Oléron, le sentier des anciennes salines apparaît dégagé et proprement balisé. Mais à l'une des premières balises invitant à quitter le bord de la route goudronnée vers un premier sentier sur la droite, le passage n'est pas très clair. Pas de terre battue ou de gravillons pour indiquer le démarrage d'un chemin. Après un instant d'hésitations, le léger talus qui borde le côté opposé de la route offre un espace fraîchement tondu. Après plusieurs passages pluvieux, l'herbe, qu'elle soit haute sur les côtés ou coupée au centre, reste très verte et n'offre pas vraiment de démarcation. Pourtant, le sentier est bien là. 

"Voilà, c'est un exemple de ce que l'on doit repérer. Parce qu'une fois avec le groupe, il faut savoir où l'on va. Et les traversées de route, en groupe, c'est l'une des difficultés à gérer. Il faut pouvoir traverser tous ensemble."

Tous les deux s'engagent. Ils contournent un bosquet de ronces et d'herbes sauvages. Pierre indique du doigt une orchidée en fleurs : une touche de couleur pourpre, au milieu des grandes herbes verdoyantes. Loin de la route, le dépaysement débute vraiment. Le sentier est bordé de haies touffues et d'arbres desquels on entend les chants d'une multitude d'oiseaux. Les odeurs de menthe et d'herbes humides remontent jusqu'à nous. Les bas-côtés sont encore imbibés de l'eau des récentes pluies. Le sentier, lui, est tout à fait praticable, recouvert de coquilles d'huîtres concassées et de cailloux.

Le repérage des chemins est indispensable

Papoter et observer la nature

Marie-Claude s'arrête et passe sa main le long d'une branche de buisson.

"Les tamaris commencent à fleurir", remarque-t-elle avant de s'étonner de voir qu'il "y a encore de la rosée" en milieu de matinée, au bout des bourgeons. 

"Quand on randonne, on observe les arbres, les plantes, on tend l'oreille aux gazouillis des oiseaux...", explique-t-elle. Puis, dans un sourire, Marie-Claude précise : "Bon, ça, c'est quand on ne papote pas !"

De nouvelles amitiés

La randonnée se révèle aussi un moment où les participants viennent socialiser, retrouver des copains ou nouer de nouvelles amitiés.

Une dame âgée qui randonnait avec nous me disait : "Je marche quand je promène mon chien. Je peux lui parler, mais lui, bien sûr, il ne me répond pas. Randonner en groupe, on discute les uns avec les autres. J'en ai besoin", se souvient Marie-Claude.

Aujourd'hui, leur groupe de randonneurs est principalement constitué de retraités. 

"Les plus jeunes doivent avoir la cinquantaine", constate Marie-Claude. "Ils viennent vers nous souvent par le biais de la marche nordique, un sport populaire aujourd'hui. Et puis, ensuite, ils participent à d'autres de nos activités : les randonnées à raquettes l'hiver, et de fil en aiguille, celles que l'on organise, à pied, l'été."

Marie-Claude le reconnaît volontiers, pour sa classe d'âge, la randonnée est l'un des sports faciles à pratiquer. 

"A notre âge (tous les deux ont 70 et 72 ans, ndlr), on ne va pas se mettre à des sports physiques", lâche-t-elle, lucide.

"C'est une activité vraiment accessible", poursuit-elle. Même pour des gens qui pourraient se considérer mauvais marcheurs. "Il existe même des groupes de randonnée adaptée", explique-t-elle. "Par exemple pour les personnes en convalescence ou à qui le médecin recommande de marcher chaque jour."

Devant nous, Pierre suit sa carte avec précision.

Surveiller la météo... et les heures de marées

"Pour l'instant, je ne vois pas de difficultés particulières. Dans ce secteur particulier de l'île, la seule chose à laquelle il faut vraiment faire attention, ce sont les coefficients de marées. Quand on est près du canal, le chenal d'Ors, il faut être vigilants. Et bien sûr, avoir pris les prévisions météo du jour."

Une demi-heure de marche plus loin, le chemin croise la départementale. La circulation peut y être dense, l'été. Du côté opposé, le sentier est plus large, bien dégagé et couvert de gravillons clairs. 

D'un coup d'oeil, Pierre prend la décision de ne pas poursuivre.

"Là, je le vois tout de suite, c'est parfait. On passera sans aucune difficulté."

Puis, il semble hésiter.

"Je préfère retourner sur nos pas. Il y a un point que je n'ai pas bien vu. C'est la continuité entre le sentier des Douaniers et celui des anciennes salines."

Le repérage peut être fait d'allers retours comme celui-ci. Nous revenons sur nos pas, au-delà du point de rendez-vous. à 45 minutes de là. Pierre en profite pour arrêter notre petit groupe. 

"Là, on aperçoit une aigrette, l'oiseau avec le bec noir. L'oiseau avec le bec jaune, c'est un héron garde-boeuf", détaille-t-il. 

En tournant un peu la tête, on découvre une grande échasse. Nous reprenons notre marche. Un vol d'hirondelles contourne le bosquet d'arbustes pour filer vers l'océan. Cette fois, nous approchons du pont qui relie l'île au continent.
Pierre veut aller jusqu'au bout du sentier.

"Il faut que je vois précisément où nous pouvons passer à pied."

Un passage se fait jour entre les cabanes ostréicoles. Cet été, le groupe passera par ici pour rejoindre le chenal d'Ors.

Marie-Claude et moi prenons un moment pour échanger avec les ostréiculteurs au travail. Le sentier des anciennes salines suit les voies d'accès à leurs exploitations.

"Oui, des randonneurs, on en voit pas mal", raconte Roger Gaurier. "Ils ne s'intéressent pas forcément à notre travail. Quand ils passent ici, c'est surtout pour rejoindre le musée qui est juste un peu plus loin."

Le musée en question, c'est "Les collecteurs", un espace créé par un ancien ostréiculteur, fermé ce jour-là.

De l'extérieur, on aperçoit une reconstitution de saline avec ses oeillets, un nid de cigogne, des objets liés à l'activité ostréicole de l'île, des coquilles d'huîtres par exemple, mais aussi des tongues ou des pédalos, bref, tout ce qui peut évoquer les vacances d'été. 

Fin de repérage

Avec le vent, le bruit de la route se révèle de plus en plus pressant. Mais juste en tournant un peu la tête, j'aperçois un héron prenant son envol depuis les anciennes salines. Avec la marée montante, l'air marin arrive jusqu'à nous.

L'heure du déjeuner a sonné. En randonnée, c'est le moment de sortir le sandwich, un fruit frais et la gourde d'eau.
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