"C'est incompréhensible. Il est en danger de mort". Vivant depuis dix ans en France, ce travailleur immigré est expulsé du pays

Gazmir Hoti, Albanais, a été arrêté par 20 policiers qui l'ont aussitôt conduit à Bordeaux et l'ont mis de force dans un avion pour son pays d'origine. Aide cuisinier au restaurant "La Marie Galante" à La Rochelle, son arrestation a pour conséquence l'arrêt du restaurant qui ne peut pas fonctionner sans lui.

Gazmir Hoti vit depuis dix ans en France. Cet Albanais a fui son pays et pour espérer avoir une vie meilleure. Il a vécu dans l’est de la France, dans un foyer pour demandeur d’asile, où il a rencontré sa compagne. Menacés par la famille de son amie, ils n’ont pas pu rester dans l’est de la France et sont venus s’installer en Charente-Maritime.

Il laisse sa femme et ses quatre enfants derrière lui

Gazmir Hoti a été expulsé ce mardi 27 août dans son pays d'origine, laissant sa compagne et ses quatre enfants livrés à eux-mêmes. Ce monsieur est connu des associations locales et du quartier : tous sont dans l'incompréhension et ne comprennent pas cette situation de reconduite à la frontière. Anna Maria Spano, adjointe au Maire de La Rochelle, soutient la famille dans cette épreuve : "les cabinets du maire et de la préfecture échangent à ce sujet. La mairie est solidaire à cette famille, surtout qu'il a un contrat de travail. Cette famille ne se fait pas remarquer par des délits ou des choses hors-la-loi. Je ne comprends pas comment on ne peut pas les aider ou leur donner des papiers alors qu'ils sont bien intégrés."

Débouté du droit d’asile et sous OQTF (obligation de quitter le territoire français), il a déjà été expulsé à plusieurs reprises. Menacé de mort dans son pays, il n'a pas pu se résoudre que de revenir en France, auprès des siens. "Il a eu une demande à payer de 500 euros pour rébellion contre la force publique la dernière fois qu'ils ont décidé de l'expulser. Cela a dû être marqué sur son casier judiciaire, et fait donc partie des délinquants, indique Éric Joyaux, de l'association Solidarité Migrants. L'espoir est que Gazmir puisse revenir, et que la préfecture assouplisse sa position. Pour le moment, la préfecture propose 20 000 euros à la famille pour rejoindre l'Albanie. Ce qui n'est pas possible puisqu'il est en danger de mort."

La sœur de Gazmir a quitté son mari. À partir de là, la famille considère que leur honneur est gravement atteint et que l'épouse doit être tuée par sa famille. Gazmir étant le frère, c'était à lui d'exécuter la sentence.

Éric Joyaux

Association Solidarité Migrants

La raison pour laquelle Gazmir est parti est due à une vieille loi coutumière albanaise, raconte Éric Joyaux : "la sœur de Gazmir a quitté son mari. À partir de là, la famille considère que leur honneur est gravement atteint et que l'épouse doit être tuée par sa famille. Gazmir étant le frère, c'était à lui d'exécuter la sentence. Ayant refusé cela, c'est lui qui risque sa vie à son tour. Toute sa vie, il sera en danger dans ce pays."

Sans lui, son patron est contraint de baisser le rideau

lui et sa compagne ont dû quitter le logement en août 2021. Accompagnés par des bénévoles de l'association Solidarité Migrants, ils sont hébergés par cette dernière, qui paye via un collectif de donateurs le loyer depuis cette année-là. Bien que sans papiers, Gazmir Hoti a recherché avec acharnement du travail. Il a travaillé pour un restaurateur de La Rochelle d’avril à novembre 2023, puis a trouvé un employeur en mai 2024, Patrice Modolo, qui le soutient dans ses démarches pour obtenir ses papiers.

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Une incompréhension totale pour ce restaurateur de "La Marie Galante" dans le quartier des Minimes, et qui est contraint de fermer boutique. "Dans l'immédiat, oui, je suis fermé, le temps que je retrouve quelqu'un, ce qui est très compliqué dans notre métier. Je suis dans l'incapacité de travailler tout seul, explique Patrice Modolo. C'est incompréhensible, ce sont des travailleurs... C'est rare de trouver des gens comme ça. On a du mal à trouver des gens qui veulent travailler, qui veulent s'investir… Pour moi, c'est une personne exceptionnelle. Je ne trouve pas normal qu'on lui fasse ça, surtout avec une telle violence."

Si pour le moment sa situation professionnelle est complexe, le restaurateur est beaucoup plus inquiet pour la famille de Gazmir Hoti. À l'heure actuelle, ce dernier se cache quelque part dans les rues de Tirana, la capitale albanaise.