Premier match retour d'une série de trois, les Jaune et Noir affrontent dimanche les Wasps, battus une première fois 49 à 29 dimanche dernier. Jusqu'à présent, les Rochelais brillent par leur panache et leur détermination.
Insouciance et intensité: le novice Stade Rochelais semble avoir trouvé la bonne alchimie pour planer sur la grande scène européenne, qu'il dévore depuis trois journées en suscitant l'admiration, avant d'aller défier les Wasps dimanche.
Avant la démonstration de dimanche dernier face aux mêmes "Guêpes" (49-29), on avait déjà assisté par bribes à de telles leçons de rugby de la part des Rochelais, en championnat. On ne s'impose pas 38 à 15 au Racing (mars 2017), on ne fait pas voler en éclats Clermont 51 à 20 (septembre 2017) sans panache et détermination.
La Coupe d'Europe, "c'est une compétition que l'on ne connait pas, des équipes que l'on ne connait pas, on arrive le jour du match sans complexe, on s'approprie le truc et on ne le subit pas, on ne le traverse pas, on le vit", résume leur entraîneur en chef Patrice Collazo.on arrive le jour du match sans complexe, on s'approprie le truc et on ne le subit pas, on ne le traverse pas, on le vit (P. Collazo)
Le pedigree des Wasps parlait pourtant pour eux. Doubles champions d'Europe en 2004 et 2007, invaincus depuis cinq matches, les Anglais ont pourtant été broyés une heure durant. "C'est certainement la meilleure équipe contre laquelle j'ai coaché en Europe", a reconnu leur directeur du rugby Dai Young.
Brian Moore, l'ancien talonneur du XV de la Rose devenu chroniqueur peu amène envers les Français, a qualifié pour sa part les Maritimes de "Harlem Globetrotters du rugby" et indiqué espérer que "La Rochelle préfigure le retour du French Flair à l'ancienne".
Orgie de jeu
Si ces louanges ont probablement fait bomber quelques torses dans la cité portuaire, n'est-on pas en train d'assister à la naissance d'un style rochelais, comme il y a pu y avoir une école toulousaine il y a quelques années ?
La faculté des "jaune et noir" à mettre du volume, à faire vivre, avancer le ballon, n'a pu que plaire et alerter par les temps qui courent, surtout aux lendemains des sorties bien ternes du XV de France.
Dans cette orgie de jeu, quelques statistiques prennent tout leur sens: la mainmise du demi de mêlée Alexi Balès avec 127 passes effectuées (contre 111 pour l'ensemble des Wasps), et les 16 passes après contact réalisées contre 4 aux joueurs de Coventry.
"Les 200 ballons qu'on tombe à l'entraînement, ça sert au moins à quelque chose, on en tombe un peu moins là", ironise Collazo. "Quand le soutien est proche, les passes qu'on tente ne sont pas risquées, avec des solutions axe, intérieur, extérieur, donc le porteur n'est jamais en danger, il peut jeter le ballon, ça tombera dans les bras d'un coéquipier".
Car le danger vient de partout dans les rangs rochelais avec pas moins de sept joueurs ayant parcouru plus de 50 mètres ballon en main. Un chiffre colossal, digne des All Blacks.
Débauche d'énergie
Autre aspect primordial de cette réussite, l'arbitrage. Passer en une semaine de Montpellier en Top 14 "qui conteste tous les rucks, en étant à la limite partout avec des arbitres qui laissent faire", aux Wasps avec "un arbitrage qui favorise l'attaque avec des sorties rapides, pour nous c'est intéressant", assure le centre Geoffrey Doumayrou.
Élever le curseur, jouer à haute intensité, en restant collectif, voilà le plan, simple au demeurant mais consommateur d'une énergie considérable.
"Quand "t'emplâtres" les mecs pendant 35 minutes à ce rythme-là, encore heureux qu'à un moment donné le chauffage baisse", souligne Collazo.
Synonymes de bonus offensif pour le club anglais, les cinq essais encaissés dimanche - une première à Marcel-Deflandre depuis août 2015 contre Clermont - ont cependant rappelé que l'ensemble pouvait s'avérer friable. Si l'apprentissage n'est pas complètement terminé, le meilleur est peut-être à venir.