La Charente-Maritime en compte vingt quatre sur son territoire, dont sept à La Rochelle. Alors que la crise sanitaire semble s’éloigner doucement, les responsables de ces structures tirent les enseignements et repensent l’avenir de leur activité. Trois directeurs rochelais témoignent.
« J’ai bouffé du Zoom durant plusieurs semaines, il n’y pas à dire, avoir des relations directes avec les gens, c’est quand même bien plus agréable »
A l’évidence, Jean-Claude Pilippart ne gardera pas un souvenir impérissable de sa période de confinement et de l’utilisation des systèmes de visioconférence.
Le directeur du centre socio-culturel Le Pertuis, dans le quartier de Mireuil à La Rochelle en a soupé. Pour lui, comme pour la quarantaine de salariés qui y travaillent et une large partie des 900 familles adhérentes de la structure, il est grand temps de renouer avec la vraie vie.
Les adultes et les séniors plus rapides que les jeunes
« On va encore ramer durant quelques temps avant de retrouver un quotidien stabilisé» estime ce professionnel, en poste depuis 2011.Pour autant, l’activité redémarre, depuis le 13 mai dernier. « C’est une reprise attendue, souhaitée et enthousiaste » souligne le directeur du centre social. Aujourd’hui, une trentaine de salariés a pu reprendre le travail. « On accueille tous les publics dans des formats plus réduits que d’habitude » précise t-il, distanciation physique oblige, mais ce n’est pas la seule explication. « Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les adultes et les séniors ont été plus rapides à nous rejoindre que les jeunes.» Aujourd’hui, une dizaine d’activités est proposée : sports, bien être, plein air mais aussi apprentissages et loisirs.
Il faut dire que beaucoup de personnes âgées du quartier ont mal vécu le confinement, certaines n’ont vu personnes durant deux mois. La réouverture du centre social était donc très attendue, et lorsque les activités ont repris, beaucoup nous ont dit merci, on a besoin de vous.
- Jean-Claude Pilippart, directeur du centre socio-culturel Le Pertuis
Des familles ont du mal à sortir du confinement
Du côté de l’enfance, force est donc de constater, que la donne n’est pas la même. Si l’accueil et l’aide au devoir sont de nouveau proposés, la fréquentation, elle, est en baisse. Une situation paradoxale dans un quartier où l’école primaire et le collège bénéficient du programme REP +, le Réseau d’Education Prioritaire Renforcé. « Il y a des familles qui ont du mal à sortir du confinement et certains jeunes exclus sont aujourd’hui, encore plus exclus » constate ce travailleur social.Internet, Pronote, les cours en ligne : tous les élèves ne sont pas a égalité.
Gégory Rudeaux confirme. Depuis quatre ans, ce quadragénaire dirige le centre socio-culturel Le Vent des Iles, à La Pallice, un autre quartier de La Rochelle. Ici, aussi l’activité n’a repris que partiellement et en observant des protocoles sanitaires strictes.
Comme dans tous les centres sociaux rochelais, les masques, le gel hydroalcolique, la distanciation physique, la signalétique, les panneaux de plexiglass et la désinfection régulière du matériel sont de rigueur.
Internet c’est bien, mais avoir le bon forfait, c’est déjà moins évident, sans parler du matériel informatique opérationnel et surtout des imprimantes nécessaires pour tirer les les cours et les exercices. Cela nous causé pas mal de soucis car de nombreuses familles n’en possèdent pas en raison du coût que cela représente.
- Gégory Rudeaux, directeur du centre socio-culturel Le Vent des Iles
Une réelle demande au niveau du numérique
Si ces deux mois de confinement ont mis en lumière l’isolement dont souffrent de nombreuses personnes âgées, ils ont aussi souligné la fracture numérique qui creuse un peu plus l’écart entre les différentes couches de la population.Les habitants de La Pallice n’échappent pas à la règle et une partie des quelques 900 familles adhérentes a été directement confronté à cette difficulté.
« Il y a une réelle demande de notre public au niveau du numérique » souligne Grégory Rudeaux, d’ailleurs, l’une des premières actions que nous avons mis en place depuis notre reprise d’activité, le 18 mai dernier, c’est l’aide à la déclaration d’impôts en ligne"
Véronique Fourn dresse le même constat dans le quartier de Saint-Eloi, toujours à La Rochelle.
Et c’est peut-être parce qu’ici durant cette période, beaucoup on pris la mesure de l’aide que pouvait apporter le numérique. « Nous avons pu créer du lien avec les habitants d’une autre manière grâce à un petit journal numérique de trois à cinq pages qui était adressé à nos 500 familles adhérentes via Facebook » explique Véronique Fourn. Au sommaire des Infos pratiques, des occupations pour les enfants et de l’humour. La formule a tellement bien pris que l’équipe réfléchit à la création d’une news letter qui fonctionnerait sur le même principe.Cette période de confinement nous a convaincu de la nécessité de mettre sur pied des ateliers informatique, la demande est là »
- Véronique Fourn, directrice du centre socio-culturel de Saint-Eloi, Beauregard et Lafond.
Au centre social de Saint-Eloi, l’activité reprend aussi progressivement même si l’établissement reste fermé pour le moment. La moitié des 22 salariés est toujours en télé-travail. La priorité a été donné à l’accueil des enfants et principalement à ceux qui ont repris l’école. « De manière a éviter le brassage conformément aux directives qui nous sont données» explique sa directrice.
« On a fait le choix, pour le moment, de ne pas reprendre les activités à destination des séniors, parce-que ce public reste plus à risque que les autres » explique Véronique Fourn. Mais pas question pour autant d’oublier les aînés. Comme le font l’ensemble de ces structures de la place rochelaise auprès des anciens, l’équipe de Saint-Eloi s’est adaptée.
Resserrer les liens, s’adapter, innover, c’est peut-être cela qu’aura apporté de positif cette période de confinement. Plus que d’autres, les centres sociaux prennent le pouls de notre société et sont souvent aux avant postes, notamment en période de crise.Nous avons en place un dispositif d’appels téléphonique à destination de 80 personnes isolées que nous avons identifié. Nous les contactons pour prendre de leur nouvelles tous les matins, tout au long de la semaine.
-Véronique Fourn, directrice du centre socio-culturel de Saint-Eloi
Alors que leur reprise d’activité est plus ou moins avancé, certains comptent bien tirer encore d’autres enseignements de cette épisode hors norme.
«Cela doit avant tout nous servir dans les relations humaines» conclut le directeur du centre social de Mireuil.