Chaque année dans le Golfe de Gascogne, les dauphins victimes de la pêche intensive sont plus nombreux. L'association France Nature Environnement à intenté une action devant le Conseil d'Etat contre le gouvernement et la ministre de la mer, accusés de ne pas se conformer aux exigences de l'Europe.
On estime à environ 180.000 le nombre de dauphins communs vivant dans l'Atlantique. Mais ces mammifères marins sont de plus en plus nombreux à périr capturés dans les filets de pêche des chalutiers et à venir s'échouer sur le littoral. Depuis le début de l'année 2021, on a déjà retrouvé près de 500 dauphins morts sur les plages de l'Atlantique. Face à cette hécatombe qui ne cesse de croître alors qu'il s'agit d'une espèce protégée, France Nature Environnement a déposé un recours devant le Conseil d'Etat pour non conformité avec les exigences de la Commission Européenne. En 2020, l'Europe avait demandé au gouvernement français de prendre des mesures d'urgence pour réduire la mortalité des dauphins, victimes de filets de pêche dans le Golfe de Gascogne.
France Nature Environnement : "aucune mesure efficace n'est prise"
Selon la porte-parole de France Nature Environnement, cette demande n'a pas été respectée. Elle affirme que le gouvernement n'a adopté aucune mesure cherchant à mettre fin rapidement à ces décès accidentels.
France Nature Environnement qui représente de nombreuses associations de défense de l'environnement travaille avec le ministère de la Mer depuis plusieurs années au sein de groupe de travail et dénonce "l'inactivité" du gouvernement sur cette question. L'association estime que la ministre de la Mer, Annick Girardin, essaie de "gagner du temps au lieu de prendre des mesures efficaces".
Au groupe de travail, elle a refusé de prendre des mesures d'urgence en disant qu'elle va en prendre d'autres qui seraient tout aussi efficaces. Mais ces mesures sont tout sauf des mesures d'urgence alors que l'on atteint en ce moment un pic d'échouage extrêmement important et jamais vu, ces dernières années pour un mois de janvier, ce qui augure une année catastrophique.
Des efforts ont été faits par le monde de la pêche, notamment avec l'installation de pingers sur les chalutiers pélagiques. Ces dispositifs acoustiques , obligatoires depuis 2020, émettent des ondes sonores destinées à éloigner les dauphins de la zone de pêche. Ces dispositifs ont été rendus obligatoires le 1er janvier 2020 mais très peu d'équipages ne l'ont encore dopté. Des caméras ont été installées sur quelques bateaux, des observateurs scientifiques ont été embarqués. Des campagnes ont été menées, aussi, par des ONG comme Sea Sheperd pour dénoncer les prises accidentelles de dauphins, mais aucune de ces mesures n'a vraiment démontré son efficacité.
Le nombre des dauphins échoués sur les côtes ne cesse d'augmenter et 80% des dauphins autopsiés ont été blessés par des engins de pêche . On sait aussi que ces dauphins retrouvés sur les côtes ne constituent qu'une infime partie de tous ceux qui sont tués en mer. Depuis janvier 2019, les pêcheurs français doivent déclarer les prises accidentelles de mammifères marins, mais la législation, là encore, peine à s'appliquer.
Une interdiction temporaire de la pêche pour protéger les dauphins
Pour France Nature Environnement, la seule solution, pour être efficace, serait l'interdiction temporaire de la pêche.
On ne règlera pas le problème des captures accidentelles qu'avec des pingers. En plus, le nombre des bateaux équipés correspond à moins de la moitié de ceux qui devraient l'être. On demande que la pêche à bord des chalutiers pélagiques et utilisant des filets maillants fixes soit temporairement arrêtée pendant que les dauphins sont sur la même zone qu'eux. Ils cherchent la même nourriture, les bars et les merlus capturés par ces pêcheries.On demande l'arrêt de ces pêcheries mortifères de janvier à la mi-mars. On peut continuer à pêcher dans le Golfe de Gascogne mais pas avec ces engins qui raflent tout et qui ne font pas de distinction entre poissons et dauphins.
Plusieurs associations et ONG comme sea Sheperd s'associent à cette demande d'interdiction de la pêche pélagique pendant que pêcheurs et dauphins sont sur les mêmes zones. C'est la cas de LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) et de son président, Allain Bougrain-Dubourg qui demande en parallèle des mesures d'accompagnement pour les pêcheurs.
Est-ce qu'on veut que les cadavres de dauphins se multiplient sur les plages ou est-ce qu'on veut laisser respirer l'espèce un moment ? Il existe actuellement un plan de relance pour aider les uns et les autres. Je pense que ce plan de relance pourrait aider les pêcheurs pour suspendre la pêche pendant une quinzaine de jours dans les zones sensibles. On en est vraiment là.
Allain Bougrain-Dubourg, président de @LPOFrance appelle à suspendre la pêche une 15ne de jours dans les zones sensibles pour "laisser respirer" les dauphins. 500 échouages depuis décembre, "on est dans une situation critique." pic.twitter.com/P8Ifpn2DTm
— Élodie Gérard (@F3ElodieGerard) February 17, 2021
Les scientifiques du Conseil international pour l’exploration de la mer (Ciem) recommandent eux aussi de fermer temporairement la pêche durant l’hiver.
Depuis 2016, plus de 10.000 dauphins sont victimes de la pêche pélagique, chaque année. Certains échouent sur les plages d'autres meurent au large, ces morts accidentelles correspondent à 10% de la population de dauphins communs vivant dans l'Atlantique. Ces mammifères marins sont pourtant classés parmi les espèces protégées.