Comme à de nombreux endroits sur la côte atlantique, les algues vertes prolifèrent à La Flotte-en-Ré. Pour les défenseurs de l'environnement, le lieu de stockage n'est pas adapté.
Ce n'est pas une nouveauté : chaque été, les algues vertes pullulent sur les plages de la côte atlantique. En Bretagne, leur prolifération a même conduit certaines communes à interdire la baignade.
À La Flotte, très prisée des touristes qui séjournent sur l'île de Ré, des engins de ramassage interviennent chaque semaine. En une matinée, ils peuvent en collecter jusqu'à quinze tonnes.
Pour alerter en cas d'éventuelle émanation d'hydrogène sulfuré, ce gaz toxique très dangereux qui se dégage lorsque les algues entrent en décomposition, les tracteurs et les pelleteuses sont équipés de boîtiers de détection.
Des quantités plus importantes
"Des algues vertes, il y en a toujours eu sur l'île" explique Pierrick François, le président de l'association des étangs et marais de l'île de Ré en charge du ramassage. "Autrefois, les agriculteurs les ramassaient pour en faire du compost naturel dans les champs de pommes de terre par exemple."Mais c'est vrai que depuis une dizaine d'années, on mesure une large augmentation du phénomène avec des quantités plus importantes et des arrivées plus fréquentes
- Pierrick François, association des étangs et marais de l'île
Réchauffement climatique, estuaires chargés en nitrate et en azote, les causes de cette aggravation sont connues. Mais la topographie de La Flotte n'arrange rien. "La ville est située dans une baie et les vents dominants qui amènent les algues, les bloquent contre la jetée du port" explique encore Pierrick François.
Du bricolage
Inesthétiques, malodorantes, possiblement dangereuses, ces tonnes de laitues de mer qui déferlent sur le sable sont la bête noire de la commune qui déploie de gros efforts pour s'en débarrasser. Une fois ramassées, elles sont donc stockées à l'écart sur un terrain communal, auquel chacun peut accéder.
Cela suscite la colère des défenseurs de l'environnement qui dénoncent un stockage sauvage "sur des zones naturelles sensibles".
Aujourd'hui ces déchets sont entreposés n'importe où et notamment sur des endroits qui ne sont pas sécurisés. C'est du bricolage !
- Dominique Chevillon, président de Ré Nature Environnement
L'an passé, Ré Nature Environnement et Nature Environnement 17 avaient d'ailleurs porté plainte contre X pour demander que d'autres solutions soient trouvées. Parmi les pistes évoquées : l'épandage des algues sur de vastes surfaces où elles pourraient se déshydrater ou encore la construction de surfaces bétonnées pour empêcher l'infiltration des sols.
Lors de la venue de notre équipe de reportage à la Flotte, le maire de la commune n'a pas souhaité répondre à nos questions.