"Il faut sauver le fort Boyard !", menacé par l'océan. Il sera restauré dès 2025 pour retrouver sa résistance d'antan

Le fort Boyard comme neuf. C'est le souhait de la Charente-Maritime qui souhaite restaurer les façades du monument historique, menacées par les aléas climatiques. Un chantier de 36 millions d'euros qui durera trois ans.

"Il faut sauver le fort Boyard !". La présidente du département de la Charente-Maritime, par ces mots, témoigne de sa volonté de préserver "ce trésor patrimonial". Depuis de nombreuses années, le fort, connu à l'international, subi les aléas climatiques (tempêtes, vagues) et se dégrade peu à peu. Malheureusement, c'est loin d'être terminé. En 1989, le Département devient propriétaire et depuis cette date, il investit régulièrement dans sa restauration (façade, murs, vigie, escaliers...).

Mais aujourd'hui, en 2024, les défis sont bien plus grands et différents. L'objectif est alors de le restaurer, pour le protéger et surtout pour le sauvegarder dans le paysage charentais maritime. Un chantier qui représente 36 millions d'euros. Dès le 2 mai, et jusqu'au 27 septembre, une concertation auprès du public aura lieu. Elle permettra de les informer sur le contexte et les enjeux liés à la sauvegarde du fort Boyard. Cette phase a également pour but de recueillir leur avis et de répondre à leurs interrogations sur le projet, ses caractéristiques et les conditions de sa réalisation. Ces avis feront ensuite l’objet d’un bilan et permettront de contribuer aux optimisations possibles.

De nombreuses restaurations par le passé

Le 6 février 1866 marque la fin de la construction du fort Boyard après 65 ans. Il fait office de fort pendant peu de temps et devient une prison pour une courte durée, en 1870. C'est un bâtiment qui demande tellement d'entretien qu'il est abandonné en 1913.

Il se détériore alors au fil des décennies. Le havre d’accostage et l’éperon ont notamment disparu et la risberme (ce qui consolide les murs) qui ceinture le fort s’est considérablement dégradée. Classé aux Monuments Historiques en 1950, il est racheté par plusieurs propriétaires, mais ils ne l'entretiennent pas.

En 1989, seulement, la Charente-maritime devient propriétaire du Fort Boyard et entreprend des travaux de restauration. Le monument commence alors sa deuxième vie. Une rénovation complète est réalisée : déblaiement, pose de menuiseries, construction de la passerelle en bois du premier étage, vigie. Après ces gros travaux, le célèbre jeu télévisé "Fort Boyard" fait son apparition sur les écrans et fait connaître ce bijou architectural au grand public. Pendant 20 ans, de 1996 à 2016, de nombreux travaux de restauration sont réalisés.

Un risque de ruine ?

Ces dernières années, des investigations ont permis d'identifier les dégradations. Aujourd'hui, la façade Nord-Ouest (l'éperon était alors installé sur cette face) du fort est plus altérée que les autres. Elle présente de grosses fissures.

La composition du monument est en granit sur la partie basse et en calcaire, matériau plus tendre et fragile sur les parties hautes. Une analyse met en évidence l'endommagement bien prononcé de la risberme, qui a par ailleurs quasi disparu sur les façades Sud-Ouest et Nord-Est, celles qui accueillaient autrefois le havre d'accostage et l'éperon. Ce qui reste de la risberme présente de nombreuses cavités et quelques abaissements.

Les fissures ne représentent pas de danger pour la pérennité du fort. Cependant, la disparition de l'éperon, du havre d'accostage et la dislocation de la risberme posent plus de problèmes. Des études et l'expertise de l'UBC Ingéniérie ont permis de conclure que si rien n'est fait pour la protection du bâtiment face aux courants et à la houle, le fort Boyard deviendra une ruine, inéluctablement.

Un chantier d'envergure

Suite à ces conclusions, le projet du Département consiste à restaurer les ouvrages de protection du fort, avec les technologies et les matériaux actuels, sans perdre son esprit originel. En détail, les travaux se concentreront sur la reconstruction d'un nouvel éperon de protection contre la houle et les courants marins sur la face Nord-Ouest, la restitution la plus fidèle d'un havre d'accostage, un "petit port", sur la face Sud-Est, et de la réfection de la risberme déjà existante et des blocs de protection pour éviter les effets d'érosion.

Au-delà d'assurer la protection et la pérennité du bâtiment, ces travaux permettent de restituer ce monument historique dans son intégrité originelle. Les différentes étapes de conception architecturale ont été présentées, aux services des Architectes des Bâtiments de France, des Monuments Historiques et de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement inspection des sites) pour aboutir à un projet partagé. Les ouvrages principaux, l'éperon et le havre d’accostage seront préfabriqués en un seul tenant et assemblés à terre, avant d’être remorqués par la voie maritime vers le fort.

Avant le début de la restauration à l'été 2025, il faudra obtenir un arrêté préfectoral qui autorisera les travaux, à l’échéance de mai 2025. La fin du chantier est prévue pour la fin 2027 ou le début 2028.

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