Île de Ré : la gendarmerie s'excuse après l'interdiction faite à un homme de se rendre au chevet de son père mourant

Début avril, un homme n'a pas pu se rendre sur l'île de Ré, au chevet de son père, mourant. La gendarmerie l'a refoulé lors d’un contrôle alors qu'il s'apprêtait à emprunter le pont. Il témoigne de son incompréhension. La gendarmerie lui a depuis présenté ses excuses. 
 

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C'est un quiproquo malheureux, selon la gendarmerie de la Charente-Maritime. Elle a présenté ce jeudi soir ses excuses à Patrice Dupas, cet habitant du Loir-et-Cher, interdit d'accès à l'île de Ré, le 4 avril dernier, alors qu'il se rendait au chevet de son père mourant.

La gendarmerie exprime ses plus vifs regrets
- communiqué, la gendarmerie de la Charente-Maritime

Pour elle, cette verbalisation est le "malheureux résultat d'une véritable incompréhension", explique-t-elle dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. 

"La gendarmerie de la Charente-Maritime exprime ses plus vifs regrets quant à cette verbalisation et comprend la peine dans laquelle se trouve la famille de M. Dupas." 

Elle ajoute qu'elle "exprime sa plus vive compassion à M. Dupas et lui présente, ainsi qu'à ses proches, ses sincères condoléances".

Une enquête en cours

Un peu plus tôt dans la journée, jeudi, le colonel Bruno Makary, commandant du groupement de gendarmerie de la Charente-Maritime indiquait dans une interview à France 3 Poitou-Charentes les raisons ayant conduit à cette incompréhension.

M. Dupas n'avait pas le justificatif qui expliquait son déplacement
- Colonel Bruno Makary, commandant du groupement de gendarmerie de la Charente-Maritime

"M. Dupas est effectivement venu avec son attestation de déplacement dérogatoire, il avait coché la bonne case, cela est fort juste mais il n'avait pas le justificatif qui expliquait son déplacement", indique-t-il.

"Et là, nous avons effectivement une incompréhension puisque le gendarme comprend que M. Dupas a traversé la moitié de la France pour venir voir des parents malades", poursuit-il. "Des parents malades, une visite de courtoisie, il n'avait pas saisi que c'était pour venir voir son père qui vivait ses derniers moments. M. Dupas a été verbalisé et renvoyé chez lui pour éviter qu'il risque de contaminer la famille, puisque ce sont les directives qui nous sont données. Il aurait eu le justificatif, on l'aurait laissé passer, bien sûr." 

Reportage de Florent Loiseau, Pierre Lahaye, Patricia Périn et Christophe Pougeas
Intervenants : Patrice Dupas, habitant du Loir-et-Cher - Colonel Bruno Makary, commandant du groupement de gendarmerie de Charente-Maritime
La gendarmerie rappelle alors que dans cette crise sanitaire, la liberté d'aller et venir est restreinte. 

"Elle est reglementée et limitée aux cas prévus par une attestation de déplacmeent dérogatoire et il faut lire dérogatoire au sens strict", explique le Col Makary. "C'est dans les cases qu'il faut cocher et avec les documents qui vont avec."

Une situation incompréhensible

En ce 4 avril, Patrice Dupas est arrêté à un contrôle de gendarmerie alors qu'il s'apprête à franchir le pont de l'île de Ré. Ce week-end là, les forces de l'ordre réalisent 7.200 contrôles! Les gendarmes lui interdisent alors l'accès, le verbalisent et lui demandent de rentrer chez lui. 

C'est inhumain et anormal !
- Patrice Dupas, conducteur verbalisé

Le témoignage vidéo de Patrice Dupas, recueilli par Patricia PérinTrois jours plus tard, Patrice Dupas apprend le décès de son père. Il assure s’être pourtant renseigné avant de partir et dit avoir même appelé le médecin pendant le contrôle afin qu'il explique la situation aux gendarmes. Mais rien n’y a fait.

Il se souvient aussi que, quelques heures plus tôt, lors d'un premier contrôle sur l'autoroute A 10, il avait présenté les mêmes documents et que les gendarmes l'avaient alors laissé poursuivre sa route.

Son incompréhension est totale

"C'est inhumain et anormal, surtout pour une raison impérieuse", témoigne Patrice Dupas. "Ce n'est pas moi qui l'ai mis sur le document dérogatoire de sortie. C'est noté ! Je n'allais pas à un anniversaire ou à la pêche ! Je n'ai pas pu le voir alors que j'aurais pu, le samedi, passer un moment avec lui et lui dire au revoir. Malheureusement, je n'ai pas pu le faire."

Patrice Dupas a saisi l’IGGN, l’Inspection Générale de la Gendarmerie Nationale. Une enquête était toujours en cours, jeudi. Au vu de l'émotion que suscite cette histoire, il semble qu'elle sera traitée rapidement.

Comme elle le confirme dans son communiqué diffusé sur Facebook, la gendarmerie a d'ores et déjà demandé au parquet de La Rochelle d'annuler l'amende de 135 euros.
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