VIDÉO. Filière blé, entre aléas climatiques et désordre mondial

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L'année 2022 a été très particulière, entre le début de la guerre en Ukraine, grenier de l'Europe, et la sécheresse du printemps-été. De quoi déstabiliser le marché. En Poitou-Charentes, grande zone productive de blé, comment les acteurs de cette filière ont-ils traversé cette année ? Intervenants : Philippe Berthelot, éleveur et céréalier ; Sonia Clavurier, responsable de communication Terre atlantique ; Vincent Poudevigne, directeur général Sica atlantique ©France 3 Poitou-Charentes

Avec le début de la guerre en Ukraine et les conditions climatiques du printemps et de l'été, l'année 2022 s'est révélée déstabilisante pour le marché du blé. Les quatre départements du Poitou-Charentes, principaux producteurs de la région Nouvelle-Aquitaine, ont été marqués par cette année particulière. Et rien ne dit que 2023 sera plus confortable.

Avec près de 1 800 000 ha de grandes cultures (céréales, oléagineux et protéagineux), la Nouvelle-Aquitaine se situe au premier rang français en termes de surface, au deuxième rang derrière le Grand-Est en termes de volume produit.

Avec plus de 500 000 ha dédiés, le maïs est de loin la production phare de la région, le blé tendre arrive en deuxième position, principalement cultivé dans les 4 départements de l’ex-Poitou-Charentes et dans le Lot-et-Garonne.

Des rendements affectés par la sécheresse

Dans la plaine d'Aunis, en Charente-Maritime, Philippe Berthelot consacre entre 50 et 60 ha de son exploitation à la culture du blé tendre. Les conditions météorologiques de l'année 2022 sont les pires qu'il ait jamais connues. "Il y a un an jour pour jour, on avait un potentiel très prometteur. Et puis il y a eu deux à trois mois de sécheresse, accompagnée de fortes chaleurs, qui ont fortement réduit ce potentiel. Sur mon exploitation, et notamment sur les terres de plaine, j'ai vu des rendements qui ont baissé de 30 à 50%" témoignait-il à l'approche du printemps.

Et des cours qui flambent

En février 2022, au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine, un des plus gros producteurs de blé derrière la Chine et les États-Unis, les cours se sont emballés pour atteindre, au mois de mai, plus de 400 euros la tonne. Pour Philippe Berthelot, c'est une bonne nouvelle pour lui, mais pas pour tout le monde : "On se dit chouette, les cours montent, mais ça veut dire qu'il se passe quelque chose de grave dans le monde. Il y a des pays qui ont été obligés d'acheter de la marchandise très chère alors qu'ils n'en ont pas forcément les moyens, donc c'est déstabiliser aussi des États", reconnait-il.

Une filière déstabilisée

Pour les coopératives comme Terre Atlantique, à qui Philippe Berthelot confie sa production, l'intérêt est évidemment de vendre quand les cours sont au plus haut. Chaque jour, chaque heure, les prix sont scrutés. "C'est toujours délicat de savoir à quel moment il faut vendre", confie la responsable de communication de Terre Atlantique, Sonia Clavurier. 

Essentiellement destiné à l'export, le blé est livré à la SICA Atlantique, deuxième silo portuaire de France, qui l'expédie par bateau, vers l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique du Nord. Pour le directeur général de la SICA Atlantique, Vincent Poudevigne, c'est maintenant que la sécheresse et la flambée des cours en 2022 a un impact négatif sur l'activité de son entreprise : "On a chargé quasiment tous les blés tendres au cours du deuxième semestre 2022. Sur la campagne qui a commencé en janvier 2023, on a vu l'activité se réduire. Les six premiers mois de l'année 2023 vont être très faibles en terme d'activité. Pour nous, 2022 a été normal, par contre 2023 s'annonce très difficile."

Aujourd'hui, le cours du blé a retrouvé des valeurs raisonnables, oscillant entre 265 et 270€ la tonne.

La sécheresse hivernale, elle, n'augure pas de fabuleuses récoltes.

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