Depuis un peu plus d'an, la compagnie des mines arédiennes prospecte en Haute-Vienne, à la recherche de métaux rares et géostratégiques, qui pourraient être utilisés pour l'industrie.
Le gouvernement a annoncé, vendredi dernier des mesures de simplification pour diviser par deux, les délais d'instruction de permis de recherche pour certains métaux critiques comme le lithium.
La parcelle boisée ne porte que peu de traces de son passé. Nous sommes pourtant sur le site d'une ancienne mine d'or et d'argent qui a été exploitée jusqu’en 1996. Nous nous y rendons en compagnie d’un géologue et du directeur de la compagnie des mines arédiennes.
La géologue entre en action. Armé d'un petit marteau, il casse un fragment d'un rocher. Et là surprise. Son œil plaqué contre un œilleton grossissant, il constate : "Il y a quelques sulfures. On peut voir de la pyrite ici. Il y a un peu de chalcopyrite aussi et de la sphalérite aussi donc du cuivre et du zinc".
Le potentiel est là
En un peu plus d’un an, la compagnie des mines arédiennes a réalisé une étude documentaire complète sur le passé minier du Limousin. Dans notre région, on a exploité non seulement l’uranium ou le kaolin, mais aussi l’Or. Il en resterait encore beaucoup jusqu’à 150 g par tonnes, mais il faudrait énormément de moyens pour aller le récupérer.
"La prospection actuelle s'intéresse justement à l'or qui peut se trouver plus en profondeur puisque justement aujourd'hui, on est capables de l'exploiter. Au Canada, on a des mines qui descendent sans problème à deux kilomètres de profondeur" confie Patricia Chousseau, présidente de la maison de l'or du Limousin.
La compagnie des mines arédiennes s’intéresse à tout autre chose : des minerais rares devenus très importants pour l’industrie. Le BRGM a établi le potentiel minier en métropole. Le Massif Central et donc une partie du Limousin y figure en bonne place.
"On va vers une électrification de tous nos usages, donc il va falloir beaucoup de cuivre pour faire des câbles. Il va falloir pas mal de lithium pour faire des batteries. C'est tout un cortège de métaux qui étaient moins utiles à l'époque et qui n'étaient pas demandés en aussi grande quantité et que l'on cherche à étudier aujourd'hui" explique Thomas Poitrenaud, directeur de l'exploration de la compagnie des mines arédiennes.
Vers une future exploitation ?
Rien ne dit que des mines seront un jour rouvertes en Limousin. Car si un gisement est trouvé, il faut que l’on soit capable de sortir la roche, et d’en extraire le métal. Et quoi qu’il arrive, ces mines seront petites et devraient avoir un impact limité.
"Ce sont des choses qui sont indispensables, à faible teneur et très localisées. C'est quelque chose qui devrait être très acceptable sur le plan du paysage, environnemental et sociétal" précise Yves Guise, directeur de la compagnie des moines arédiennes.
Une question de souveraineté
Ces recherches sont menées à la demande du gouvernement. Car les tensions géostratégiques avec nos actuels fournisseurs sont nombreuses et poussent à une stratégie d'une plus grande souveraineté sur les métaux rares. Pour rappel, 40 % du Palladium est extrait en Russie. 53 % du lithium d'Australie, ce qui pose un problème écologique. À quoi bon construire des voitures électriques si les matériaux nécessaires à leur conception viennent de l'autre bout du monde où sont produits par des puissances désormais hostiles ? Par ailleurs, l'Europe consomme 30 % des métaux rares, mais n'en produit que 3 %. Une équation qui pose évidemment le problème de notre dépendance stratégique.
Le député alsacien Patrick Hetzel a beaucoup travaillé sur le sujet.
"Plus de 80 % des terres rares mondiales sont fabriquées par la Chine. Elle a là un avantage considérable et si la Chine décide pour diverses raisons d'augmenter les prix, ou alors de réduire les livraisons, nos pays peuvent être affectés. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous devons nous poser des questions, pas seulement à l'échelle de la France, mais à l'échelle européenne, sur l'exploitation minière".
On sait déjà qu’une mine de lithium va rouvrir dans le département de l’Allier. Elle sera exploitée par la société Imérys.