Un mauvais RIB, une erreur qui coûte cher. Florian et Émilie, jeunes acquéreurs d'une maison, se retrouvent endettés de 176 000 € suite à un virement erroné. Stress, procédures judiciaires et visites d'huissiers rythment désormais leur quotidien.
C'est une histoire dramatique pour Florian et Émilie qui venait de faire construire leur maison neuve près de La Rochelle, sur la commune de La Jarne en Charente-Maritime. Depuis qu'ils sont devenus propriétaires et qu'on leur a remis les clés, ils vivent un cauchemar.
"Plus de trois ans de stress, de procédure, à mal dormir, à ne pas manger"
Tout part d'un email envoyé par la société de construction de leur maison en 2021. "On nous dit qu'il va falloir régler le dernier solde de la maison. Elle nous envoie une copie de la lettre de convocation, la facture de la maison, l'appel de fonds et un RIB", explique Florian.
Problème, la société de construction s'est trompé de RIB : les coordonnées bancaires sont celles d'un artisan qui travaille pour le constructeur, et qui n'est même pas intervenu sur le chantier de leur domicile.
Une semaine après avoir transféré le mail au banquier pour effectuer le virement, tout bascule. "La personne en charge de notre dossier au sein de la société de construction m'appelle et me dit : 'J'ai fait la plus grosse erreur de ma carrière, je me suis trompé de RIB. Au début, on a pris cela à la légère, puisque l'on pensait que la société à qui l'on avait versé l'argent allait nous les rendre. Sauf que cette personne n'a pas rendu l'argent et a dépensé plus de 70 000 euros. Il n'a donc pas pu rendre la totalité de la somme : il manque 70 509,82 euros, pour être précis."
Voyant que l'intégralité de la somme n'a pas été payée, le constructeur décide de porter plainte contre ce couple et contre l'artisan. Pour Florian et Émilie, c'est "plus de trois ans de stress, de procédure, à mal dormir, à ne pas manger, à penser à cela tout le temps". Le couple de Charente-Maritime doit désormais payer, en partie, une deuxième fois leur maison.
"Nous sommes les dindons de la farce"
Il y a quelques jours, ce couple a reçu la visite d'un huissier de justice. Via ce courrier, ils comprennent qu'ils ont un mois pour faire appel. Pour autant, cela ne bloque pas le jugement : le constructeur peut exécuter le jugement à partir du jour où l'huissier leur a remis ce document. "Dans un mois, on sera saisi de 70 000 euros. Comme on ne les a pas, ils prendront sur nos salaires, les voitures puis éventuellement la maison", s'indigne Émilie. "Cela fait trois ans que l'on vit plus et avec ce nouvel épisode, on vit encore moins", ajoute Florian.
C'est une situation totalement kafkaïenne : c'est insensé de contraindre des gens à payer deux fois le résultat d'une erreur qui n'a pas été commise par eux, je n'ai jamais vu ça.
Maître François DrageonAvocat du couple
Le tribunal de La Rochelle donne raison à la société de construction. Une situation jugée inacceptable pour Me François Drageon, avocat du couple : "la première faute, elle est massive et incontestable, c'est celle du promoteur. C'est une situation totalement kafkaïenne : c'est insensé de contraindre des gens à payer deux fois le résultat d'une erreur qui n'a pas été commise par eux, je n'ai jamais vu ça."
"Nous devons payer malgré tout les 70 000 euros au constructeur, étant donné que nous sommes censés les faire rembourser par l'artisan. Mais ce dernier a disparu, donc il ne reste que nous dans cette histoire. Nous sommes les dindons de la farce", fustige Florian. La seule solution pour eux est de faire appel, cependant les frais d'avocat coûtent cher, trop cher : "nous avons déjà payé 4 500 euros de frais en trois ans, et là, on doit payer 7 500 euros en un mois. On ne les trouvera pas", fulmine Émilie. Pour pallier ce manque d'argent, Florian et Émilie ont décidé d'ouvrir une cagnotte en ligne et espèrent que la générosité de la population leur permettra de payer les frais d'avocat.