Marathon de La Rochelle : en course avec Vincent Delion, athlète malvoyant, originaire de Thouars

Relié par une cordelette à un guide, le Thouarsais Vincent Delion, termine le Marathon de La Rochelle avec un temps de 3h01. France 3 l'a suivi sur les 42km de course.

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Il a tout du marathonien, grand, élancé, le muscle fuselé. Sauf peut-être la vue. "Quand je vous parle, je ne distingue pas votre visage", explique Vincent Delion lors de notre interview. Depuis la naissance, le sportif souffre de rétinite pigmentaire, un ensemble de maladies génétiques qui abîme petit à petit ses yeux. "Avec mes lunettes, je n’ai qu’un dixième d’acuité et mon champ de vision est réduit à 10 degrés au centre." 

Chez lui, pas une once d’atermoiement. Il dégage une vraie rigueur, celle typique aux athlètes. Le Thouarsais multiplie les titres depuis des années, malgré son handicap. Tout commence à l’âge de 11 ans, lorsque ses parents l'inscrivent dans un club d’athlétisme. Le jeune garçon se prend peu à peu au jeu et se passionne pour la discipline. "Il avait trouvé son moyen d’expression, raconte sa mère, Christine. Alors, quand le club a menacé de fermer, je suis entrée dans le bureau et je suis devenue secrétaire." 

Tour de France 

Tout pour soutenir la pratique sportive de son fils. Depuis, avec son mari Jean-Claude, elle le suit sur tous les événements. "On a fait le tour de la France", s’amuse le père, avant de citer une myriade de villes : Lyon, Belfort, Thionville, Paris… Et ça en vaut la peine, puisque leur aîné a été champion de France du 5.000 mètres en 2013, vice-champion de France du semi-marathon en 2019 et a remporté plusieurs fois la catégorie handisport de La Rochelle.

"Les adhérents de mon club préparaient tous ce Marathon, alors je m’y suis intéressé. La course est cotée au niveau national et la boucle me plait. L’ambiance aussi." Maintenant grande habituée de l’événement, la famille apprécie sa convivialité et ne manque jamais la pasta party, un repas géant organisé à la veille du départ. La course semble aussi réussir au sportif en termes de chronomètre : c’est là qu’il a réalisé son record personnel, 2h48 en 2008. 

Rencontre avec les guides

Cette année-là, il courait avec les valides. "Mais petit à petit, je n’ai plus pu le faire". Son champ de vision se rétrécit. En 2017, la Fédération d'athlétisme l’autorise, suite à l’examen de son dossier ophtalmologique, à être accompagné d’un guide. Il lance ses recherches avec en tête des critères très précis. "Il fallait une personne dont les temps étaient meilleurs que les miens, pour qu’elle puisse être à l’aise au moment de me donner les directions." 

Il rencontre alors Anthony Point et Alexandre Champod, qui l’accompagnent depuis sur ses courses. Pour ce Marathon de la Rochelle 2022, ils se sont relayés au milieu du parcours. Reliés, chacun leur tour, à Vincent Delion par une cordelette, ils l’ont guidé sur les 42 km. "Ça passe par des indications orales, mais aussi par la tension qu’ils mettent dans la cordelette", détaille Vincent Delion. Il s’agit de trouver une symbiose entre l’athlète malvoyant et son guide. 

Symbiose à trouver 

Pas toujours facile. Ce dimanche 27 novembre, Alexandre qui prend le relais sur la seconde partie du marathon démarre un peu fort pour Vincent, qui a déjà 21 km dans les pattes. Au fur et à mesure, leurs rythmes s’accordent. Au détour d’une rue, on entend Alexandre intimer au coureur de se diriger vers la droite. "Au fur et à mesure des courses, j’ai appris à réduire le nombre d’indications inutiles et à aller à l’essentiel, indique-t-il. La confiance entre nous s’est aussi renforcée."

Au moment du changement de relais, les parents partent à la recherche d’Anthony, qui a effectué la première partie, pour lui donner des vêtements afin de se couvrir. Sur chaque course, ils prennent en main une part importante de la logistique. Christine scrute sur son smartphone les résultats de son fils. Grâce à une puce incorporée dans son dossard, elle peut suivre sa localisation et son allure. Son mari dit le chrono tout haut. Il connaît les temps par cœur : lors des périodes de préparation, il accompagne son fils à vélo sur des sorties longues. 

Ligne d’arrivée 

Christine et Jean-Claude Delion ont leurs emplacements stratégiques : la Grande Roue, le Vieux Port, et une passerelle surélevée pour assister à l’arrivée. Un kilomètre avant la fin de la course, Anthony rejoint ses deux camarades pour passer tous les trois la ligne d’arrivée. Jambes raides, mais soulagement. "À partir du 35ème kilomètre, j’avais des débuts de crampe, j’ai eu peur de devoir arrêter", raconte Vincent Delion. 

Finalement, il sera allé jusqu’au bout. L’objectif était de boucler la course en 3h : "J’ai fait 3h01", assène Vincent Delion. Le contrat est rempli, même s'il avoue que, comme tout marathonien qui se respecte, il avait l'envie de faire moins. L'un de ses guides, Anthony Point relativise : "on a fait mieux que l’année dernière." Le coureur acquiesce. Lui pense déjà au footing qu'il effectuera la semaine suivante. Pas de temps à perdre ! 

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