À l’appel du syndicat Sud, une douzaine de soignants ont pris place sur le Vieux-Port de La Rochelle, ce jeudi 12 août, pour dénoncer l’obligation vaccinale qui leur est imposée. Ils réclament plus de moyens, et jugent la nouvelle disposition « hypocrite » et discriminante.
« Vaccinés ou pas on mérite le respect, pas la menace ». Le message inscrit sur leur chapiteau est clair, et leurs revendications aussi. Ce jeudi 12 août, une douzaine de soignants ont protesté contre l’obligation vaccinale des personnels d’établissements de santé, et l’extension du pass sanitaire aux hôpitaux.
Depuis la promulgation le 6 août de la loi relative à la gestion de la crise sanitaire, les échéances sont connues. Les derniers réfractaires ont jusqu’au 15 septembre pour se faire administrer au moins une des doses de vaccin contre la Covid-19. Après le 15 octobre, ils devront être totalement vaccinés. Une disposition vue comme « une menace », car en cas de refus de vaccination les soignants s’exposent à une rupture de contrat, ainsi qu’à une suspension du droit d’exercer. Chez les personnes mobilisées ce jour-ci un seul mot d’ordre : de la « pédagogie », pour faire comprendre leur position.
Une charge supplémentaire dans un secteur en tension
« On n’est pas contre la vaccination, on reconnait son utilité certaine dans la protection de la population et des soignants, mais on s’inquiète car des collègues hésitent encore par manque de recul » indique à un passant Caroline Avril, infirmière à La Rochelle, et représentante syndicale à SUD. Dans le groupe hospitalier La Rochelle-Ré-Aunis, 15% des membres du personnel sont non-vaccinés, quand 68% d’entre eux ont déjà un schéma complet. Avec cette nouvelle mesure, l’infirmière veut alerter sur le risque d’accentuation du manque de moyens. « On a besoin de leurs bras » lâche-t-elle.
« C’est très bien d’avoir fait ça, mais je pense que tout le monde devrait se faire vacciner » martèle Alain, un passant curieux qui a pris le temps de discuter avec elle. Bien qu’il adhère au discours de l’infirmière, sa position sur la vaccination est sans équivoque. « C’est important pour sauver la population, on n’a pas le choix. Quand on voit que dans certains pays on pleure pour avoir des vaccins... » déplore-t-il.
D’autres en revanche, sont plus sensibles à la question. Emmanuelle par exemple, s’informe sur les réseaux sociaux et est persuadée que les médias ne sont pas assez honnêtes sur la gestion de la crise épidémique. Pour se forger sa propre opinion et afficher son soutien, elle a choisi d’aller à la rencontre des soignants qui sont descendus dans la rue. « Je suis contre le pass sanitaire », explique cette militante. « J’ai participé à toutes les manifestations [NDLR : manifestations contre le pass sanitaire] les samedis ».
« Donner aux personnels les moyens de soigner »
Sur les tracts distribués par les membres du syndicat SUD, des revendications. En tête de liste, « donner aux personnels les moyens de soigner ». Chez les soignants comme dans le reste de la population, la question du pass sanitaire fait débat. Pour Christophe Geffré, infirmier et représentant syndical SUD, elle provoque même de l’agacement. « On nous a obligé à venir travailler même malades », s’énerve-t-il. « Entre vaccinés et non-vaccinés, nous ne sommes déjà pas assez nombreux […] Il faut trouver une autre solution, et on est là aujourd’hui pour expliquer ça tranquillement », souligne-t-il.
Autre point de crispation, l’extension du pass sanitaire à l’hôpital. « Cela implique que les patients soient triés, c’est absolument intolérable. » s’insurge Caroline Avril. « On dénonce cette mise en place du pass sanitaire qui discrimine une partie de la population. ».
En parallèle des mobilisations de soignants, un autre rassemblement est annoncé par les opposants au pass sanitaire, ce samedi 14 août devant l'Aquarium de La Rochelle.