Jocelyn Bouyssy, directeur des Cinémas CGR, réagit au report de réouverture des lieux culturels

Prévu initialement pour le 7 janvier prochain, la réouverture des lieux culturels devra encore attendre un peu. Pas une surprise pour Jocelyn Bouyssy qui demande aux autorités plus de concertation dans les prises de décision.

Et le rideau sur l'écran est tombé. C'était le 16 mars dernier, dans le monde d'avant. Personne ne savait encore combien de temps nous serions privés de cinémas, de théâtre, de concerts, toutes ces activités "de loisir" jugées non essentielles. Il y eut bien une courte entracte entre deux vagues de pandémie, mais, à l'instar des bars, restaurants et discothèques, non, décidément, les gouvernants ne pouvaient, ne voulaient pas déconfiner la culture.

Dernier rendez-vous manqué en date, celui de jeudi prochain. "A ce stade, il semble très peu probable" que les salles de spectacle, les lieux culturels, les théâtres et les cinémas, "puissent rouvrir" le 7 janvier en raison de l'épidémie de Covid-19, affirmait le mercredi 30 décembre le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Encore un espoir de douché pour des structures comme La Coursive de La Rochelle ou le théâtre de la Coupe d'or à Rochefort qui caressaient l'espoir de retrouver leur public dans les jours à venir.

"Ce qu’il ne faut pas qu’on loupe, c’est les prochaines vacances scolaires"

"Moi, je n’avais aucun espoir pour le 7 janvier." Jocelyn Bouyssy, lui, n'est pas surpris par cette énième report. "Quand on vous parle de clause de revoyure pour le 7, vous savez que vous n’allez pas rouvrir le 8",explique le directeur général des cinémas CGR, "ça se prépare ; il faut du film à l’affiche. On préfère bien rouvrir quitte à ce que ce soit plus tard, plutôt que de faire n’importe quoi. Les jours qui viennent vont être déterminants".

Avant les fêtes de Noël, les représentants de la culture, dont les gestionnaires de salles de cinémas, avaient saisi le Conseil d’État pour demander par la voie du référé-liberté, une procédure d’urgence, la réouverture des lieux culturels. Demande rejetée sans surprise, mais Jocelyn Bouyssy a toutefois le sentiment d'avoir été entendu et garde espoir : "Nous ce qu’on espère, c’est que ce soit le 20 ou le 25 janvier. Ce qu’il ne faut pas qu’on loupe, c’est les prochaines vacances scolaires de février, parce que sinon..."

C’est une pandémie mondiale et nous, on s’adapte. On a toujours courbé l’échine. Ça fait des mois et des mois qu’on ferme, on ouvre, on ferme, on ouvre… on voudrait juste un jour qu’il y ait une cohérence et il semblerait que, pour une fois, il y ait de la communication entre les pouvoirs publics et la profession de manière à ce qu’on prépare une ouverture. C’est ce qu’on avait demandé au Conseil d’Etat, c’est-à-dire d’être intégrés dans ces prises de décisions.

Jocelyn Bouyssy, Directeur général des Cinémas CGR

Avec 71 complexes en France et 3000 salariés, le groupe CGR, basé à Périgny près de la Rochelle, a, comme la concurrence beaucoup perdu avec cette crise sanitaire. "On est dans un état financier catastrophique", détaille Jocelyn Bouyssy, "on a quand même la chance d’être dans un beau pays et on a eu des aides sectorielles. Ceci dit, ça ne suffira pas. Ca ne couvrira pas 10 % de nos pertes. On a, entre guillemets, mangé vingt ans de trésorerie dans le groupe. C’est très compliqué".  Dans son rapport annuel publié il y a quatre jours, le CNC tirait le bilan de cette annus horribilis pour le septième art après 162 jours de fermeture des salles: "Sur l'ensemble de l'année 2020, la fréquentation atteint 30% de celle observée en 2019". On enregistre en France 65 millions d'entrée contre 213 millions en 2019.

"On est les seuls au monde à avoir ouvert une salle « premium » en Arabie Saoudite"

Alors quid de 2021 ? Au-delà des prochaines vacances scolaires, le groupe CGR place beaucoup d'espoir dans le développement de leur concept de "Ice Theater", ces toutes nouvelles salles "premium" qui offrent aux spectateurs une expérience immersive avec des écrans supplémentaires sur les côtés de la salle et les dernières avancées technologiques en terme de son et d'images. Si les investissements devraient être limités pour cette année, le groupe se veut confiant malgré la concurrence des plateformes numériques.

On est à l’arrêt pour le moment. On a trois ou quatre cinémas en construction à La Ciotat et à Castres par exemple. Tout ce qui était acté ou commencé, on le continue, maintenant je vais réfléchir à deux fois sur les futurs projets. Mais il faut toujours positiver. On a notre salle « Ice » 100 % rochelaise et on vient d’en ouvrir une nouvelle à Djeddah et on sait, par toutes les études, que la salle « premium » est un axe d’avenir pour le cinéma. En plein marasme, on est les seuls au monde à avoir ouvert une salle « premium » en Arabie Saoudite. Ça veut dire qu’on est encore là, malgré les plateformes comme Netflix, Amazon et compagnie.

Jocelyn Bouyssy, Directeur général des Cinémas CGR

A la revoyure donc... en référence à cette fameuse clause qui permet aux autorités de reculer si nécessaire le jour tant attendu d'un retour à une certaine normalité. Comme dans le monde d'avant où on achetait, insouciant, un ticket de cinéma, une place de théâtre ou un billet pour un concert. Un jour peut-être...

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