À quelques cinquante jours du départ du Vendée Globe Challenge, à La Rochelle, Yannick Bestaven peaufine son entraînement avec un co-équipier de luxe, Roland Jourdain.
Dans le bassin des Chalutiers, non loin des deux Tours de La Rochelle, impossible de ne pas repérer la carène affutée de Maître Coq et ses longues moustaches vert pomme. Les passionnés de voile se sont désormais habitués à ces fameux foils, ces appendices qui font voler les bateaux et qui ont, depuis quelques années, indiscutablement donné une nouvelle dimension à la course au large. Désormais sur ces IMOCA, comme Maître Coq, ces bateaux de 18 m qui font le tour du monde tous les quatre ans au départ des Sables-d'Olonne, le marin s'ennuie un peu quand il descend en-dessous de 25 noeuds. Alors certes, on ne parle que de 45 km/h, mais c'est déjà une vitesse plus qu'"honorable" quand se déplace sur la grande bleue...
Le 8 novembre prochain, ils seront trente-trois sur la ligne de départ et Yannick le sait, il va moins vite que les foilers de dernière génération comme "L'Occitane en provence" d'Armel Tripon ou le "Charal" de Jérémie Beyou. Mais sa dernière escapade lors du Vendée - Arctique - Les Sables d’Olonne en juillet dernier a été riche en enseignements.
Après tout, Maître Coq, ex Safran II, est le sistership, la copie conforme du bateau d'Armel le Cléac'h quand il a gagné le dernier Vendée Globe. Depuis deux ans, avec son équipe, Yannick a pris le temps de le mettre à sa main, de le modifier pour plus d'efficacité et, surtout, d'apprivoiser la bête. Alors oui, ses moustaches sont bien plus courtes que les autres mais, sur un tour du monde, l'important, c'est d'abord de les ramener à bon port.La Vendée Arctique a permis de se jauger les uns les autres. Comme tout sport mécanique, ça évolue vite la voile mais, même si on savait qu'il y aurait des différences de vitesse, les écarts n'ont pas été si importants que ça puisque je finis sixième à quatre heures du premier après onze jours de mer.
Le Vendée Globe, ça sera complètement différent. Ça va être de l'endurance et de la fiabilité autant pour le bateau que dans la tête du bonhomme.
Roland Jourdain en équipier de luxe
Car évidemment avec ces nouveaux appendices, on multiplie les risques d'heurter des objets flottants non identifiés. En attendant, le rochelais s'entraîne trois fois par semaine dans les pertuis charentais. En ce moment, c'est un équipier de haut vol qui seconde Yannick, l'ancien propriétaire du bateau, double vainqueur de la Route du Rhum et qui, par deux fois, a tenté de boucler un Vendée Globe. Oui, vous l'aurez deviné, c'est Bilou, Roland Jourdain. La dernière fois, en 2009, sur "Veolia Environnement", c'est une baleine qui avait endommagé sa quille et qui l'avait contraint à l'abandon. Comme le permet le règlement de la course, il est officiellement le skipper de secours si jamais Yannick ne pouvait pas prendre le départ. Ce qu'il ne souhaite pas évidemment.
Rendez-vous donc le 8 novembre à 13h02 devant les Sables d'Olonne. Demain donc et pourtant qu'ils vont être longs ces cinquante jours qui nous séparent du départ. Tout le temps qu'il faut pour préparer son sac, ranger ses bouts et bichonner ses moustaches. Avec l'âge, Yannick Bestaven semble s'être quelque peu assagi. Pas sûr pour autant que, comme pour ses premières courses, il ne ronge pas son frein sur le quai du bassin des Chalutiers.Yannick n'a plus besoin de mes conseils, il connaît la boutique bien mieux que moi ! Il a superbement amélioré le bateau depuis l'année dernière. je le redécouvre un peu là, tous les domaines ont été optimisés, c'est vraiment top.
Olivier Riou et Marc Millet ont rencontré le skipper :