FRANCOFOLIES 2024. "J'avais peur de me remettre face à mes maux" : Nochka, ambassadrice d'une jeunesse à la santé mentale fragile

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Nochka, de son vrai nom Nolwenn Pardon, sort son tout premier album intitulé "Paris, capitale de la solitude." Découverte par le grand public avec l'émission The Voice, elle participe pour la première fois aux Francofolies de La Rochelle. Nous l'avons rencontrée.

Originaire de Saône-et-Loire, l'artiste Nochka s'est fait connaître avec des reprises de chansons sur les réseaux sociaux, puis lors de la saison 12 de l'émission The Voice en étant coachée par le duo toulousain Bigflo & Oli. Sélectionnée au chantier des Francofolies, elle participe pour la première fois au festival rochelais cette année. Entre dépression, rupture sentimentale, pensées suicidaires ou encore acceptation de soi, l'artiste de 22 ans se dévoile comme la porte-parole des maux de la nouvelle génération.

Pourquoi avoir choisi ce pseudo, Nochka ?

C'est mon surnom, mais il me saoule (rires). En ce moment, je suis en train de me dire si je ne vais pas récupérer mon nom et mon prénom, mais comme je suis en plein développement, si je le change maintenant, les gens vont être perdus. "Nochka" veut dire petite nuit en russe : comme je fais beaucoup d'insomnies, ce surnom me colle encore bien à la peau. Mon frère et ma soeur étaient partis en voyage en Russie dans le cadre de leurs études : quand ils sont revenus, ils m'appelaient "Nochka", "Nochkita" ou "Nochkaya", et du coup, c'est resté.

À la base, je l'ai choisi parce que je n'aimais pas mon nom et mon prénom. Je pense que c'est surtout à cause de l'école : quand les profs nous appelent "mademoiselle Pardon" ou "Nolwenn", sur un ton où l'on sait que l'on va se faire engueuler, je ne pouvais plus le supporter. On m'appelait aussi Nolwenn Leroy ou Pardon...

Votre album s'intitule "Paris, capitale de la solitude." Pourquoi ce nom ?

Pour deux raisons. J'ai un cousin, qui est décédé il y a dix ans, et qui avait un jour griffonné ça sur sa table. Ce n'est pas moi qui ai inventé cette phrase. On avait récupéré ses affaires dans sa chambre et j'étais en mode : "cette phrase, elle est trop belle ! Un jour, je m'en servirai."

Quand je suis arrivée à Paris, j'avais des copains. Ensuite, on s'est éloigné et je me suis rendu compte, et encore aujourd'hui, que mon seul vrai entourage, c'est mon travail. Avec mes potes, ça ne tient jamais, c'est une relation très chaotique. Le fait d'avoir déménagé a fait que j'ai perdu le contact avec les potes de mon enfance. C'est une ville dans laquelle je me trouvais très seule et où il y a énormément de monde, de jeunes qui sont tous très seuls. J'aime bien aussi le contraste de "capitale", qui est quelque chose qui fédère, qui englobe, mais qui ne l'est pas tant finalement.

Sur cet album, on retrouve le titre "Pour te plaire", qui parle d'acceptation de soi, de rupture amoureuse. Et on a une mélodie qui fait penser à Halloween. Pourquoi avoir fait ce contraste ?

Ce morceau, je l'ai co-composé avec Laurent Lamarca, qui vit à La Rochelle d'ailleurs. Je lui ai donné des références de chansons de Lady Gaga des années 2010, avec une basse très lourde, mais aussi de musiques de films d'Halloween, où on retrouve le piano et une sonorité qui fait presque comptine. Ça fait un peu dessin animé, comme si un petit fantôme, un truc un peu mignon et gênant à la fois, marchait dans les escaliers, et puis qui glisse un peu, qui tombe... C'est une mélodie un peu coquine, dans le sens espiègle, et ça va très bien avec l'acceptation de soi, l'émancipation.

"Golden Gate" ou encore "Heureuse à nouveau" font écho à la chanson de Stromae "L'enfer", que vous avez choisi au moment de l'audition de The Voice...

Les deux morceaux, je les avais déjà écrits avant de chanter à The Voice. "Heureuse à nouveau" doit avoir au moins quatre ans. Quant à "Golden Gate", il a beaucoup évolué, on était plus sur du rock à la base : les paroles parlent d'elles-mêmes finalement. Celle-là, elle me faisait très peur : j'avais peur de me remettre face à mes maux. Mais ce sont les deux morceaux, pour moi, les plus importants de l'album : ils ont exorcisé des choses et m'ont permis d'avancer sur des sujets difficiles.

C'est une volonté de vouloir tout faire parce que j'ai commencé toute seule, en étant débrouillarde.

Nochka

Artiste

Quand l'album est sorti, je me suis senti très nue vis-à-vis de ces morceaux-là. C'est sur ces deux sons où j'ai eu le moins de retour, mais en même temps, les gens me disent que ce sont leurs préférées.

Il y a un featuring dans l'album, avec Olympe Chabert. Elle aussi est proche de Bigflo & Oli. Pouvez-vous nous parler de cette collaboration ?

Avec Olympe, on voulait faire un son ensemble. Quand on s'est retrouvé au studio, on s'est demandé de quoi peuvent parler deux filles. Et puis, on a eu le même idée chacune : on s'est dit que ce serait bien de faire parler deux filles, qui parlent du même gars, et se rendent qu'elles ont le même gars. Et on trouvait l'image chouette. J'ai même des idées pour un éventuel clip...

Vous avez sorti tout récemment le titre "Poupée." On a l'impression que le morceau est plus destiné à être un hit..

Il est vachement plus estival que les autres morceaux : on s'est dit, on va faire un hit, dans lequel tu dois rendre des comptes, tout en étant sans pitié. Le son a traîné sur un an : il avait beaucoup de potentiel et on s'est dit qu'il fallait vraiment en faire quelque chose. Le plus drôle, c'est que le premier couplet a été écrit par un homme : c'est comme s'il se mettait à ma place, tout en se taclant lui-même.

Écriture, chant, mixage, illustration des clips : c'est une volonté de votre part de faire tout, toute seule ?

Ouais. C'est une volonté parce que j'ai commencé toute seule en étant débrouillarde. Maintenant, c'est devenu difficile de travailler avec d'autres personnes, parce que j'ai des idées très précises dans ma tête, ce qui fait que je suis difficilement satisfaite quand quelqu'un d'autre fait le travail. Mais aussi parce que je n'ai pas trouvé quelqu'un qui soit une sorte de prolongement de moi-même.

Vous avez participé au chantier des Francos, et maintenant, vous faites partie de la grande famille des Francofolies !

Participer au festival, c'est trop cool ! Le fait d'y participer en étant de ceux du chantier, je trouve que c'est encore mieux. Cela me donne l'impression d'être avec une famille : il y a plein de visages que je reconnais, avec lequel j'ai passé des moments ensemble... J'ai un peu l'impression d'être en colo (rires). Je suis contente que le Chantier me fasse confiance et soutienne mon projet.

Et vous allez aussi monter sur la grande scène…

Oui, juste avant Luidji. J'appréhende beaucoup ce moment.

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