Sorti la nuit dernière de sa cale de construction pour rejoindre le port de commerce de Rochefort, le trois-mâts va s'élancer autour de 16H00 pour son premier voyage en direction de l'île d'Aix, au large des côtes de la Charente-Maritime.
C'est le grand jour pour la réplique de "L'Hermione", frégate sur laquelle La Fayette rallia les insurgés américains en 1780, qui pour la première fois au terme d'un chantier titanesque de 17 années va mouiller dans les eaux de l'Atlantique, saluée par des dizaines de milliers de spectateurs.
Sorti dans la nuit de samedi à dimanche de sa cale de construction pour rejoindre, en amont de la Charente, le port de commerce de Rochefort (Charente-Maritime), le trois-mâts va s'élancer autour de 16H00 pour son premier voyage en direction de l'île d'Aix, au large des côtes de la Charente-Maritime.
C'est une étape importante: faire naviguer "L'Hermione" en mer, on ne l'a jamais fait !
Des dizaines de milliers de spectateurs vont la saluer sur son passage, lorsqu'elle va, au moteur, descendre cette fois la Charente, pour goûter, au bout de l'estuaire, aux eaux de l'océan Atlantique.
Pour cette première navigation, la réplique, parée de ses gréements mais sans la totalité de ses voiles ni de sa mâture, en partie démontée pour passer sous le viaduc de la Charente, sera précédée d'une parade nautique et saluée par une chaîne humaine postée sur les rives de l'estuaire. En juillet 2012, 65.000 personnes avaient déjà assisté à la mise à flots de la coque sur le fleuve.
"C'est une étape importante: faire naviguer "L'Hermione" en mer, on ne l'a jamais fait !", s'enthousiasme Benedict Donnelly, président de l'Association Hermione-Lafayette qui compte aujourd'hui 8.000 adhérents.
Une première depuis deux siècles
En 17 ans, la construction du navire - 65 mètres de long et 47 mètres de haut - a mobilisé des artisans venus de France, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne et Suède, ainsi que des dizaines de bénévoles. Les plans du navire ayant disparu, il a fallu rechercher ceux du "navire-jumeau" de "L'Hermione"et travailler sur la base des rares peintures de la frégate, coulée en 1793.
Tout cela pour un budget de 25 millions d'euros, financé notamment par les quatre millions de visiteurs venus découvrir le chantier dans la ville-arsenal, mais aussi par les collectivités locales et des actions originales de financement participatif pour certaines pièces spécifiques du navire (proue, fanal...).
Sur le pont, l'heure est à la sérénité. L'équipage, formé de 18 professionnels et 54 volontaires, vit à bord depuis le 1er septembre, et a passé sa première nuit à bord.
Yann Cariou, ex-officier de marine de 57 ans, qui prendra le commandement de la frégate pour la traversée jusqu'à Boston, la première sortie sera aussi "l'occasion de voir comment réagit le navire et d'apprécier ses qualités manoeuvrières". "Mais surtout il y aura de l'émotion: c'est quand même "L'Hermione" et personne n'a fait naviguer un navire comme ça depuis deux siècles", se réjouit cet ancien commandant d'un autre trois-mâts prestigieux, le "Bélem".
Une fois la mâture remontée à l'île d'Aix, la frégate s'élancera pour plusieurs semaines d'entraînement en mer le long de la côte atlantique. Avant le retour mi-novembre à son port d'attache pour les derniers réglages et, enfin, le départ historique sur les traces de La Fayette.
En 1780, il avait fallu 38 jours au jeune marquis de 23 ans pour traverser l'Atlantique et annoncer aux insurgés américains le soutien de la France contre les troupes de la Couronne britannique. Il avait alors reçu de George Washington le commandement des troupes de Virginie, scellant son destin de héros de l'Indépendance américaine.