Une étude récente a démontré une pollution des sols d'un quartier de la commune de Tonnay-Charente, 30 fois au-dessus de la norme exigée. 80 jardins de maisons sont concernés par cette contamination, ce qui fait craindre le pire aux habitants.
La peur et l'angoisse de quitter leur domicile s'emparent des habitants d'une zone pavillonnaire de Tonnay-Charente, une commune voisine de Rochefort.
Des carottages en profondeur — un type de forage d'exploitation visant à prélever un échantillon du sous-sol à l'aide d'un carottier — ont confirmé une pollution importante dans les sols. Les analyses montrent une forte présence en zinc, en cadmium ou bien de plomb. Et ce, 30 fois au-dessus de la norme.
Des habitants préoccupés
Un courrier des autorités sanitaires a été envoyé aux habitants. Cette lettre ne fait que renforcer l'inquiétude et le désarroi de la population. Il y est écrit : "cette étude ne permet pas d'exclure un risque sanitaire lié à l'usage de votre parcelle". "Ça veut dire que l'on va devoir vivre ailleurs ?", s'interroge Guy Errakhli, propriétaire depuis 1999 d'une de ces maisons pavillonnaires.
Guy Errakhli n'ose même plus sortir dehors dans son propre jardin. "Qu'est-ce que va m'arriver si je marche sur cette pelouse ? Comment vais-je être intoxiqué ?" Entretenant son petit chez-soi et ayant la main verte, Guy est dévasté. "J'avais un petit potager, je l'ai abandonné depuis un an. On en a mangé des choses… Qu'est-ce que je vais avoir ? Qu'est-ce qui va m'arriver ?"
Il faut que les autorités publiques se réveillent un peu.
Gérard Gardermembre de l'association Pays Rochefortais Alert'
Il est loin d'être le seul concerné par ce problème. Quatre hectares de terrain seraient potentiellement contaminés sur lesquels se situent 80 pavillons. Patrick Chagneaud, habitant du quartier depuis 1997, partage cette inquiétude : "Il y a un lotissement, avec des enfants, des petits-enfants... tous ces gens-là doivent savoir ce qu'il se passe".
Une ancienne fonderie mise en cause
L'association Pays Rochefortais Alert', agissant pour la protection de l'environnement face aux pollutions et aux nuisances, pointe sévèrement du doigt l'urgence de ce dossier. "Quels sont les autres terrains ? À quelle hauteur de pollution ?", se questionne Gérard Garder, membre de ladite association. "Il faut que les autorités publiques se réveillent un peu".
La zone pavillonnaire touchée par cette pollution des sols se situe à proximité de l'Asturienne des Mines, une ancienne fonderie de zinc et de plomb, aujourd'hui détenue par la société Timac Agro. De plus, ce producteur d'engrais chimique est soupçonné d'avoir déversé des produits toxiques polluant l'eau et l'air environnant en juillet dernier.
Alertée, la mairie de Tonnay-Charente renvoie la responsabilité du manque d'informations sur le sujet au service de l'État. Éric Normand, élu en charge de la communication de la commune, attend "des compléments d'analyse pour voir l'éventuelle diffusion de produits dans les sous-sols".
Une nouvelle commission est prévue le 17 octobre 2023 avec le préfet Nicolas Basselier, dans le but de dresser un état des lieux élargi de la situation.
Reportage de Sophie Wahl.