Un collectif d'enseignants et d'élèves du lycée Bernard Palissy de Saintes proteste contre l’expulsion prochaine d’un lycéen d'origine arménienne, arrivé en France avec sa famille en septembre dernier. Une pétition a déjà recueilli plus d'un millier de signatures.
Ce jeudi matin, Aleks, 17 ans, a retrouvé quelques camarades et certains de ses enseignants, devant les portes du lycée Bernard Palissy, où il est scolarisé depuis la Toussaint. Le jeune homme est arrivé en France en septembre dernier, avec sa mère et ses trois soeurs, après avoir fui Belgorod, en Russie, une ville proche de la frontière avec l'Ukraine.
Prise en charge par le Centre d'accueil des demandeurs d'asiles de Saintes, la famille s'est rapidement intégrée, les enfants ont appris le français. Mais fin juin, sa demande d'asile a été refusée et tous risquent désormais l'expulsion du territoire français. Une décision dénoncée par les syndicats enseignants de Charente-Maritime, qui ont interpellé le préfet dans un courrier.
Aleks est un élève très impliqué dans sa scolarité, il a appris le français à vitesse grand V. On ne coupe pas comme ça un élève en plein vol, notre but, c'est de l’accompagner jusqu’au bac, de le faire réussir. D’avoir accompli tout ça et le voir repartir, d’autant plus à Belgorod où le conflit a explosé, c’est inconcevable !
Olivia Gaillardprofesseure au lycée Palissy
La professeure principale d'Aleks a lancé mardi une pétition de soutien à sa famille. Celle-ci a déjà recueilli 1 300 signatures, dont celles de camarades du lycéen. Tous saluent l'implication du jeune homme dans sa scolarité et les activités proposées par l'établissement.
Pour une famille aussi nombreuse et aussi jeune, la renvoyer sur le front alors que nous sommes une terre de fraternité, c’est quelque chose d’impensable.
Leniélève du lycée Palissy
D’origine arménienne, la famille a dû quitter son pays une première fois en 2018 en raison de l’insécurité liée au conflit du Haut-Karabagh. Elle s'est réfugiée en Russie, où la mère d'Aleks et ses enfants ont été naturalisés. Mais le déclenchement du conflit russo-ukrainien et la probabilité d'une mobilisation les ont poussés jusqu'en France.
En France, je pourrais devenir médecin, je veux continuer le rugby, la guitare… J’ai très peur de retourner Russie, pour moi et ma famille. Je serais envoyé à la guerre. J’espère que la France va continuer à m’aider.
Aleks Makoyan
Asya, sa maman, était pharmacienne en Arménie. Elle espère pouvoir de nouveau exercer son métier, en France cette fois.
Je souhaite apprendre le français, travailler dans une pharmacie ici, si j’ai des papiers, pour que mes enfants puissent vivre dans le calme et avoir une éducation.
Asya Grigoryantsmaman d’Aleks, Alla, Milana et Liliana
La famille devra rendre son logement à la fin du mois. Celui-ci avait été mis à disposition par le centre d'accueil des demandeurs d'asile de Saintes, dont la prise en charge s'arrêtera. Le collectif de soutien a lancé une cagnotte en ligne pour aider Aleks, sa maman et ses soeurs.