Que serait le Marathon de La Rochelle sans les voix des speakers passionnés qui le commentent ? Hélène Richter campera ce rôle à moto, dimanche 27 novembre, accompagnée de trois coéquipiers.
Pour la première fois, la voix d’une femme, celle d’Hélène Richter, résonnera dans les rues de La Rochelle pour animer le Marathon, ce dimanche 27 novembre. Speaker de la Fédération Française et internationale d’athlétisme, elle couvre des événements sportifs dans l'hexagone et à l’étranger, comme les Jeux olympiques de Tokyo en 2021.
Un rêve pour cette enfant de l’athlétisme. Fille de coach, Hélène Richter s'est d’abord initiée au lancer de marteau à Rennes. Il y a une quinzaine d’années, alors qu’elle n’a que 20 ans, elle enrage au cours d’une compétition : les speakers n’ont pas parlé de sa discipline au micro et ne sont même pas passés voir les participants sur leur stand.
Ni une ni deux, elle en discute avec les organisateurs et se fait repérer. On lui propose d'intégrer l'équipe de Philippe Chaput, responsable animation de la Fédération. Sa carrière est lancée. Aujourd'hui, elle se frotte à un tout nouveau challenge : commenter le Marathon de La Rochelle. Elle nous raconte sa préparation et revient sur un métier qu'elle exerce dans un milieu majoritairement masculin et très concurrentiel.
En quoi cet événement est incontournable pour les coureurs, mais aussi la speaker que vous êtes ?
Je me suis vraiment penchée sur le Marathon de la Rochelle au moment où on m’a contactée pour l’animer. On m’en avait beaucoup parlé : il est célèbre pour son affluence, le niveau des coureurs et son ambiance conviviale. C’est un parfait équilibre. Depuis que je suis arrivée, je ressens cette atmosphère. J’ai rarement été aussi bien accueillie et l’organisation est impressionnante.
Comment décririez-vous le rôle du speaker ?
Il faut d’abord répondre aux demandes des organisateurs. Elles varient en fonction de la coloration qu'ils veulent donner à leur événement. On cherche surtout à mettre les sportifs en valeur. Que ce soient les élites ou ceux pour qui c’est le tout premier marathon, quelle que soit leur histoire.
Comment vous êtes-vous préparée ?
Habituellement, je vais sur les sites des courses, je fais des recherches sur le tissu associatif, je me renseigne sur l’adjoint au sport de la municipalité. Et surtout, j’étudie les éditions précédentes, les records, les meilleures performances françaises et internationales. À La Rochelle, le travail est prémâché : les fiches ont déjà été faites pour nous. Je n’ai jamais vu ça !
En fonction des événements, vous n’animez pas de la même manière. Qu’est-ce qui est spécifique à un marathon comme celui de La Rochelle ?
Pour une course comme la Chauffe-gambettes (un footing de 4km gratuit et sans inscription) il faut être proche des gens, et proposer quelque chose de festif. Ce qui est différent d’un championnat du monde, où il est nécessaire d’avoir une bonne connaissance des athlètes, être attentif à tout ce qui se passe sur le stade, répondre à des demandes institutionnelles. Ce n’est pas la même chose, mais chaque fois, vous venez avec qui vous êtes, soit ça plaît soit ça ne plaît pas.
Comment travaillez-vous votre voix ?
Il faut apprendre à poser sa voix, surtout une voix féminine. Jusqu’ici tout a toujours été calibré pour les hommes. Si on monte dans les aigus, ce n'est pas agréable pour les gens qui écoutent. J’ai commencé en anglais, et aujourd’hui j’apprends à poser ma voix en français. Ce n’est pas facile parce que ce ne sont pas les mêmes hauteurs, tonalités. Il faut réussir à contrôler, et à préserver cet outil de travail. Avant les compétitions par exemple, je mange du miel !
Tout est calibré pour les hommes, que voulez-vous dire ?
J’entends souvent dire que les voix masculines rendent globalement mieux. Est-ce que c’est parce que les gens sont habitués ? Est-ce que c’est parce que l’appareillage technique est adapté ? Est-ce que c’est parce qu’effectivement une voix féminine dans un appareil de sonorisation est plus compliquée à faire passer ? Je ne sais pas. C’est avec les femmes qui arriveront sur le terrain qu’on en saura plus.
Est-ce que ce milieu est difficile à intégrer pour les femmes ?
Personnellement, je n’ai pas eu de difficultés parce que je suis tombée dans un groupe où il n’y avait pas du tout cet enjeu-là. En dehors de cette équipe, j’ai eu des remarques déplacées. À l’époque, j’étais jeune et le monde de l’animation m’impressionnait. Aujourd’hui, je saurais dire que ce ne sont pas dans ces conditions que je souhaite travailler.
Avec la Fédération, nous faisons des formations pour les femmes dans toute la France, mais ensuite, elles ne se lancent pas. C’est aussi un milieu très concurrentiel, où on est jugé en permanence. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, dans notre société, les hommes sont davantage formés à gérer la compétition. C’est sociétal, je ne pense vraiment pas que ce soit inné. Il faut que les petites filles voient des femmes au micro. Ça donne juste l’idée que c’est possible, pour elles aussi.
Est-ce que vous avez hâte d'être à demain, le jour J ?
J’ai vraiment hâte. J'adore ce moment de la première fois : on découvre tout, et l’ambiance qui règne est très agréable. Habituellement, tous les gens sont super angoissés la veille, là il y a une espèce de sérénité enveloppante. Et puis, ce sera aussi ma première fois sur la moto !