L'académicien et parolier décédé le 24 mai avait fait construire une résidence secondaire aux Portes-en-Ré où il venait depuis l'enfance. C'est dans le cimetière de la commune où il avait choisi de reposer qu'il a été inhumé ce vendredi.
Il est le premier immortel inhumé dans le petit cimetière communal des Portes-en-Ré. C'est dans ce village situé tout au bout de l'île où Jean-Loup Dabadie venait depuis sa tendre enfance que l'artiste et académicien, décédé dimanche à l'âge 81 ans, a choisi de reposer pour l'éternité. Il y a été inhumé ce vendredi après-midi dans l'intimité, dans le caveau familial aux côtés de sa mère.
Autour de sa famille, quelques proches et amis parmi lesquels Jean Becker avec qui Dabadie partageait le même amour pour les Portes. "J'espère que ce ne sera pas trop triste ; il aurait aimé lui que ce ne soit pas trop triste" nous avait confié jeudi soir le réalisateur.
Les deux hommes, amis de longue date, se voyaient très régulièrement ; ils avaient travaillé ensemble sur plusieurs films. "On a fait La Tête en friche et Bon rétablissement. Il avait participé aussi à mon dernier film Le Collier Rouge. C'était mon ami et mon voisin sur l'île. J'ai perdu quelqu'un de très important dans ma vie."
Voir ici l'entretien qu'il nous a accordé.
Amoureux des Portes
"Jean-Loup Dabadie avait fait construire une maison dans les années 80 parce qu'il aimait beaucoup les Portes depuis son enfance, bien avant d'être célèbre" raconte le maire Michel Auclair. "Il venait souvent, c'était son refuge pour se concentrer et écrire, hors des périodes d'agitation mondaine". La maison en question, une belle demeure nichée tout au bout de la très prisée Patache, est un peu à l'écart du village. Jean-Loup Dabadie ne s'y cachait pas, son adresse figurait d'ailleurs dans l'annuaire. "Il était très abordable et entretenait avec tous ses voisins des relations très amicales."Portingalais d'adoption depuis l'enfance, Jean-Loup Dabadie avait écrit cet attachement. En 2005, il avait postfacé "Les Portes et le ressac du temps"* ; un ouvrage que Bernard Giraudeau, autre Portingalais d'adoption depuis l'enfance, avait d'ailleurs préfacé. Il y écrivait : "Nous n'étions pas d'ici. Nous sommes devenus d'ici. Mon grand-père avait eu cette lubie qui a changé d'un coup tous les rêves de la famille : tiens, si on allait à l'île de Ré cet eté ?". Puis il raconte les "étés heureux", ses parents qui avaient acquis "quelques arpents de terre et de sable dans ce petit triangle de la Redoute" et la "roulotte de ses grands-parents où ils ont dormi jusqu'à leur dernier été" route du Fier.
Comme une déclaration à ses chères Portes qu'il avait achevé ainsi : "il y a aujourd'hui un autre petit arpent qui ne nous appartient pas mais qui porte le nom de notre famille, dans le discret cimetière du village. Tout près de certains amis. Comme si, après la douceur de vivre ici, nous imaginions la douceur d'y mourir."
Avec Bedos au Paradis
L'annonce du décès de Jean-Loup Dabadie a suscité une vague d'hommages dans le milieu artistique. Il avait notamment écrit plusieurs chansons - dont Femmes je vous aime - pour Julien Clerc qui a tenu à saluer la mémoire de son "grand ami".Jean-Loup Dabadie était également très proche de Guy Bedos pour qui il avait écrit plusieurs sketchs, notamment le mythique "Bonne fête Paulette". Les deux hommes partageaient une très solide amitié. Dabadie était le parrain de Nicolas Bedos qui a salué la mémoire de son père, décédé ce jeudi, ainsi : "Embrasse Desproges et Dabadie, vu que vous êtes tous au paradis."* "Les Portes ou le ressac du temps : autoportrait d'un village rétais" - ouvrage collectif sous la direction de Michel Fruchard- éditions Cheminement (2005)