Touchés par des taux de mortalité d'abeilles exceptionnels cette année, les apiculteurs se mobilisent ce jeudi à la Rochelle et un peu partout en France pour demander un plan de soutien au gouvernement. Ils dénoncent l’utilisation des néonicotinoïdes, ces insecticides "tueurs d'abeilles".
La colère est nationale, les apiculteurs se mobilisent un peu partout en France ce jeudi.
Ce matin à La Rochelle, ils étaient une quarantaine de manifestants, tous vétus de combinaisons blanches, à s'être rassemblés devant la préfecture pour réclamer un plan de soutien exceptionnel au gourvernement.
En Charente-Maritime, les apiculteurs alertent sur un taux de mortalité qui atteint 65% en moyenne dans les ruches. Ils demandent que des études scientifiques soient menées pour déterminer les causes de cette hécatombe.
Ecoutez la réaction de Maurice Douteau, apiculteur. Il répond aux questions de Florent Loiseau.
Le 14 mai, 70 apiculteurs s'étaient déjà mobilisés à La Rochelle pour tirer la sonnette d'alarme.
A Paris, des apiculteurs se sont réunis place des Invalides tandis que d'autres rassemblements ont lieu à Laon, Strasbourg, Périgueux, Quimper, Rennes, Tours et Lyon.
Cette année est vraiment record en terme de mortalité dans notre secteur", déplore Loïc Leray, apiculteur en Loire-Atlantique et vice-président de l'Union nationale de l'apiculture française.
L'UNAF est à l'origine du mouvement avec trois autres organisations apicoles et la Confédération paysanne.
La Bretagne est particulièrement touchée par ce fléau, 20.000 colonies d'abeilles sont mortes cet hiver.
Mais "c'est quasi-général" à travers la France, assure Gilles Lanio, président de l'Unaf.
Avant la mise sur le marché des néonicotinoïdes dans les années 1990, les ruches enregistraient une mortalité à la sortie de l'hiver de l'ordre de 3 à 5%, selon Loïc Leray qui estime que cette année les pertes ont pu monter à 60%, voire 90% du cheptel dans certains cas.
C'est un gros choc de voir notre cheptel mort", avertit l'apiculteur qui juge que le gouvernement n'a pas réalisé l'ampleur du phénomène.
Les organisations apicoles s'adressent directement à Emmanuel Macron
Elles lui demandent "de déclencher de toute urgence un plan de soutien exceptionnel aux apiculteurs sinistrés" et de "restaurer un environnement viable pour les colonies d'abeilles et les pollinisateurs", notamment en luttant contre les néonicotinoïdes qui s'attaquent au système nerveux des insectes et désorientent les pollinisateurs.
Selon l'Unaf, la France comptait en 2015 plus de 70.000 apiculteurs, dont une majorité de petits producteurs et entre 1,25 et 1,3 million de ruches.
Les néonicotinoïdes
En France, la loi sur la biodiversité de 2016 prévoit l'interdiction des néonicotinoïdes à partir du 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles au cas par cas jusqu'au 1er juillet 2020.Au niveau européen, trois néonicotinoïdes - clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride - seront interdits à compter de décembre dans toutes les cultures en plein champ.