Ils sont chaque année plus nombreux. Par conviction écologique ou par plaisir, les cyclistes abondent sur les routes, mais également dans les trains où la place qui leur est réservée reste limitée. Face à cette demande qui ne cesse de croître, la Région Nouvelle-Aquitaine et la SNCF se retrouvent quelque peu démunis par manque de moyen.

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Emmener son vélo dans le train relève parfois de l’épreuve. Dans les TER de Nouvelle-Aquitaine comme dans bien d’autres régions, les emplacements de vélos sont pris d’assaut face à la volonté - ou l’obligation - de laisser de côté la voiture pour se déplacer. Les rames surchargées par des vélos sont des scènes de moins en moins rares, tandis que les cyclistes tentent d'entreposer leurs montures où ils peuvent. Et d’autant plus l’été. Les lignes prisées par les vacanciers doivent faire face à l’afflux des cyclotouristes, chaque année plus nombreux.

Des cyclistes laissés sur le quai

"Nous avons des difficultés l’été, concède le délégué TER à la Région Nouvelle-Aquitaine, Jacky Emon. À certains moments, nous n’avons pas pu accueillir tout le monde." Des refus qui s’expliquent avant tout par le risque pour la sécurité des voyageurs que causerait l’entassement de vélos hors emplacement dédiés, selon l’élu. La SNCF est en droit de refuser l’accès aux cyclistes avec leurs montures "dès lors qu'il n'y a plus d'emplacement vélo disponible à bord du train", selon l’article D1272-7 du code des transports. Une réglementation qui occasionne des tensions, d’autant plus lorsque le train est loin d’être plein.

 

"Avant d’être élue, je suis une citoyenne qui a fait le choix de changer sa mobilité, je n’ai plus de voiture et le train est donc indispensable en plus du vélo, précise l’adjointe à la mairie de La Rochelle, Marie Nédellec. Je constate que les citoyens ne sont pas vraiment aidés à changer leurs modes de déplacements. Les trains sont parfois bondés, parfois vide, mais l’espace vélo reste limité."

Des trains sous-équipés pour accueillir des cyclistes toujours plus nombreux

Si les situations de surcharges sont monnaie courante, c’est avant tout que le vélo n’en finit pas de séduire. Notamment depuis la pandémie de Covid-19. Entre 2019 et 2021, la fréquentation cyclable a augmenté de 16 % en Nouvelle-Aquitaine et de 18 % sur l’ensemble du territoire. Pour le cyclotourisme, le chiffre est encore plus révélateur : +32 % entre l’été 2019 et l’été 2020. 

Face à cette demande grandissante, la SNCF peine à satisfaire pleinement tous ses usagers, qu’ils soient réguliers ou occasionnels. "C’est un problème qui ressort en permanence, mais il est difficile à résoudre. Il est évident que dans les trains qui comptent quelques emplacements, c’est impossible de mettre des dizaines et des dizaines de vélos", soulève Benoît Groussin, le président de la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports (Fnaut) Nouvelle-Aquitaine. Il évoque également des problématiques de sécurité des voyageurs.

Nous avons des limites financières. D’autant plus avec l’état du réseau ferroviaire qui est très dégradé. Ce n’est pas notre compétence, c’est une compétence nationale mais l’État se désengage de plus en plus.

Jacky Emon, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, délégué aux TER et à l'intermodalité

Actuellement, les rames TER de la région comportent six emplacements. La Région prévoit d’arriver prochainement à une dizaine. "Nos 62 rames vont être rénovées d'ici à 2026, c’est une belle occasion pour augmenter notre capacité d’accueil de vélos." Mais celle-ci reste loin de la trentaine de places disponibles dans les trains que propose la Région Pays de la Loire sur le parcours de la Loire à Vélo.

Une tendance accrue par l'essor du cyclotourisme

Pour autant, depuis 2021, la Région essaie de satisfaire au mieux la demande en finançant le dispositif "TER+Vélo" avec un wagon entier dédié aux vélos. Avec certaines limites : il n’est disponible que pour 4 lignes qui en sont pourvues, un seul aller-retour par jour existe de Bordeaux à La Rochelle et uniquement en juillet et en août.

Une solution qui ne permet d’enrayer qu’une partie du problème, selon Benoît Groussin. "Les cyclotouristes demandent plus de place, car ils ont des sacoches accrochées. Et maintenant, il y en a de Pâques à octobre quasiment. Notre région est particulièrement touristique avec la Vélodyssée et la flow vélo qui relie la Dordogne à l’Île d’Aix", fait-il remarquer. 

Tout comme Marie Nédellec, Benoît Groussin ne jette pas pour autant la pierre à la Région Nouvelle-Aquitaine qui fait preuve, selon lui, de volonté pour trouver des solutions. Mais se retrouve à faire des choix difficiles. "Nous ne finançons presque plus l’amélioration des performances sur nos lignes, car nous devons financer la remise à niveau des voies, pointe Jacky Emon. On se refuse de fermer d’autres lignes, nous préférons maintenir un service même un peu dégradé." L’élu régional dénonce un désengagement progressif de l’État dans les territoires. 

Une intermodalité à développer sans cesse

Face au manque de moyens, l’heure est plutôt aux solutions alternatives. "Ce problème, on le résout mieux quand on arrive à supprimer le vélo dans le train", constate le président de la FNAUT Nouvelle-Aquitaine, Benoît Groussin. Mais prévient : "Cela dépend des situations, ce n’est pas possible tout le temps", avoue le président de la Fnaut Nouvelle-Aquitaine, Benoît Groussin. La SNCF incite les cyclistes à laisser leurs vélos en gare. Pour cela, la Région accompagne financièrement les collectivités à créer des espaces sécurisés. 

"Pour les trajets quotidiens, la solution idéale est de laisser son vélo au départ et d’en louer un autre à l’arrivée, reprend l’élu à la Région Jacky Emon. Mais c’est seulement possible dans des grandes villes comme La Rochelle et Poitiers." Certains usagers utilisent même deux vélos, un au départ, l’autre à l’arrivée. Mais les solutions de parking sécurisées ne sont pas disponibles partout et sont insuffisantes comme le constatait Vélo & Territoires dans son Étude intermodalité vélo - transports terrestres, publiée en 2021. "Il faut que la Région aille plus vite", appuie Benoît Groussin.

Mais la solution miracle ne semble pas exister. Pour combler les manques, les différents acteurs dialoguent régulièrement pour travailler l’intermodalité. Ils s'accordent à dire que ces discussions leur permettent de prendre en compte les besoins des usagers et d'y répondre chaque année un petit peu mieux. Mais la demande est exponentielle, renforcée dernièrement par la hausse des prix du carburant. L’adjointe à la mairie de La Rochelle, Marie Nédellec appelle, elle aussi, l’État à prendre ses responsabilités : "Il va falloir que le gouvernement fasse quelque chose. Pour que l’on arrive à changer nos modes de mobilité, l’impulsion doit venir d’en haut, même si l’effort doit être collectif."

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