Le 16 juin 2023, un séisme détruisait une grande partie des habitations de la commune de La Laigne, en Charente-Maritime. Sept mois plus tard, le village est toujours figé. Les travaux de réparation ou de destruction n'ont pas démarré.
Il y a tout juste sept mois, la commune de La Laigne en Charente Maritime était touchée par une violente secousse sismique. Il n'y a pas eu de blessés, mais des dégâts matériels considérables. Plusieurs dizaines de maisons sont devenues inhabitables du jour au lendemain.
En cette mi-janvier, c'est le fracas du silence qui s'impose dans le village. Les rues sont fermées, les volets sont clos et aucune âme, ou presque, n'y vit. Le maire, Philippe Pelletier, se retrouve à la tête d'un bateau naufragé. "Beaucoup de maisons sont fermées et bâchées, beaucoup de gens sont partis et attendent pour revenir. Certains propriétaires habitent dans des mobil-home. Nombreux sont dans cette situation malheureusement", témoigne-t-il.
Des dizaines de maisons inhabitables
Soixante-quatre maisons ont été officiellement déclarées inhabitables, après le passage des experts. Pour Michaël Ratier, un des habitants de la commune, le verdict est tombé juste avant Noël. Sans surprise : "la maison est complètement ouverte comme un œuf à la coque", rapporte-t-il. De multiples fissures sont apparentes, elles font office de portes d'entrées pour les pluies abondantes. Les murs sont donc devenus des éponges. Dangereusement fragilisés, ils ne tiennent que par le poids de la toiture.
Cette humidité permanente pèse au quotidien sur la santé de la famille. "On ne le voit que quand on a les champignons qui montent au mur tout simplement. Si on ne voit pas ça, on ne sait pas. C'est très sournois", regrette le père de famille. La maison sera rasée, mais aujourd'hui, il est urgent de partir. "J'ai quatre filles, on est six avec deux chiens, donc la proposition d'habiter dans un mobil-home ce n'était pas possible".
"Je suis enraciné ici"
La question 'est pourtant posée. En effet, la mairie a fait installer une dizaine de mobil-home à l'entrée du village. Quatre sont actuellement occupés par des habitants sans solution. "Avec 926 euros de retraite... c'est compliqué. Pour l'instant, j'ai les six mois gratuits, mais après, il faudra que je paye tous les mois", confie Jean-Michel Dorin. Six mois, c'est le temps de la prise en charge des assurances. Pour beaucoup de sinistrés, ce délai touche à sa fin. Les rares logements disponibles ont été pris d'assaut, il faut donc s'éloigner de la petite commune pour trouver son bonheur. "Je suis venu à l'âge de 5 ans à l'école à La Laigne. Déjà 65 ans que je suis ici. Je ne vais pas m'en aller. Ce n’est pas possible. Je suis enraciné", poursuit le sexagénaire.
Une école provisoire a été replantée à l'entrée du village, presque tous les bâtiments municipaux sont inutilisables et plus aucun commerce n'est actif. Le retour à la vie de La Laigne va se compter en années.
Un séisme étudié par les scientifiques
L'intensité du séisme du 16 juin était de niveau 7, sur une échelle de 1 à 12 à La Laigne et de niveau 6-7 à Cran-Chaban. Plus de 600 répliques ont été enregistrées. La plupart étaient imperceptibles pour les habitants du fait de leur très faible magnitude, très loin de celle du 16 juin qui était de 5,3.
Il n'y a eu aucune conséquence au niveau du sol : pas de failles avérées, ni de terrains qui se sont affaissés. En revanche, il y a bien une faille active de forme verticale en sous-sol à environ 400 mètres de profondeur. Elle se situe entre le village de Cran-Chaban et celui de Sainte-Gemme, et mesure environ 2-3 kilomètres.
En Charente-Maritime, les sismologues se veulent rassurants. La France se trouve sur la plaque eurasienne, mais pas à la frontière entre deux plaques. Selon les scientifiques un séisme aussi fort pourrait se reproduire dans environ...1000 ans.