Philippe Le Gouic, athlète handisport, ne manquerait le marathon de La Rochelle pour rien au monde

Après un accident de la circulation en 1988, Philippe Le Gouic, alors âgé de 19 ans, perd l'usage de ses deux jambes. Un coup dur. Pour s'en relever, il trouve une échappatoire : la course fauteuil. Prochaine étape de sa carrière d'athlète handisport : la 27e édition du marathon de La Rochelle.

"Faire de la course fauteuil m'a aidé à m'aérer la tête, à extérioriser ce qu'il m'était arrivé", confie Philippe Le Gouic, 48 ans. Ce Breton a perdu l'usage de ses deux jambes à la suite d'un accident de circulation en 1988 alors qu'il n'avait que 19 ans. Il a alors dû apprendre un nouveau mode de vie et se résigner à ne plus pratiquer la boxe française, par exemple. Très vite, il a ressenti le besoin de "mettre [son] cerveau sur off". Alors il a commencé par essayer le basket fauteuil. Sans grand succès. "Je suis quelqu'un qui aime plutôt les sports individuels", indique-t-il. 

En 1991, il rencontre Éric Bré, un autre athèle handisport. Ce dernier l'initie à la course fauteuil sur route. Philippe Le Gouic aide également Éric Bré à créer l'Association sportive des coureurs de l'Ouest en fauteuil (Ascof). Le but : promouvoir le sport en fauteuil dans le Morbihan tout en favorisant l'intégration sociale et professionnelle. Il explique :

On veut donner envie aux jeunes de faire de la course en fauteuil car ils sont très peu à pratiquer le handisport. En Angleterre ou en Suisse, ils ont déjà préparé un vivier de jeunes pour prendre la relève. Ils organisent des stages pour eux,  ils les aident pour le financement du matériel et les accompagnent sur les compétitions. En France on n'a pas l’équivalent, on se déplace par nos propres moyens, on se finance nous-mêmes.



Équitation, cyclisme, judo, le panel des sports accessibles aux personnes handicapées s'est considérablement élargi depuis les années 80. Pourtant, le handisport reste peu considéré en France selon Philippe :

Quand j'ai fait le marathon de New-York l'année dernière, l'ambiance était extraordinaire. Les habitants sont très respectueux envers les athlètes, qu'ils soient valides ou non. Peu importe la place à laquelle tu es arrivé, ils voudront prendre des photos avec toi. En France, on n'est pas considéré comme des athèles de haut niveau. Les gens regardent le handicap avant de voir la performance de l'athlète.

 

Des entraînements stricts et réguliers


Les athlètes handisport se soumettent à des entraînements aussi stricts que les athlètes valides. À quelques nuances près. "Il y a tout un régime nutritionnel à suivre et un travail physique concentré au niveau des bras, du dos et du coeur", détaille Philippe. Musculation, cardio, récupération, toutes ont leur place dans le quotidien des athlètes handisport. Il s'agit d'une préparation sur toute l'année.

Mais ce qui prend le plus de temps, c'est le maniement du fauteuil. "Le fauteuil d'un athlète n'est pas du tout confortable, on est en position talons-fesses donc on a hâte d'en sortir. Il faut vraiment en vouloir pour faire du handisport à un autre niveau que celui du loisir", détaille-t-il. Car, dompter un fauteuil athlète, c'est tout un apprentissage :
 

Il faut chercher sa position, travailler le gestuel, apprendre à manier les roues en carbone qui sont très dures, etc. Cela prend du temps, minimum deux ans, avant d'être à peu près à l'aise avec un fauteuil athlète car ce n'est pas la même chose que le fauteuil de la vie de tous les jours. Et puis c'est aussi un véritable investissement : le mien coûte 8000 € et si j'arrive à faire trois ou quatre ans avec, ce sera déjà bien.


Autre étape importante de l'entraînement : les rendez-vous chez le kiné. Car il faut aussi savoir ménager son corps pour ne pas arriver à la rupture. Les risques pendant les courses sont déjà assez nombreux. "Sur un marathon, les meilleurs roulent en moyenne de 30 km/h donc on va très vite et il y a peu de freinage sur les fauteuils pros : il n'est situé que sur la roue avant. Il y a donc toujours le risque de tomber, de prendre trop de vitesse ou de mal négocier un virage", souligne l'athlète.

Les dangers peuvent également venir des conditions météorologiques. Au début du mois, Philippe Le Gouic a participé à la course Behobia, qui a lieu chaque année à San Sebastian (Espagne). Connue pour ses grands cols et ses grandes descentes, cette course est un véritable défi pour tous les athlètes, valides ou non. Mais cette année, une autre difficulté est venue s'ajouter : la pluie. "C'était très compliqué de gérer les descentes, il a fallu être très vigilant car ça glissait pas mal", raconte-t-il. Il termine la course en 57min40.
 


La carrière d'athlète de Philippe est remplie de médailles. Il a en effet été champion de France sur 5000m et vice-champion de France sur 1500m au championnat de France Charlety en 2016. La dernière en date : celle de bronze qu'il a remporté en mars après avoir parcouru les 10 km de Saint-Médard-en-Jalles, pour le championnat de France handisport. "J'ai dû participer à environ 150 courses qui se sont déroulées un peu partout dans le monde, souligne-t-il. Je suis content de mon parcours sportif même si j'aurais voulu finir sur une sélection pour les Jeux olympiques handisport qui ont eu lieu cet été."

Prochaine étape le 26 novembre : le semi-marathon handisport de La Rochelle. Une des courses les plus importantes pour les athlètes handisport français. Ce sera sa huitième participation. L'année dernière, il avait terminé deuxième sur cette course. Nous prendrons d'ailleurs de ses nouvelles après le marathon pour vous raconter comment il l'a vécu. 

 

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