Plusieurs maires de communes rurales se plaignent des règles imposées par le ministère de l'Intérieur au sujet des panneaux électoraux. Ces villages n'ont pas assez de place et pas assez d'argent pour s'en procurer des nouveaux.
"Hors de question que l’on rachète un panneau métallique, juste pour une élection. C’est trop cher et on n’a pas la place de les installer". Michel Filleul, maire de Massac (SE), est exaspéré.
Trente-sept listes sont en lice pour les prochaines élections européennes, qui se dérouleront en France le dimanche 9 juin prochain. Un chiffre en hausse par rapport à 2019.
Utiliser des panneaux en bois le temps des élections
Cela n’arrange pas les affaires de petites communes, car elles ont l’obligation d’afficher chacune de ces listes sur des panneaux électoraux, comme pour chaque scrutin. Encore faut-il disposer du matériel nécessaire pour cela, comme dans la commune de Massac (Charente-Maritime). Trois panneaux en bois, en plus des quatre traditionnels panneaux électoraux en fer. C'est la seule parade qu'a trouvée Michel Filleul (SE) pour afficher toutes les listes. Impossible pour le maire de cette commune de 180 habitants d'investir davantage.
"Les panneaux en bois, ça coûte environ cinquante euros la plaque. À force de nous imposer des choses comme cela, on va arriver à un budget que l’on va avoir du mal à maîtriser lorsque l’on fera les comptes. Du moment qu’on nous exige l’affichage, il faut que l'on nous fournisse le matériel pour afficher", estime Michel Filleul, maire de Massac.
"On va se retrouver avec trente-sept listes pour, peut-être, au total, se retrouver avec cinquante votants, ajoute-t-il. Pour nous, cela n’a pas beaucoup de sens. De plus, c’est le seul endroit public du village et où l’on peut poser des affiches".
"Autant de panneaux qu’il y a de listes aux élections européennes"
En effet, le financement des panneaux est à la charge des municipalités. Pour répondre à cette obligation, les communes ont plusieurs solutions. "Chaque commune doit avoir impérativement des panneaux d’affichage à proximité des lieux de vote. Il doit y avoir autant de panneaux qu’il y a de listes aux élections européennes", précise Sandra Calmettes, directrice adjointe des collectivités et de la citoyenneté de la préfecture de la Charente-Maritime.
Créer des panneaux elles-mêmes, par tout support et toute matière, tant que les conditions réglementaires d’affichage sont respectées.
Sandra CalmettesDirectrice adjointe des collectivités et de la citoyenneté de la préfecture de la Charente-Maritime
"Elles vont pouvoir scinder les panneaux qui existent, créer des panneaux elles-mêmes, par tout support et toute matière, tant que les conditions réglementaires d’affichage sont respectées et elles peuvent même prévoir des emplacements sur les murs des bâtiments publics".
L'État français prévoit également de rembourser les mairies à hauteur de quarante-quatre euros par bureau de vote.
"Tous nos hauts fonctionnaires sont complètement à côté de la plaque"
Une mesure jugée insuffisante pour les représentants locaux comme Bernard Goursaud, président des maires ruraux de Charente-Maritime. "Un panneau coûte environ 150 euros. Donc ça fait au total, 37 euros multipliés par 150. Je vois une commune comme la mienne qui possède dix bureaux de vote, donc dix emplacements, ça leur fait 370 panneaux à mettre sur la commune".
"L’état nous oblige à mettre autant de panneaux qu’il y a de listes inscrites, mais financièrement, il ne nous aide pas alors qu’il s’agit d’une mission régalienne de l’État. En plus de cela, on nous diminue tous les ans les subventions et les dotations", s'exclame Bernard Goursaud, aussi maire de la commune de Brie-sous-Matha.
"Tous nos hauts fonctionnaires, qui sont à la capitale, sont complètement à côté de la plaque. On a l’impression qu’ils n’ont jamais quitté la capitale pour prendre de telles réglementations", conclut-il. Le président des maires ruraux de Charente-Maritime a demandé une dérogation auprès de la préfecture pour ne pas afficher toutes les listes. Elles devront être visibles dans toutes les communes de France avant le 28 mai prochain.