Ils construisent une barque mérovingienne à l'ancienne et sillonnent la Charente pour mieux comprendre la navigation du VIIIᵉ siècle

Suite à la découverte d'épaves mérovingiennes dans le fleuve Charente il y a un peu plus de 10 ans, des passionnés ont construit à l'identique la réplique d’une barque du VIIIᵉ siècle et elle navigue désormais sur le fleuve pour tenter d'en savoir plus sur la navigation de cette époque.

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C’est en 2011 que cette incroyable aventure commence, lorsque des archéologues découvrent, au fond de la Charente, trois épaves de bateaux datant de l’époque mérovingienne.

En 2016, le projet de reconstitution est lancé par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) avec différents partenaires comme l’Association pour la recherche et l’étude du patrimoine maritime et fluvial (AREPMAREF) qui rassemble une soixantaine de membres dont une majorité d’archéologues plongeurs bénévoles.

On a cherché à retrouver les techniques et les gestes qu’on utilisait à l’époque.

Camille Léret

Charpentier de marine

Le projet visait à reproduire un bateau synthétisant les trois épaves pour répondre aux interrogations non résolues lors des campagnes de fouilles. Camille Léret est charpentier de marine et il raconte l’esprit dans lequel ils ont travaillé pour cette reconstruction : « On a cherché à retrouver les techniques de l’époque avec des outils qui sont toujours utilisés, comme des herminettes ou des doloires. Après, on a accéléré un peu le chantier avec des techniques et des outils un peu plus récents, mais on a cherché à retrouver les gestes qu’on utilisait à l’époque. »

On est obligés de réapprendre tous les gestes que les Anciens faisaient. Ça demande une attention permanente.

Félix Gomez

Membre de l’Association de recherche et d’étude du patrimoine maritime et fluvial

Et ce n’est pas une mince affaire que de manœuvrer ce bateau d’environ deux tonnes, comme l’explique Félix Gomez, un des membres de l’Association de recherche et d’étude du patrimoine maritime et fluvial : « C’est une embarcation qui est très lourde et si on veut la manœuvrer, on est obligés de réapprendre tous les gestes que les Anciens faisaient, c’est-à-dire se servir du courant, avoir une lecture de la rivière particulière. Ça demande une attention permanente, il faut essayer d’anticiper les mouvements du bateau, les mouvements du courant et le vent aussi. »

Dans le cadre de ce qu’on appelle l’archéologie expérimentale, il s’agit maintenant de déterminer l’usage précis de ces embarcations grâce à ces sorties sur le fleuve Charente. Les fouilles des épaves n’ont pas permis de répondre à certaines questions. Trois interrogations principales demeurent : le mode de navigation, la capacité de charge et le lieu de navigation. Les premiers périples ont déjà permis d’éclaircir certains mystères. Jean-François Mariotti est archéologue subaquatique et membre fondateur de l’Association de recherche et d’étude du patrimoine maritime et fluvial : « Ce qui est surprenant, c’est le côté massif du bateau et la probabilité qu’il puisse transporter des blocs de pierre est assez élevée, d’autant qu’on a également retrouvé des blocs de pierre. On imagine aussi que ces barques mérovingiennes, retrouvées dans un fleuve, pouvaient naviguer sur la mer, tout près des côtes. »

L’objectif, c’est de faire connaître l’archéologie sous-marine, le patrimoine fluvial et les métiers de tradition comme la charpenterie navale.

Eric Normand

Adjoint à la ville de Tonnay-Charente en charge du tourisme

Ce projet scientifique et historique se révèle être aussi une vitrine touristique pour la Charente. Eric Normand est adjoint à la ville de Tonnay-Charente en charge du tourisme : « L’objectif, c’est de continuer l’expérimentation, de faire de la barque une sorte d’étendard de la basse vallée de la Charente, qu’elle puisse aller de port en port fluvial. C’est de faire connaître l’archéologie sous-marine et subaquatique, mais aussi un patrimoine fluvial et les métiers de tradition, comme la charpenterie navale. »

Pendant plusieurs mois, la barque mérovingienne continuera ses sorties fluviales. L’objectif pour 2025 est de tenter de rallier l’île d’Oléron pour déterminer si oui ou non ces bateaux naviguaient aussi en mer.

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