Un groupe d'élèves de l'école primaire de Villedoux a réalisé un court-métrage sur le harcèlement scolaire. Le film, qui met en scène un élève insulté par ses camarades, dans la cour et par messages sur son téléphone, a été récompensé par le Ministère de l'Éducation nationale.
Loin des yeux et des oreilles des adultes, dès l’école primaire, les réseaux sociaux peuvent faire des ravages. À Villedoux, les élèves de CM2 de l'école primaire ont réalisé un court-métrage de deux minutes pour sensibiliser au harcèlement scolaire.
VIDÉO. Court-métrage contre le harcèlement scolaire
Kevin Wodzynski, animateur de la maison des jeunes de Villedoux, les a aidés à réaliser le petit film, car pour lui, le harcèlement est une histoire très personnelle : "c'est quelque chose que j'ai vécu, que ce soit d'un côté ou de l'autre, d'une part harcelé conscient, de l'autre harceleur inconscient", confie-t-il.
C'est vrai que le harcèlement, c'est quelque chose qu'on imagine forcément méchant et conscient de la part des harceleurs, comme quoi tous les harceleurs sont censés être au courant qu'ils sont en train de faire du mal. Il peut exister ce qu'on appelle du harcèlement de masse, et il suffit même juste d'un message qui pourrait paraître innocent pour finalement faire partie d'un grand tout.
Kevin WodzynskiAnimateur de la maison des jeunes de Villedoux
Dans ce petit film, un enfant est harcelé par ses camarades à cause d'une photo partagée par son meilleur ami. Aux insultes dans la cour d'école succèdent une foule de messages sur son téléphone. Sans dire le mot, le court-métrage laisse deviner le suicide du garçon, et la culpabilité qu'il laisse derrière lui.
Dès l'école primaire, ce court-métrage montre aux plus jeunes la grande diversité du calvaire que peut être le harcèlement scolaire pour un enfant, et toutes les formes qu'il peut prendre. En CM2, Noé connaissait déjà le phénomène, mais avec la vidéo, il en a pris toute la mesure : "Pour moi, le harcèlement c'était des gens méchants qui voulaient faire du mal à quelqu'un d'autre", raconte-t-il.
"Dans la vidéo, on l'explique, si ça se trouve, c'est juste un message pour rigoler que tu peux envoyer sur une photo ou une vidéo marrante, mais qui peut se retourner comme du harcèlement si plein de personnes l'envoient."
Dans la même classe, Lilou a bien compris l'importance de ne pas garder sa souffrance pour soi : "Il faut en parler, même si ça te bloque des fois, tu ne veux pas trop en parler, mais en fait, c'est comme une expression, ton cœur, c'est une caisse et si ça va se multiplier les messages, à un moment la caisse, elle va exploser."
Une démarche bien encadrée
Dans l'école primaire de Villedoux, le harcèlement est un problème que l’on a pris à bras le corps. Le court-métrage permet aussi à l'équipe enseignante de trouver des relais auprès des élèves : "ça les a éclairés, ça leur a fait prendre conscience d'être les médiateurs au sein de l'école", affirme Agnès Moreau, la directrice de l'école. "Nous les adultes, nous sommes là, mais ils ne viennent pas forcément se confier aux adultes, donc déjà qu'il y ait des enfants qui puissent regarder, observer et venir nous en parler après."
Dans l'établissement scolaire, une salle dite "du bien-être" a été installée, pour accueillir quatre fois par semaine des petits groupes d'élèves et échanger avec eux, faire des jeux et les aider à reprendre confiance en eux.
Je voyais beaucoup d'enfants venir me voir régulièrement pendant le temps de récréation, donc avec le périscolaire, on a réfléchi à une solution pour mettre quelque chose en place où nous pouvions recevoir les enfants et parler librement et décharger les émotions pour qu'ils puissent retourner dans leur classe en étant bien.
Agnès MoreauDirectrice de l'école de Villedoux
Pour ce court-métrage, les enfants de l'école primaire de Villedoux ont obtenu la reconnaissance du Ministère de l'Éducation nationale avec le prix spécial "prévention du cyberharcèlement". Ils en sortent sans doute grandis, prêts à être plus attentifs aux autres, et solidaires.