"Il y a des cavités d'une dizaine de mètres de longueur" : des sentiers littoraux interdits d'accès à cause de l'érosion

Avec une vue dégagée sur l’île d’Aix ou encore Fort Boyard, le sentier côtier de Chef-de-Baie à La Rochelle est particulièrement apprécié pour son paysage carte postale. Mais il est désormais fermé aux trois quarts et est détourné de la côte. L’objectif est de protéger les falaises, grignotées par la mer.

C’est une balade très prisée à la Rochelle : 1,5 km de littoral au bord des falaises pour rejoindre la pointe du Chef-de-Baie. Le parcours est désormais interdit d’accès, car il menace de s’effondrer, fragilisé par l’érosion marine. Pour des mesures de précaution, le tracé piéton a été déplacé de 50 mètres vers les terres.

Fermer une grande partie du sentier était nécessaire

Certains locaux restent sceptiques quant à la décision prise par la municipalité. "Que la falaise s’écroule, d’accord, mais que l’on recule le sentier de plusieurs mètres, on a encore de la marge quand même. Je comprends malgré tout que les gens s’interrogent. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de dangers, mais bon, je ne suis pas spécialiste non plus", s’interroge un retraité qui se promène avec sa compagne.

Sur le sentier littoral qu’ils foulent régulièrement, des trous béants se sont formés dans la roche, à cause des fortes pluies et des grandes marées. Il y a désormais urgence : "on a fermé ce tracé pour raisons de sécurité", précise Chantal Vetter, adjointe au maire de La Rochelle. "On pensait que l’on avait encore deux trois ans avant de prendre des mesures importantes, mais on a été pris de court par les tempêtes Ciaran et Domingos en octobre dernier. Le trait de côte a reculé et les cavités avaient encore augmenté, dont certains font une dizaine de mètres de longueur."

Des phénomènes de plus en plus fréquents

D’autres communes du département ont déjà subi les dégâts subis par cette érosion : à Saint-Palais-sur-Mer, la piste cyclable en bord de mer a été lourdement endommagée. Mais aussi au sud de l’île d’Oléron : les spécialistes constatent une érosion record de 20 mètres par an.

Ce phénomène d’érosion n’est pas nouveau, mais va être exacerbé par le changement climatique.

Éric Chaumillon

Professeur à La Rochelle Université

"L’érosion n’est pas présente sur tous les littoraux en Charente-Maritime, certains se comblent encore de sédiments, notamment dans la baie d’Aiguillon. Mais, c’est un phénomène important, notamment sur les plages", précise Éric Chaumillon, professeur à La Rochelle Université et auteur de "La mer contre-attaque !"

Cependant, les phénomènes d'érosion sont de plus en plus violents à cause du dérèglement climatique. "Le niveau de la mer s’était stabilisé depuis à peu près 6 000 ans : ce phénomène d’érosion n’est pas nouveau, mais va être exacerbé par le changement climatique. On a une élévation du niveau de la mer, de 4 mm par an à l’échelle globale, et donc 40 cm par siècle. Lorsqu’il y a une élévation du niveau de la mer de 10 cm, on parle de niveaux extrêmes. Ces niveaux sont alors multipliés par dix, ce qui va engendrer une érosion accrue à cause de vagues de plus en plus hautes", conclut-il.

Les falaises attaquées par l'érosion concernent environ 20 % du littoral charentais.