Avec cette victoire 20 à 13 face aux Ecossais de Glasgow, les Maritimes entament de la meilleure façon cette campagne européenne. Une compétition où le moindre faux pas peut être fatal.
"Lord, Let Glasgow Flourish" ; pendant plus d'une demi-heure, on a bien eu l'impression que le Seigneur était le seizième homme du squad de la cité écossaise. Fidèle à sa devise, le club Glaswégien prospérait en terre étrangère et mettait le doute dans un stade Marcel Deflandre plein comme un œuf.
Ca jouait vite, très vite. Ca tapait fort, très fort et les Maritimes étaient un peu désarçonnés par les décisions de monsieur Carley, l'arbitre anglais avec un drôle d'accent australien. Impossible de mettre la main sur le ballon et le Stade Rochelais subit les assauts des Warriors.
Un essai qui fait du bien
Comme toujours dans ces cas-là, il appartient donc aux "gros" de remettre tout le monde dans le sens de la marche et c'est Reda Wardi, énorme hier, qui, juste avant la pause, permet à son équipe de recoller au score.
"Notre statut a vraiment changé. L’année dernière, on était des "underdogs" et maintenant tout le monde juge sa saison au vu de leur performance ici", commentait après le match Ronan O'Gara. ROG, l'Irlandais, sait toute l'importance que revêt cette compétition pour les clubs outre-Manche.
"Je suis extrêmement fier des joueurs. C’était une importante victoire. Ce n’était pas facile parce qu’on avait travaillé sur d’autres interprétations de l’arbitrage et on était tous frustrés pendant les trente premières minutes", explique le coach, "après on s’est adapté et ils ont trouvé les solutions sur le terrain. Je sais que la coupe d’Europe, c’est des grands matches pour les équipes du Pays de Galle, d’Ecosse et d’Irlande, ils préparent toute leur saison juste pour aujourd’hui et la semaine prochaine. On n’a pas de championnats chez nous. L’essai avant la mi-temps fait du bien, mais on sait que pour Glasgow, c’était impossible de lâcher. Donc c’était nécessaire pour nous de jouer 80 minutes".
Un précieux point de bonus défensif
Car, on le sait, cette formule de la Champions Cup est intraitable avec des poules de 12 équipes dans lesquelles chaque équipe ne rencontre que deux adversaires. Deux victoires à domicile peuvent donc ne pas suffire pour se qualifier et les points de bonus sont très précieux.
Si le Top 14 est un marathon, la coupe d'Europe est un sprint ou plutôt un 110 mètres haies où le premier refus d'obstacle est rédhibitoire. Cette courte défaite 20 à 13 laisse donc, malheureusement, quelques espoirs à Danny Wilson pour les trois matches de poule restants.
" Je suis très fier des efforts, de l’esprit de combat que l’on a montré face à une très bonne équipe", positive l'entraîneur écossais, "venir ici, loin de nos bases, était un vrai challenge. Pendant cinquante minutes, on était devant, mais certains moments clés nous coûtent un essai et on rate quelques opportunités après dans le match. On repart avec un point de bonus, donc on reste en position de pouvoir se battre la semaine prochaine et c’est une bonne leçon à retenir, mais je suis très fier de mes joueurs. Pendant la première demi-heure, on a vraiment joué un rugby très rapide, enchaîné les temps de jeu, mais on n’a pas su capitaliser sur le tableau d’affichage. On leur a posé des problèmes, on les a testé mais il suffit de deux pénalités et vous vous trouvez sous pression face à une équipe très puissante. Donc beaucoup de points positifs à retenir mais on a perdu le match".
"Ramener le trophée à la maison"
Le troisième ligne Paul Boudehent, lui aussi, se voulait positif en conférence de presse. Pour la Coupe d'Europe, il faut hisser son niveau de jeu. C'est ce qu'ont su faire les Jaune et Noir malgré une première mi-temps compliquée.
" Oui, on a été surpris. Ce qui nous a manqué sur les trente premières minutes, c’est la possession. Ils ont très bien joué leur jeu", commente ce jeune joueur issu du centre de formation rochelais, "ce genre d’équipe, c’est ce que je préfère. Franchement, ce soir, je me suis régalé. Je préfère ça à un match où on fait que des rucks ou des mauls. Là, je n’ai pas assez de recul pour voir où on a été pénalisé, mais il faut vraiment qu’on travaille pour faire la différence entre l’arbitrage de Top 14 et de Champions Cup. Je n’ai pas envie de nous trouver des excuses, mais je pense qu’il nous a fallu un temps d’adaptation. C’est un nouveau challenge, on a mis le Top 14 entre parenthèses. L’année dernière, on va loin mais on ne va pas jusqu’au bout. Dans l’esprit de tout le monde, l’objectif, c’est de ramener le trophée à la maison".
Le fait du match
Une victoire qui pourtant laisse un goût amer aux Maritimes. Personne n'aime voir les images vues hier soir d'un Arthur Rétière quittant le terrain sur une civière. A la 24ème minute, le centre écossais Tuipulotu retombe sur la cheville de l'ailier international (une sélection). La douleur se lit immédiatement sur son visage et on craint le pire pour celui qui quittera le club en fin de saison.
"J’ai regardé les images sur la télévision en direct et c’était horrible", confirme O'Gara, "mais j’ai parlé avec les médecins chez nous et les kinés me disent que c’est grave, mais pas très grave. C’est quelques mois, ce n’est pas une complète rupture. C’est une fissure du péroné". On devrait en savoir plus dans les jours à venir.
La semaine prochaine, le Stade Rochelais se déplace à Bath, lanterne rouge du championnat anglais. Une victoire à l'extérieure pourrait être d'ores et déjà synonyme de qualification pour le club à la caravelle. Mais le 110 mètres haies ne fait que commencer. Les embuches ne manquent pas pour gravir le sommet du rugby européen.