À Bourg-sur-Gironde, ce samedi 2 mars, un pan de falaise s’est effondré près des habitations. Les sols fragilisés associés aux fortes pluies sont à l’origine de ces effondrements, qui devraient se reproduire dans les prochains mois.
Vingt-cinq mètres de longueur, sur 20 mètres de hauteur. La taille du morceau de falaise qui s’est décroché ce samedi 2 mars au Pain de sucre, un lieu-dit de Bourg-sur-Gironde, est conséquent. Si cette fois, aucun dégât matériel ni humain n’est à déplorer, le secteur de l’estuaire n’en est pas à son premier effondrement. En mars 2021, c’est la commune voisine de Gauriac qui subissait une chute de terre. “Il y en a toujours eu, de façon régulière depuis le 20ᵉ siècle, il y en aura encore. C’est l’ensemble du linéaire de la falaise qui est concerné”, avance Christophe Garnier, ingénieur au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de Gironde.
Calcaire à astéries
De Gauriac à Bourg-sur-Gironde, sur près de 10 kilomètres, une falaise de calcaire à astéries s’étend. “C’est une falaise abrupte de 40 m de haut, qui a été fracturée et altérée par des facteurs météorologiques comme les fortes pluies, mais aussi l’action de l’homme”, indique Christophe Garnier.
Ces pluies diluviennes, qui balaient le département depuis plusieurs semaines, s’infiltrent ainsi dans la roche et humidifie les sols. “Elles vont se concentrer dans la roche et débouler dans le versant, en coulées de boue notamment. C’est ce qui s’est produit au Pain de Sucre”, illustre l’ingénieur.
Si les pluies sont l’une des causes de la fragilité de cette falaise de calcaire, le dérèglement climatique n’agit pas de la même façon que sur les sols argileux, facteur de nombreuses maisons fissurées dans la région. “Il n’y a pas ce phénomène de retrait et de gonflement selon les périodes de sécheresse et de pluies. Ce n’est pas du tout la même typologie de sols”, indique Christophe Garnier.
La végétation a aussi un rôle, avec le système racinaire qui s’insèrent dans les fractures et les ouvrent davantage.
Christophe Garnieringénieur à BRGM de Gironde
Ces conditions climatiques ne sont pour autant pas les seules causes de la fragilité de la roche. “Il ya d’autres facteurs comme la fragilisation de la falaise avec la présence de cavité créée lors des anciennes carrières”, explique Christophe Garnier.
Pour Pierre Joly, le maire de Bourg-sur-Gironde, la main de l'homme, qui a notamment planté des vignes sur le plateau, joue aussi dans la fragilisation de la roche. "Là où la végétation est maintenue, la falaise ne bouge que de façon habituelle. Dans les zones où elle a été bousculée, la pression liée aux précipitations est énorme", détaille l'édile.
Nouveaux épisodes
Malgré cette roche fragile, les habitations sont nombreuses, entre l’Estuaire et la falaise. “Ce sont des risques connus. Il y a des plans de préventions des risques établis depuis des années qui sont réactualisés. Tout est déjà pris en compte”, assure le membre du BRGM. Le maire de la commune prévoit déjà des pistes pour les prochaines années. "Ce sont des modifications qui vont se multiplier et qui vont forcément nécessiter des aménagements de la ville différents", explique Pierre Joly.
Il y aura probablement d’autres épisodes s’il y a de nouvelles précipitations, voire cet été, si on a un orage violent.
Christophe Garnieringénieur au BRGM de Gironde
Au Pain de Sucre, comme dans les communes alentours, la vigilance est de mise. "On a noté des instabilités de la roche, mais cela ne veut pas forcément dire que ce sera de grande intensité. Ce peut être des coulées de boues ou des éboulements moins importants”, prévient Christophe Garnier.
Dès lundi 4 mars, la mairie va faire appel à l'EPRCF de Gironde, un syndicat des carrières pour établir une expertise des sols du plateau. "On va regarder s'il y a des risques d'affaissement complémentaires, si l'eau est toujours présente ou si les risques sont moindres", explique Pierre Joly.